Ce n’est un secret pour personne ici : la musique house bat son plein dans les clubs et les caves lyonnaises, depuis un bon nombre d’années et vraisemblablement pour quelques-uns encore. Les DJ et artistes locaux s’abreuvent littéralement de toutes les influences extérieures, mais pas seulement. Chauvinisme ou pas, ici, on aime tout particulièrement les productions locales.

Art Feast est sans conteste l’un des collectifs – et label – les plus actifs de la scène lyonnaise depuis quelques années. Si vous vivez à Lyon depuis plus d’un an et que vous aimez faire la fête, alors vous avez très certainement dansé sur le set de l’un de leurs résidents. Promoteurs d’une musique house assez pure, simple et efficace, des noms comme Klaaar ou Ortella reviennent régulièrement sur les line-ups de la capitale des Gaules, travaillant ainsi avec fougue à la diffusion d’une musique qu’ils souhaitent représentative de l’identité lyonnaise.

Et quoi de mieux pour affirmer une identité que de créer son propre contenu ? Art Feast Records sort aujourd’hui le cinquième opus de son catalogue, produit par les deux artistes cités plus haut, Klaaar et Ortella. A l’image de leurs performances lives, on retrouve ici une teinte house extrêmement marquée, reprenant les codes esthétiques du genre avec une belle maîtrise et un sens du groove très appréciable. Vocaux soul, gimmicks organiques, lignes de basse simples et efficaces, tous les éléments fondateurs de la house music classique sont présents sur ces quatre tracks presque exclusivement taillées pour l’atmosphère club.

L’EP s’ouvre sur une production de Klaaar très 90’s, Contemplative Action, certainement le morceau le plus risqué et soulful de la release, mélangeant percussions tribales, voix urbaines et ambiance chill à la New-Yorkaise. Les années 90, on vous dit. S’enchaîne alors des rythmes bien plus brutes avec le treatment réalisé par Ortella de Definition Is, deuxième signature de de Klaaar sur l’EP. Un morceau toujours dans les plus purs codes de la house, avec en prime un petit côté Local Talk dans la forme. Le groove devient plus sec, plus rapide et linéaire, toujours avec une belle maîtrise des éléments organiques et une énergie impressionnante apposée tout au long du morceau.

Les deux dernières tracks, Shut Up And Listen To Deep House et Bigmalyon, sont l’oeuvre exclusive d’Ortella qui affirme alors carrément la couleur de la release en balançant deux casseurs de dancefloor dans les plus pures règles de l’art. Peu de risques sont pris, certes, mais cela reste dans les codes. L’organ de la première track se révèle très efficace et hypnotique, tandis que les éléments instrumentaux maintiennent l’oreille en place grâce à leur fougue bien calibrée. La dernière track, quant à elle, apparaît comme plus sensible, plus deep et aérienne, une petite touche plus personnelle apportée à un EP sur l’ensemble très consensuel. On appréciera les belles textures et le jeu synthétique très bien réalisé, allant pousser un peu dans la musique techno pour donner de la résonance au reste de la sortie. On ne peut que vous conseiller d’y jeter une oreille !