Cinq ans après son premier EP Motion sorti chez PAN, la productrice belge SKY H1 sort en 2021 l’album Azure, où neuf titres se succèdent dans une étreinte ambient. Succédant à la “weightless grime” de Motion, l’album continue de creuser la veine minimaliste et introspective de l’artiste, tout en gardant comme socle des paysages à la tension résonnante. Attachée au format live et à la création visuelle, SKY H1 collabore avec Mika Oki pour donner vie à ses nappes nuageuses et son ciel azur.

À l’occasion de sa venue à Marseille pour le festival Le Bon Air où elle présentera ce nouveau live A/V inédit avec Mika Oki, on a souhaité en savoir plus sur son travail et son processus de création.

Quand as-tu commencé à produire ? Qu’est ce qui t’a décidé à le faire ?

Depuis très jeune j’ai toujours été très intéressée par la musique, par la collection, l’enregistrement de mixtapes, le mix, l’organisation d’événements, l’écriture. J’ai commencé à produire par curiosité, pour voir ce que je pouvais faire, pas nécessairement avec l’idée de devenir productrice. À l’époque j’étais active sur Soundcloud, je postais ce que je faisais, et puis tout est allé assez vite ensuite.

Les voix occupent une place importante dans tes productions, notamment sur Motion. Est ce que tu sens que le fait d’utiliser des voix humanise la musique électronique ? Et pourquoi avoir choisi d’utiliser moins de voix pour Azure ?

L’album Motion était une référence à la musique grime et à ses dérivés. Il y a beaucoup de samples de voix hachées utilisées dans ce genre, donc j’ai essayé de faire quelque chose de similaire mais avec un son différent. Au lieu d’utiliser les vocaux en fond, j’ai vraiment voulu les mettre en avant, ce qui les a fait sonner très chanson pop. Certains vocaux viennent de moi, mais la plupart ce sont des samples. Avec Azure j’ai voulu sortir de cet effet pop, proposer quelque chose de plus abstrait, plus noir. C’est pourquoi il n’y a presque pas de vocaux dessus.

Quand as-tu commencé à produire l’album Azure ? Quelles machines ou logiciels as-tu utilisés ? Etaient-ils différent que pour Motion ?

J’ai commencé à travailler sur l’album juste après la sortie de mon dernier EP, donc certains morceaux remontent à plus de cinq ans. J’ai commencé à utiliser le synthétiseur Access Virus et la plupart des morceaux sont produits avec lui, en plus des samples. Motion a été produit avec Ableton et des plugs VST. Les VST ont fini par m’ennuyer, je voulais un son qui leur ressemblait mais différemment, c’est pourquoi j’ai opté pour le Virus. C’était important pour moi que le cet album soit cohérent, donc la plupart des lignes de synthé ont été faites comme ça.

Azure fournit aussi quelques tracks avec des kicks. Quelle musique as-tu écouté qui aurait influencé ton album dans cette direction ? 

C’est dur de donner une réponse spécifique étant donné que je sens que beaucoup de choses différentes ont influencé cet album. J’ai beaucoup joué live pendant la production, j’ai vu des gens jouer constamment autour de moi. Je pense que c’est pour cela que l’album part dans plein de directions différentes. J’ai du mal à me contenir dans un genre spécifique.

Si on regarde tes performances lives, il semblerait que tu associes souvent ta musique à des shows visuels. Qu’est ce qui te plaît dans ce processus? De ton côté, est-ce que tu as une image précise en tête lorsque tu composes ?

La production peut être un processus très solitaire, donc j’aime bien travailler avec d’autres personnes qui peuvent m’inspirer avec ce qu’ils/elles font. Ma musique peut parfois être décrite comme cinématographique, donc je pense qu’elle peut bien fonctionner accompagnée de vidéos ou de visuels. Je préfère ne pas travailler avec des images trop littérales, pour laisser place à l’imagination. Quand je compose, je ne travaille pas avec des images ou des souvenirs, les images viennent après coup, quand j’écoute le morceau plusieurs fois. Quand j’ai écouté l’album en entier, la couleur bleu m’est apparue, elle semblait correspondre avec le son, c’est une des raisons pour laquelle je l’ai appelé Azure.

Comment travaillez-vous ensemble avec Mika Oki ? Qu’est ce qui vous a poussé à collaborer ? 

Nous avons commencé à collaborer il y a un an seulement. Mika travaillait sur une installation et elle avait la possibilité de la développer comme scénographie pour une performance live. Nous nous sommes bien entendues, donc la décision de travailler ensemble s’est faite rapidement. Mika et moi sommes toutes deux perfectionnistes je pense, ce qui peut être stressant, mais c’est aussi pour cela que nous nous comprenons dans le travail, et le processus a été super simple. Elle montre parfaitement comment captiver la musique dans quelque chose de subtile, de beau.

Pour conclure, qu’est ce qu’on peut attendre de votre performance pour Le Bon Air Festival ?

On va jouer live, et c’est une surprise !

Retrouvez Sky H1 et Mika Oki pour un live A/V inédit samedi 4 Juin au Festival Le Bon Air à Marseille

SKY H1 x MIKA OKI - INTERVIEW BEYEAH


— English Version —

How did you start producing music? What decided you to do so?

Since a young age I have always been very interested in music, collecting, recording mixtapes dj-ing- organizing events, writing. I started producing just out of curiosity, to see what I could do, but not necessarily with the idea to become a producer. At the time I was quite active on Soundcloud and started to upload what I made, and it quickly went from one thing to the other.

Voices take an important place in your productions, especially on Motion.  Do you feel that using voices and chorals humanizes electronic music? Why did you chose to use less of them on Azure?

The record Motion was a sort of reference to grime music and derivates of the genre. There’s a lot of chopped vocal samples used in that music, so I tried to do something similar but with a totally different sound. Instead of the vocals being used in the background, I really wanted them to be on the front, which made it sound very pop-song like. Some of those are my own, but I’m mainly using samples. With Azure I wanted to move away from that pop sound, and wanted something a bit more abstract and darker. That’s why there’s almost no vocals on it.

When did you start producing Azure? What hardware & software did you use? Was it different from the Motion EP?

I started working on the album quite quickly after the record that came out before so some the tracks on the album go from dating back to 5 years ago, to very recent ones. I started using the Access Virus synth and most of the songs are made with that + samples. Motion was produced with Ableton and VST plugs. I got bored by the VST’s and wanted something that sounded similar but different, that’s why I went for the Virus. It was important to me that the album sounded cohesive, so most of the synth lines were made with that.

Azure also has a few tracks with kicks. What music did you listen to push you in that direction?

It’s hard to say something specific since I feel like so many different things influenced the album. I was playing live a lot during the production of the album, so I saw people performing constantly around me. I think that’s why the album goes in all kinds of different directions, I have a hard time keeping myself to one specific genre.

It seems that you’re at ease with working on A/V shows. Where does your interest for A/V come from ? What kind of images do you see when composing?

Producing and performing can be a lonely process so I like to work with other people that can inspire me with what they do. My music sometimes gets described as being cinematic, so I think it works well accompanying video or visuals. I prefer not to work with too literal imagery, to leave some imagination over to the public. When I compose I don’t actually work around an image or memories, the image only comes afterwards when I listen to songs a few times. When I was listening to the full album the color blue came up, it seemed to match the sound of it, so that’s one of the reasons why it’s called Azure.

How did you came to work together with Mika Oki?

We only started collaborating a year ago actually. Mika was working on an installation and it had the potential to develop it as a scenography for a live performance. We both liked each others work, so the decision to work together was quickly made. Mika and I are both perfectionists I think, which can be stressful, but I think it makes us understand the way we both work, and the process has been really easy. She knows perfectly how to captivate the music into something beautiful and subtle.

To conclude, what can we expect from your set with Mika Oki at Le Bon Air Festival?

We are playing a live set, what to expect is a surprise.

Sky H1 & Mika Oki will be performing an A/V live show on Saturday, June 4th at Le Bon Air festival in Marseille.