Lorsqu’on tente d’expliquer l’univers de Lower Dens, il est plutôt facile d’y donner une teinte : sombre. Avec des paroles comme « When I finally let my guard down, I was in the middle of the sea and drowning », on ne vous surprendra sans doute pas à dire que l’imagerie du groupe est lynchienne, et leur univers joydivisionesque.

Derrière ce nom littéralement cryptique (Lower Dens peut se traduire en français par ‘tanières profondes’), le groupe de Baltimore mené par le charisme de glace de sa chanteuse Jana Hunter sort deux premiers albums « Twin-Hand Movement » et « Nootropics » au début des années 2010. La recette globale est bien dark, et semble chercher à exorciser quelques démons enfouis à renfort d’une voix d’outre-tombe et de mélodies torturées.

La new-wave, le krautrock, le Velvet Underground ou les albums berlinois d’Iggy Pop.. Les influences se multiplient et se font écho sur ces deux albums dont les inspirations tentaculaires n’empêchent pas moins chaque titre de sonner original. Le groupe se fait remarquer avec des morceaux comme « Brains » et « Truss Me », dont la beauté noire pourrait vous faire pleurer une foule de rockeurs endurcis.

Comme son nom l’indique, leur 3ème album « Escape From Evil » signe pour Jana Hunter un tournant aussi artistique que personnel, ou du moins l’amorce d’une tentative : fuir les ténèbres. En éclairant les productions, démystifiant les paroles et en lorgnant plus vers la synthpop, l’album sonne comme un réveil qui retentit après un long coma (dû à une overdose).

Une cure de thérapie pour la chanteuse, qui décide de chasser les démons qu’elle semblait autrefois adorer, et puise cette fois son inspiration du côté des Smiths plutôt que de celui de Ian Curtis.

Sans pouvoir être qualifié de ‘pop’, « Escape From Evil » ouvre la porte à un univers certes plus doux, mais pas moins piquant. En témoigne le clip de « To Die In L.A », qui illustre avec une bonne dose d’ironie toute l’ineptie du mythe californien, soit l’histoire typique d’une jeune fille rêvant d’Oscars et de paillettes alors même qu’elle vit du côté « dépotoir » de la ville plutôt que d’Hollywood. Un bien beau clin d’oeil au côté sombre du rêve américain.