Retour sur la nuit 3 des Nuits Sonores… une nuit qu’on a une nouvelle fois passée à naviguer entre les halles, pour souvent en revenir au set incontournable de Four Tet.

On débarque à l’Ancien Marché de Gros sur les coups de minuits, nous lançant directement vers le fond du site pour aller découvrir La Colonie de Vacances. Sans connaître le projet, on nous en a parlé en bien durant les journées précédentes et on peut dire que le résultat ne déçoit pas : exploitant dans un registre rock le concept de b2b, ce n’est pas deux, ni même trois, mais bien quatre groupes qui se produisent en même temps dans la Halle 3. Le tout nous livrant un rock endiablé et sauvage qui, vu la configuration, réussit l’exploit de ne pas se faire assourdissant. Pneu, Papier Tigre, Marvin et Electric Electric tiennent là un concept clairement novateur.

On s’empresse de se frayer un passage vers la Halle 1, ayant hâte de découvrir les Fuck Buttons sur scène. Malheureusement, le niveau sonore du set nous fait fuir quelques instants, en ramassant nos oreilles par terre. On le répétera ici, au cas où ça tomberait dans des systèmes auditifs encore en état de marche : il paraît que les groupes qui savent jouer n’ont pas besoin de jouer fort.

Never mind, on file ensuite à Floating Points qui nous lâche un son aux influences assez diverses, et en somme plutôt appréciable. Mais, à notre grand regret, il achève son set d’un final aussi convenu que décevant : non content de l’arrivée d’un saxo dont on se serait bien passé, il s’essaye à des sonorités hindoues pour un côté “exotique” plus risible qu’autre chose. On lui pardonnera cet écart bollywoodien, il tentait sans doute de nous introduire aux saveurs de son compatriote anglais, qui lui succède sur la Halle 2.

Car c’est une déferlante d’exotisme qui prend la scène à l’arrivée de Four Tet, alternant entre rythmiques endiablées et moments de latences salvateurs, pour deux heures et demi d’un set imparable. Jouant avec les sons d’une main de maître, l’anglais emporte à peu près tout ce (et ceux) qui passent dans son sillage. On essaye bien de retourner vers les autres halles, mais la puissance fédératrice de ses beats nous ramène à chaque fois vers lui. La domination est totale pour l’artiste qui se plaît à alterner les registres, tantôt planant, tantôt endiablé. On n’en sort pas.

En se forçant à moitié, on quitte la messe Kieranesque pour passer du côté de Lunice, moitié de TNGHT qui revisite les tubes rap de ces derniers mois de sa trap music imposante. On passe également du côté de la Halle 1 où on manque presque le légendaire Robert Hood qui sera suivi de Shed, tous deux réussissant à exacerber la ferveur d’une foule pourtant déjà acquise à leur cause. En set de clôture, la Halle 1 convoque le crew de CLFT Milita dont le ton résolument techno s’inscrit dans la continuité de ses prédécesseurs. Pour notre part, on retourne suivre le final de Four Tet qui aura définitivement rythmé notre soirée.

Pour les spéculations sur ce soir, on reste encore indécis : qui de Trentemoller, Agoria et autres Suuns réussira à dominer la Nuit 4 comme Darkside et Four Tet ont su le faire ? Affaire à suivre.

© Gilles Reboisson

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Nuits Sonores, Nuit 1: Duo de choc et poussée d’adrénaline
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