“A blueprint for the next generation of new age music.”

Ces dernières années ont vu émerger une multitude d’albums sur les thèmes de l’effondrement et de l’alerte autour des catastrophes écologiques imminentes. Et quoi de mieux que la musique ambient, dans sa douceur comme sa violence lancinante, contenue, pour alerter autour de ces sujets ?

Boreal Massif est l’alliance nouvelle de Pessimist et Loop Faction, dont l’album – sorti sur le label du premier en fin d’année dernière, s’écoute dans la douceur du confinement en contemplant l’idée de fin du monde. Son titre, We All Have An Impact, pose la thématique très claire de l’effondrement écologique et de l’impact que peut (pourrait ?) avoir la musique électronique sur ces questions sociétales. Une volonté clairement établie par le duo, qui annonce vouloir montrer que la production électronique “can be more than a shallow and empty narrative”, tout en inscrivant cette idée dans une mouvance “anarcho-électronique”.

De l’album, on retiendra une intro purement trip-hop qui donne le ton de la douzaine de titres : tirant de genres aussi éloignés que le hip-hop et le field recording, les mélodies se tournent parfois vers une noirceur certaine, vite effacée par un côté drum qui emporte le tout. Les lignes drums acoustiques qui enlacent l’auditeur sur Low Forties en sont le parfait exemple : on se retrouve fascinés face à elles comme subjugués par l’image d’un monde qui s’écroule.

L’album s’égraine de titres plus lents et tirants du field recording sur sa première moitié (Dew Point Rising, Weather In August), toujours entrecoupés de lignes drums (Deerhound, Black Rapids) qui donnent à l’album une matière plus fournie qu’une simple cascade de trip-hop downtempo. The Brink Of Extinction prend une tangente plus rythmée, armé de drums qui s’amplifient au fil du track, et même de quelques bouts de scratch et de breaks qui le classeraient facilement dans la catégorie hip-hop.

Artificial World (A Manmade Catastrophe) se dévoile d’abord ambient et field sur une ligne techno particulièrement angoissante, avant de conserver la tension inhérente au track tout en l’atténuant à coups de percus douces. Somewhere in Galacia repart ensuite vers une mélodie plus caressante – injectée de field recording récupéré sur les routes d’Espagne et du Portugal – mais non sans une amertume dans laquelle s’engouffre aussi le dernier titre, Spatial Patterns.

Cette ambiance à demi-teinte, oscillant toujours entre repos et angoisse, se crée sur un fil du rasoir tout particulier entre l’easy listening et le catastrophisme. Le tour de force de Boreal Massif est de ne jamais tomber dans l’un ni dans l’autre, réussissant à montrer la lumière au bout du tunnel tout en alertant sur la distance qu’il nous reste pour l’atteindre. Sans compter que ce genre d’ambient pré-apocalyptique est un style qui devrait encore avoir de beaux jours de réchauffement devant lui.