Tomo, le dernier EP de Slikback est une petite noirceur des clubs d’outre-tombe, crée pour ceux qui ne voient pas beaucoup la lumière du jour. On pourrait imaginer l’EP tout droit sorti des bas fonds de Berlin, s’il fallait cartographier la musique sur des bases purement cliché. Mais on n’en est heureusement plus là en 2019, et il se trouve que la nouvelle coqueluche de la techno sans concession 4-4 est originaire de Kampala, et affiliée à l’innovateur Nyege Nyege. Son EP est d’ailleurs sorti sur Hakuna Kulala, consoeur kenyane des Nyege Nyege Tapes.

Sur Tomo, la tension toujours pesante dans les tracks de Slikback trouve encore moins d’accalmie qu’avant : dès l’ouverture avec SONSHITSU, tout semble déjà à feu et à sang et chaque élément incorporé intensifie la bête, toujours proche d’une explosion qui n’arrive jamais vraiment – aussi car les titres ne durent pas plus de 3:30. Mais pas besoin d’étirer l’EP plus loin que ses 17 minutes pour que ce mélange de footwork et de culture club africaine nous encercle d’une lourdeur noire, qui laisse un effet écrasant. À l’écoute comme en live – testé et approuvé.

À coups de snares ombrageux, de saccades et de voix caverneuses, on retiendra surtout l’intro graduellement abrasive et industrielle de RAGE, dont la délivrance par le rythme techno vient comme nous sauver après deux minutes de tension palpable. Avec Tomo, Slikback prend clairement la direction de la techno indus, et loin de déplaire aux oreilles aventureuses.