Louisahhh fait partie de ces artistes que l’on ne parvient pas à caser dans un genre musical. Depuis ses débuts jusqu’à son dernier EP A Trap I’ve Built sorti en fin d’année 2017, elle fait exploser les frontières des genres en prenant un malin plaisir à mêler ensemble techno et influences punk. À ceci s’ajoute que sa musique est toujours profondément liée à sa personne et aux épreuves qu’elle a pu endurer.

C’est encore une fois le cas sur ce nouvel EP qu’elle qualifie elle-même de « brutal ». Elle y aborde divers thèmes par le biais de paroles explicites comme de sonorités implicites, ces thèmes allant de la culture du viol au masochisme ou à l’addiction. Si son but premier au travers de cet EP est de secouer sans pour autant choquer son auditeur, on décerne après plusieurs écoutes un autre but : l’expiation, ou tout du moins la volonté de percer à jour des émotions et souvenirs trop lourds pour rester enfouis.

C’est dans ces notions relevant presque de la thérapie que commence le premier titre de l’EP, Hey Trouble. Comme une injonction lancée à un mal-être intérieur, personnifié par la puissance du rythme et la saturation des notes qui l’accompagnent, Louisahhh délivre un sombre dialogue intérieur par le biais de ses arrangements de voix habituels. Le phrasé n’est d’ailleurs pas sans rappeler certains morceaux de rock industriel.

« Hey, little trouble, don’t you know I believe in you »

Et si vous aviez trouvé ce titre puissant, on vous conseille fortement d’attacher votre ceinture ou au moins de vous asseoir pour écouter le suivant, Trap. Plus expérimental et industriel que le titre précédent, il est l’incarnation même de la violence, sur fond d’esquisses de riffs de guitares électriques, façon heavy metal.

On arrive ensuite au coeur de l’EP avec To Me Right Now. Affichant un BPM plutôt lent, surtout si on en vient à le comparer aux productions auxquelles elle nous a habitués jusqu’alors, le titre se dote d’une rythmique faussement langoureuse, permettant à Louisahhh de laisser libre cours à la répétition de phrases ayant un effet quasi hypnotique sur l’auditeur.

Le titre qui s’ensuit, Line, est un morceau qui renoue diablement bien avec ses précédentes productions techno, co-produites avec Brodinski ou Maelstrom. On reconnaît ses rythmiques très club et dopées à la basse, tout en apparaissant comme le titre le plus provocateur de cet EP. Notre chaotique et pourtant lucide voyage se termine sur le titre Like A Vice, parfaite synthèse de toutes les sonorités que l’on a pu entendre sur cet EP. Plongés au coeur d’une tornade sonore, nos sens sont malmenés entre sonorités sourdes et échos dignes de grands espaces. Avec, pour seul guide de voyage, la voix de Louisahhh.

Ce que l’on retient de l’EP, c’est que Louisahhh est une productrice qui sait à merveille jouer avec son auditeur. N’évoluant jamais dans un seul et même style, elle parvient pourtant toujours à apposer une signature personnelle – voire intime – à ses productions, et à embarquer son auditeur dans la direction qu’elle souhaite prendre.