Dans mes coups de coeur récents ressort depuis un moment cet EP ou mini-album de l’espagnole JASSS. Huit titres qui passent tour à tour du rageur au subtil, de la techno à l’ambient en empruntant des mélodies indus et free jazz, bref un premier projet qui se présente en major de promo à l’examen de la musique expé.

Weightless commence aussi légèrement que son titre l’annonce : les deux premières minutes de Every Single Fish In The Pond laissent croire à un titre dépourvu de rythme, avant qu’un snare puis qu’un kick chargé ne déboulent en renfort. Vous l’avez compris, beaucoup se joue dans les percus dans le royaume de JASSS, qui fait monter son titre en crescendo jusqu’à entrer dans une techno moite où la chaleur déjà étouffante part dans le tropical.

Oral Couture continue dans cette lignée en s’embarquant dans une techno plus classique, aux accents légèrement acid qu’on verrait bien se promener sur les murs du Tresor. Coup de foudre parmi les coups de coeur, Danza nous offre neuf minutes d’une spirale de transe aux accents orientaux imparables, qu’on vous laisse découvrir plutôt que de tenter d’y apposer des adjectifs.

L’accent expé de l’album prend une tangente plus forte sur Cotton For Lunch où un fond de free jazz se retrouve mêlé à des nappes industrielles, pour un mélange difficile à appréhender mais pas moins intriguant.

Le titre central Weightless retourne ensuite à une techno qui rappelle celle d’Oral Couture, là où la suite avec Theo Goes Away s’enfuit dans une ambient sombre et spectrale, une forme d’adieu souterrain dont l’histoire ne donnera pas les raisons. Instantaneous Transmission of Information continuera à cheval entre cette ligne et celle des titres techno précédents, suivi par To Eat With Dirty Hands, morceau de clôture où une techno sous tension basse s’accompagne de voix hispanophones qui ressassent le même phrasé en fond sonore.

Si JASSS est espagnole, c’est une influence typiquement berlinoise qu’on sent sur cet album, lorgnant du côté du programme de l’Atonal et passant l’épreuve de ne pas tomber dans une techno tunnel rincée. La pochette aux airs de flou aquatique a d’ailleurs été prise par une autre expatriée à Berlin, Pan Daijing. Quand on vous dit que la mixité est la clé du succès des civilisations.