Terraforma est de ces festivals discrets qui n’a pas pour vocation de faire la une de Resident Advisor, voire même préférerait éviter. C’est un jardin secret proche de Milan, ouvert pendant 3 jours, dans lequel se mêlent musique, workshops, conférences et éco-responsabilité. La nature au coeur de l’art, tel est le crédo de Terraforma, qui initie une vraie démarche éthique et philosophique du respect de l’environnement. Comprendre, entendre, communier, méditer, communiquer avec notre environnement semble être l’intention première de ce festival unique en son genre.
Update : le festival a choisi le thème de l’espace pour sa 5ème édition, et invite ainsi Jeff Mills, un des plus grands explorateurs vivants de musique électronique que l’on connaisse.
La première annonce de programmation sortait une vague d’artistes plutôt hétérogène, et d’une force de frappe étonnante si l’on fouille leurs identités. Tout d’abord l’association de Plaid et de Felix’s Machines en un projet musical très innovant, qui s’est construit autour d’un instrument dément digne de Léonard de Vinci : fabriqué de toute pièce, émanent de cette machine dantesque des sons de cordes, de vents et de cuivres. Une prouesse technique de son créateur Felix Thorn, et un imaginaire fou dompté par le duo british de Wrap qui le fait vivre telle une créature aux milles prouesses.
Les nappes tranquilles d’Imaginary Softwoods nous plongent dans les échos d’une prairie ensoleillée, reflétant à merveille la chaleur de la lumière du jour avec leurs synthétiseurs. Un parfait orchestre d’accompagnement pour la méditation en plein air. Donato Dozzy revient lui aussi à Terraforma cette année, et l’on ne peut que vous conseiller d’écouter le set de 2017 pour s’imprégner de ce que le festival lui évoque.
Le très bon Don’t DJ, qu’on suit déjà depuis quelque temps, nous fera le plaisir de jouer en plein air ses sons polyrythmiques exotiques, qui semblent être faits pour rebondir sur les feuilles de la forêt milanaise. Soyez sûrs de fondre devant le set de Nkisi, une anglaise qui découle de la nouvelle scène trap/bass issue de la jungle, et avec un brin de douceur synthétique. Les percussions retentissent tout au long de son dernier EP Kill, et l’on s’engouffre tantôt dans une arcade de jeux vidéos, tantôt dans un lagon scintillant aux milles couleurs.
La deuxième vague d’artistes s’est enfin parachutée sur le web, et l’on peut voir avec plaisir le nom de Vladimir Ivkovic, ainsi que ceux de Paquita Gordon et Konrad Sprenger, deux artistes à la mélodie chancelante, l’une groovant sur du free jazz magnétique et l’autre laissant ses synthétiseurs prendre la voix, tantôt humaine tantôt rossignol.
L’esthétique folle et encore inclassable de Batu, du breakdance trip-hop détourné de la UK Bass se fera sans doute un bel écho aux ondes de Nkisi. Valentino Mora fera figure de transition entre les bruits rayonnant de la forêt diurne et l’aspect sombre des bois. Des percussions peuvent retentirent à tout moment, comme un appel à la danse chamanique et frénétique.
Byetone finira de donner un peu plus de punch à cette programmation avec ses kicks plus rythmés. Signé sur le prestigieux Ostgut Ton, on s’attend à ce qu’il rase les dernières pousses d’herbe de la prairie Terraforma.
Retrouvez toutes les informations à propos de Terraforma sur leur site web.