On ne présente plus le Primavera Sound, temple du festival indie où se ruent quelques dizaines de milliers d’européens chaque printemps. Mais en marge de son édition principale, le bastion du live à la catalane développe aussi sa caution indé chaque automne, le Primavera Club. Une édition cette année un peu réduite, qui s’est cantonnée au temple de l’Apolo au lieu des quatre-cinq salles investies les années précédentes. On est quand même allé y faire un tour, histoire de découvrir les groupes dont tout le monde ne fera que parler l’année prochaine.

 

Whitney

Belle surprise que de voir Whitney en live. Si le falsetto de son chanteur – également batteur du groupe et placé à l’avant-centre de la scène – rend difficile une écoute prolongée, le live ne manque de charme. Le groupe est toujours en place et chorégraphie même les apparitions et disparitions de ses membres, qui se cachent (presque) subtilement derrière leurs instruments quand ils ne jouent pas. Les ballades à renforts de solos de trompette et guitares brossent le public dans le sens du poil et promettent un avenir à la Woods au groupe de Chicago.

À découvrir : sur les moyennes à grandes scènes de tous les festival de l’été prochain.

 

River Tiber

Nouvelle tête du R&B à la sauce électronique, River Tiber a tout des futurs grands : collabs avec Kaytranada, lauréat de la RBMA 2016 à Montréal. Son premier album Indigo est un joli florilège de ballades douces pour stoner en redescente. Si le canadien n’a toujours pas de label, on ne doute pas que du monde frappe déjà à la porte.

À découvrir : au cours d’une insomnie plus ou moins influencée.

 

Alex Cameron

Buzz en cours de création, Alex Cameron a trouvé la recette adéquate pour se faire remarquer dans l’indé-pop actuel : le second degré. Car le majeur point commun des groupes indie de plus en plus interchangeables n’est pas (que) de recracher la même potion d’influences, mais bien de se penser le Christophe Colomb du genre. C’est donc la posture de Cameron autant que sa musique qui lui valent un pic d’attention : celle de l’anti-héros à l’album exhumé des tréfonds de 2014, le looser triomphant qui n’y croyait lui-même plus. Côté son, les prods électroniques sur un chant exalté donnent une idée de ce que le comeback d’un ancien folkeux post-burnout pourrait donner. Et étrangement, ça prend.

À découvrir : à Pitchfork, et dans tous les festivals indés qui suivront.

 

C Duncan

Découvert avec son album Architect qu’il vient de faire suivre d’un successeur, The Midnight Sun, C Duncan est le roi de la ballade pop intelligente qui s’entoure d’instruments classiques pour faire tourner une electro-pop tendance mélo. Le tout donne des ballades éthérées à renforts de choeurs et harmonies qui cajolent avant de s’éteindre en fade-out. Un genre parfait pour le début de dépression hivernale.

À découvrir : la prochaine fois qu’il neige ou que vous vous faites larguer.

 

Mild High Club

Mild High Club est un peu la quintessence de l’épidémie californienne post-DeMarco. Si certains arrivent à débouler dans ce champ surexploité de la surf pop en s’en sortant plutôt bien, d’autres tombent dans un middle of the road impressionnant de rien. C’est le cas de Mild High Club qui a gentiment endormi son public du dimanche soir déjà amoché, à coups de guitares aussi réverbatrices que rébarbatives. Gentillet, mais en cruel manque d’inspi.

À découvrir : Si vous vous perdez quelque part entre Palm Springs et Santa Barbara.

 

Pauw

Malgré ses choix de visuels et de titres qui tendent légèrement vers les clichés du genre (cosmos et refs hindous incluses), le psyché très pop de Pauw reste en somme appréciable pour son efficacité dans ces chansons bordéliques visiblement à la recherche du tube.

À découvrir : quand vous hésiterez à tenter le LSD au prochain Primavera-Sziget-Glastonbury.

 

Porches

Un conseil : ne vous emmerdez pas à aller voir Porches en live. Face à un chanteur en descente apparente de keta, le groupe fait ce qu’il peut pour assurer le concert, même quand ce dernier court-circuite un morceau entamé pour accuser à tour de rôle la régie, la salle et sa joueuse de synthés d’avoir foiré les balances. L’ambiance est déjà bien entamée, mais apparemment pas assez à son goût : il continue sur sa lancée en annonçant tranquillement que “ce show est sans doute l’un des plus durs qu’on ait jamais fait“. Sous-texte : vous êtes un public de merde. Et la musique ? Noyée dans toute cette mala onda.

À découvrir : en backstage en train de gueuler sur leur attaché de presse.

 

Et aussi…

Ash Koosha

 

Museless

 

Anna B. Savage

 

Lucy Dacus

 

Hoops – Gemini

 

Crédits Photos : © Dani Cantó