Version française du festival du éponyme ayant lieu à Chicago chaque été, tiré lui-même du site web musical – vous suivez ? Le Pitchfork Music Festival s’étalera sur près d’une semaine dans la capitale, proposant plus de 90 concerts. Avant-Garde, Main Event, After Parties : on vous dit tout.

P4k Avant-Garde : le laboratoire de demain

Tout est dit dans l’en-tête : ici, place à la découverte et aux groupes, artistes et formations qui seront sur toutes les lèvres dans quelques mois. Le format choisi est le suivant : sur deux soirées et grâce à un pass donnant accès à plusieurs salles autour du quartier Bastille (Badaboum, Supersonic, Mécanique Ondulatoire, Café de la Danse, Pop Up!, la Loge et Pan Piper), vous pourrez déambuler au grès de vos envies, au hasard de la géographie et des prises de risques. Chaque groupe joue de 30 à 45 minutes – ce qui est peu, pour permettre au maximum d’artistes d’avoir une exposition. Cela rappelle les festivals SXSW ou The Great Escape : plutôt qu’un concert, on parle ici plus d’un showcase. La (relative) proximité des salles fait que le public entre et sort, à la recherche de sensations fortes. Mais que retenir parmi les 46 possibilités ?

Le premier soir – mardi 31 octobre, plutôt que de s’extasier devant la beauté d’Ary et de son “Childhood Dreams” entêtant, on préfèrera la grandiloquence et l’expérimentation de KÁRYNN, le hip-hop feel-good des parisiens de SuperParka, la pop fragile de (Sandy) Alex G, le (déjà) successeur de King Krule Puma Blue, le touchant Korey Dane et enfin l’électronique de You Man, déjà mis à l’honneur par ici dans un podcast.

Le lendemain, on fonce pour le flegme pop de Soleil Vert, et on fonce tout autant pour la dernière sensation rock outre-manche YOWL. On reprend son souffle devant la douceur lo-fi de l’américaine Vagabon ou bien le live ambient de Oklou (live adoré durant la dernière édition du Baléapop), avant de plonger dans la pop-électronique foutraque de Noga Erez. Oh, il y aura aussi Rostam, ex-Vampire Weekend dont la voix nous hante toujours.

Main Event : place à la douceur

Après cet échauffement, il faudra prendre le chemin plus habituel et unique de la Grande Halle de la Villette pour rentrer dans le vif du sujet : le festival à proprement parler. Celui qui depuis 2011 fait venir les artistes indé du moment et dans leurs sillages une population type, que l’on aime ou que l’on déteste.

Cette année, la programmation est un peu moins lourde sur les superstars (on pense à toi, M.I.A.) et plus orientée découvertes, ou du moins seconds couteaux parfois sous-exploités. Autant dire que la vue sur une même affiche de BADBADNOTGOOD, Kamasi Washington, Princess Nokia et Loyle Carner nous met l’eau à la bouche.

S’il ne fallait choisir que deux concerts le jeudi soir – premier soir du main event, donc – cela serait sans hésitation l’immense Chassol et sa technique dite de l’ultrascope où il sonorise images, vidéos et paroles captées lors de ses voyages à travers le monde. En ressort une musique libre, naïve et touchante, où les influences des savants (Reich en tête) ne viennent pas mordre le plaisir. Ensuite, nous irons tristement devant Kevin Morby – non pas à reculons, mais disons que son songwriting n’est pas des plus festif. Mais qu’importe, cela sera beau.

Jazz & r’n’b : le retour en grâce

On le disait juste au-dessus : BADBADNOTGOOD, Kamasi Washington, Princess Nokia et Loyle Carner sont sur la même affiche. Pas le même soir, cela serait trop facile, mais c’est peut être pour mieux distiller les sensations fortes.

Les premiers ont commencé à être connus sur YouTube via des vidéos de reprise jazzy de tubes anciens. Passés à la production, on atteint des sommets comme sur le titre Time Moves Slow, en featuring avec Samuel T. Herring. Le second représente à lui seul le jazz tel qu’il doit être en 2017 : mouvant, multiple, faisant des ponts avec d’autres genres, et accessible. Copain de Kendrick Lamar, Flying Lotus, Thundercat et autres, Kamasi est aussi une sorte de descendant prolixe de John Coltrane. Immanquable ? Oui.

À côté de ce moment unique, il faudra sans doute compter sur la déjà superstar Princess Nokia, le kid Rejjie Snow et ses productions au couteau, ainsi que le grand retour de Jungle dont la venue il y a quelques éditions avait appris la notion de groove à tout un public bercé par Ariel Pink. On s’en voudrait presque de ne citer que rapidement les Isaac Delusion (pourtant excellents sur scène) et s’attarder sur Tommy Genesis : celle qui avait enflammé le Café de la Presse à l’Avant-Garde l’année dernière est invitée sur la grande scène. Impatience. N’oublions quand même pas les furieux papas de Run The Jewels, bien décidés à tout casser – comme d’habitude, de toute façon.

Oui, mais moi j’aime l’éctronique : je fais quoi ?

Pas de panique ! Pitchfork a pensé à tout et à toi, fan de boucles hypnotiques & beats bien lourds : exit également les rockeurs spongieux et bonjour les lives électroniques, enfin mis au même niveau que le reste. Pèle-mêle, nous pourrons danser devant Talaboman – aka John Talabot & Axel Boman, l’incontournable The Black Madonna et les gallois de Bicep, dont le premier LP tourne en boucle chez nous. Il y a aussi Jacques, The Blaze et Polo & Pan, mais ça, c’est plus convenu.

Une petite minute : n’oubliez pas les after party au Trabendo ! Sur deux soirs, des héros des platines vont se succéder au Trabendo pour que la fête ne s’arrête que brièvement : le hérault de Boiler Room Palms Trax et un b2b de luxe et très bien trouvé, Ben UFO & Call Super le jeudi, puis les lives d’Actress Jacques Greene et un DJ Set de Deena Abdelwahed le vendredi. Ça va être chaud.

Le Pitchfork Music Festival Paris, c’est du 31 octobre au 4 novembre. Toutes les infos sont ici.

© photo : Kimberley Ross