Comme tout bon lyonnais ou apparenté, on sait déjà ce qu’on fait pour le pont de l’Ascension. Comme ancré dans nos agendas telle une fête chrétienne ancestrale, le festival des Nuits Sonores reprend ses marques dans la cité des Gones du 28 mai au 2 juin 2019. Maintenant que toute la programmation est annoncée, on s’est attelé à déficeler toute cette flopée d’artistes pour dessiner le parcours idéal pour festivalier curieux.

Démarrage en côte

Cette fois-ci, pas de super marathon d’une semaine, on commence la première nuit le mercredi. On n’est bien sûr pas passé à côtés des charmes du dernier album de James Blake, et on se languit d’avance de pouvoir fermer les yeux en gigotant lentement sur Into the Red. On est aussi ravis d’y voir un des diggers les plus vénérés du milieu, qui a fondé le label Eglo avec Floating Points : Alexander Nut posera ses vinyles aussi rares que précieux pour un moment de chaleur parti pour rester dans les mémoires.

On n’oublie pas les fondateurs de Détroit, c’est pourquoi Model 500, le projet live de Juan Atkins et consorts, nous comblera avec ses incroyables machines à torturer le temps.

De belles échappées jazz sont aussi à prévoir avec Nubya Garcia, saxophoniste talentueuse qui apporte une touche d’afrobeat à l’énergie débordante, sur une composition saxo-piano-contrebasse-batterie. Enfin, Andrew Weatherall nous ramènera à nos premiers amours électroniques, ceux de la techno inspirée de tout l’historique musical britannique.

Jeudi, on peut aller voir les Days à la Sucrière pour Nu Guinea, Ben UFO ou Glenn Underground mais si le coeur vous en dit, on vous conseille aussi de profiter des Extras sonores, toujours une bonne option pour ceux qui s’intéressent au foisonnement de jeunes collectifs déterminés qui peuplent Lyon et ses alentours. Répartie dans toute la ville, la programmation de la soirée du Circuit n’est pas encore annoncée, mais on sait déjà qu’on finira certainement au Terminal, l’after chéri des lyonnais.

Le week-end surpuissant

Vendredi après-midi, c’est Maceo Plex qui s’est dévoué pour occuper nos oreilles. Le programme se fera non sans techno post-moderne, entre breakbeat et acid, représentée par Jensen Interceptor et Danny Daze, qu’on croise si peu dans nos régions qu’il semble important de le citer ici. Une succession de trois lives aura aussi lieu dans la salle du Sucre, toujours plutôt réservée aux initiés. On ne manquera pas celui d’Ectomorph, ce duo méconnu de Détroit formé par BMG et Erika, qui vient de se reformer pour nous livrer des envolées de Moog et de TR303 en puissance. Quand on voudra prendre un bain de soleil, il faudra compter sur Midland, l’incorruptible digger londonien auteur de tubes aussi emblématiques qu’intemporels.

Depuis quelques années, on a tendance à préférer la programmation des journées, plus pointue et audacieuse, et cette année ne sera pas une exception.  Le vendredi soir, on retrouve trois piliers de festival traditionnels, du prémâché inconditionnel qu’on préfèrerait autant voir sur des formats intimistes. Nos centres d’intérêts iront donc plutôt vers la fanfare MEUTE, le duo scénique entre Volvox & Umfang, ou encore les sélections brésiliennes de Barbara Boeing. Bref, si pendant la soirée vos oreilles saignent suite à de trop fortes doses de BPM, la scène 3 s’annonce comme un refuge idéal.

Si quand bien même il vous reste des forces pour samedi, il faudra se lever tôt ! La programmation de la Sucrière régie par Lena Willikens promet de belles surprises. Soyez sûrs de danser sans broncher sur la scène 1930, tant l’enchaînement est nickel. On a très hâte de voir Batu, le génie de Bristol qui mixe merveilleusement l’afrobeat avec la techno, non sans rappeler un certain Bambounou. Au Sucre, on vibrera au son du revival coldwave et de la drone avec Tolouse Low Trax et Nika Son. L’esplanade sera tout aussi accueillante avec les sets toujours experts d’OKO DJ et Elena Colombi. Pour finir en beauté, on ne manquera pas de sauter en l’air sur le closing de Donato Dozzy qui s’annonce mémorable.

La fin de la fin

La nuit du samedi soir, réputée pour être la plus désordonnée et débordante de toutes, est aussi celle que beaucoup ont abandonné au profit du Closing Day le dimanche. Ceux qui n’ont pas peur de braver les dernières coulées de bières sur leurs bombers pourront se contenter toute la nuit sur la scène 2, en commençant par la collaboration entre Jeff Mills et Tony Allen, puis la très prometteuse HAAi et enfin les délirants Nihiloxica. Quand il faudra un appel d’air, ce sera peut être pendant le set ensoleillé de Jayda G ou les kicks acérés de Jennifer Cardini B2B Lokier.

Si votre porte-monnaie est aussi sec que le fond de votre verre, la Closing risque de piquer un peu. Pour ceux qui ont déjà prévu de faire péter leur PEL pour cette semaine de folie, foncez droit devant car le line-up du dimanche a monté clairement d’un cran par rapport à l’année dernière. Avec un Daniel Avery all day long à l’extérieur, un enchaînement d’Or:la, Octo Octa et Avalon Emerson au Sucre, et un coup de poing final bien suintant par RA+RE, DIMA et Tale Of Us à la Sucrière, c’est une armada d’artistes bien équilibrée entre nouvelle et ancienne scène qui débarque.

Faite pour convaincre tout le monde sans trop de chichis, cette Closing laisse perplexe quant au booking d’un duo italien parti un peu trop vite sur planète Ibiza – comme elle a pu le faire l’année passée avec Seth Troxler. Néanmoins, on se laissera peut être la chance de faire fonctionner cette magie du dernier jour des Nuits Sonores, car on connaît le pouvoir inéluctable du festival pour que ces derniers instants restent gravés jusqu’à vouloir recommencer l’année prochaine.

Toute la programmation est à retrouver sur le site des Nuits Sonores.