Nous avons pris un peu de temps pour écrire ce report mais nous voulions retranscrire au plus proche toute cette expérience du Chateau Perché 2019. Un moment riche en émotions et rebondissements climatiques, en effet, cette année le festival a du se confronter à des épisodes de grêles, fortes pluies et chaleurs qui ont perturbé son déroulement. Malgré ces conditions extrêmes, le festival a su rebondir et offrir le meilleur possible, pour éviter la catastrophe.
Une édition plus ambitieuse
Le concept est simple : un lieu atypique, accueillant une multitude de collectifs réunis sur douze scènes et quatre jours au cœur de l’Allier. Cette année oublié le château d’Avrilly, on prend notre tente Quechua 30 secondes direction l’Arboreteum de Baleine, à quelques kilomètres de l’ancien domaine. La capacité augmente pour passer à 10000 festivaliers. Résultat : un camping et un site bien plus grands que ceux de l’édition précédente. Traumatisés par le camping sans eau ni douche de l’année dernière, les organisateurs ont appris de leur erreur et ont livré un site bien équipé.
La fête libre
Plus qu’un rassemblement musical, Chateau Perché propose une expérience inclusive, où chacun fait son propre chemin dans le labyrinthe de verdure, alternant entre fête libre, moments de contemplations, rencontres fortuites et activités extra musicales. Pour comprendre le festival, il faut vraiment aller se perdre, seul ou accompagné dans le labyrinthe de l’Arboretum.
C’était pour nous comme un jeu de piste : il fallait déambuler de scène en scène, découvrir la richesse des différentes scénographies, performances artistiques et tous les projets musicaux proposés. On retiendra les scènes de la Plaine, le Lavoir, le Bel Étang, la Verrière et la Chapelle Mystique. L’idée de fête libre est omniprésente, et on prend une belle claque visuelle.
Située directement à l’entrée, la scène de la Plaine était parfaite pour accueillir les âmes perdues qui ne voulaient pas trop se risquer à s’enfoncer dans l’antre de l’Arboretum. On a beaucoup aimé la programmation très axée micro house, efficace pour un réveil en douceur. En face, le Lavoir était aussi parfait de jour comme de nuit. On assiste d’ailleurs à une avalanche de totems-méduse le samedi soir, ce qui nous transporte presque jusqu’au Burning Man.
Ceci dit, on a quand même eu un doute sur les expérimentations auditives d’un DJ un peu chaman qui nous a proposé une ligne de basse constante pendant 30 minutes. Au fil des discussions, on s’est rendu compte que la musique nous donnait l’impression de parler devant un ventilateur… Vous avez dit Perché ?
Direction le Bel Étang. La scène du collectif marseillais Sidi&co était parfaite pour prendre une petite pause. On oublie la techno pendant un moment pour retrouver une scène sur l’eau, une petite plage, un bon gros drapeau de l’OM, et du Koba LaD bien lourd en fond. On reprend notre tour en passant par la Verrière pour recharger nos batteries de dark techno et profiter du mur d’écran cathodique et des bustes harnais de la scénographie.
On s’enfonce dans le bois en suivant les arches lumineuses pour finalement trouver la Chapelle Mystique. Une scène full techno où la scénographie détonne avec ses sculptures et colonnes antiques. Le box du DJ nous domine dans sa chapelle et les lumières s’agitent dans tous les sens. On reste plusieurs heures pour profiter du spectacle.
Le public en papillons de lumières
Le festival avait incité ses invités à se transformer en insectes et le public a dit oui. La foule a fait preuve de beaucoup de créativité pour nous ravir en termes de déguisements. Le pari est clairement gagné. L’intégralité (ou presque) des festivaliers joue le jeu. On assiste à une déferlante de couleurs et de lumières, aussi bien sous le soleil de plomb que sous la pluie battante.
Le festival semble faire office de zone de décompression pour des gens issus d’univers profondément différents. Grâce à cette effervescence artistique, tout le monde oublie ses codes pour faire la fête librement – le plus agréable restant de voir dans une même foule des personnes de tous horizons qui dansent ensemble dans un déguisement de mouche en bouts de carton lumineux.
Des conditions pas vraiment optimales
Force est de constater que le réseau téléphonique est encore à l’état de concept dans la zone du festival. On en vient à apprécier la digital détox. On oublie l’heure, on oublie quel jour on est, on déconstruit notre rythme et on apprécie pleinement l’expérience. Couchés 15h, levés 3h du matin, repartir.
Malheureusement, la fête a été troublée par les conditions climatiques et des soucis d’entente avec la préfecture. On a raté de peu une fermeture complète du festival le vendredi soir à cause des risques de fortes rafales de vents, pluie et grêle. Finalement, l’organisation a su rebondir en fermant certaines scènes jugées « à risque » et en fusionnant d’autres scènes pour permettre au maximum d’artistes de jouer. Le samedi, c’était reparti pour la pluie, mais rien n’arrête les Perchés. Le plus bel exemple est sans doute celui du samedi soir au Bel étang, le public dansait sous une bâche tendue en l’air, pris en sandwich entre la pluie et la boue, et avec le 113 et son Tonton du Bled en fond.
Un bilan mitigé
Pour conclure, on aurait forcément souhaité une édition avec plus de soleil. On aurait aussi souhaité être mieux guidés avec une meilleure signalétique, pour éviter de tourner des heures dans le labyrinthe de l’Arboretum. On ne peut pas vous cacher qu’on est surpris de voir que la plupart des bénévoles étaient aussi perdus que nous, ce qui reflète peut être un manque de coordination des équipes du festival. Mais dans l’ensemble, on dit un grand Merci à Perchépolis, qui a tout fait pour que le festival se maintienne, en y laissant quelques plumes.
Crédit Photos : Benjamin Puddu
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