On va vous l’annoncer d’entrée de jeu : Valparaiso n’a pas volé son nom. La ville est bien un paradis de street-art, un havre protégé d’un certain savoir vivre, d’un certain romantisme. La deuxième ville du Chili – sa principale ville côtière – ondule le long des collines. Les couleurs étincelantes de ses habitations, parfois très chics et huppés, parfois beaucoup plus pauvres dans les hauteurs, traduisent un certain état d’esprit. L’urbanisme y est organique et vivant, embrassant les reliefs et les atmosphères des différents quartiers.

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La ville a tout de l’endroit parfait pour une lune de miel, et le premier contact y est si fascinant. Chaque coin de rue est un espace d’expression en perpétuel renouvellement au travers de ses différentes œuvres artistiques. Les styles et les genres se mélangent, et on ne peut s’empêcher de dresser un parallèle avec ce que l’on a appris de l’identité culturelle latine dans nos interviews avec Vicente Sanfuentes, Alejandro Paz et Nicola Cruz. Dans les arts graphiques également, cette identité est celle qui mélange influences traditionnelles et occidentales. Car c’est précisément la plus grande caractéristique de cette identité : la curiosité, la communication, l’ouverture sur l’autre.

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Ainsi, l’art se fond dans le barouf urbain pour mieux communier avec ses habitants et ses touristes. Car si le street-art est aussi implanté et toléré politiquement, ce n’est certainement pas que par attrait culturel mais aussi par la conscience que cette forte identification est bonne pour l’économie de la ville. Une leçon que l’on peine à appliquer chez nous en Europe, en dehors de villes comme Berlin ou de quartiers comme l’East London.

Si l’analyse mériterait bien sûr d’être plus complexe, reste que l’expression artistique tend à être moins confinée lorsqu’on sort de nos sphères publiques occidentales, sphères dans lesquelles notre niveau d’industrialisation culturelle est non seulement plus important mais aussi plus légitimé. Raison pour laquelle en Amérique Latine, l’art en vient parfois à mieux s’exprimer dans la rue.

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Valparaiso brille également par ses rencontres et son savoir vivre, caractérisé par une vie omniprésente. Quand ce n’est pas les jeunes qui s’approprient la rue, ce sont les chiens – menaçants, affamés ou heureux – qui viennent envahir votre champ de vision. Les bikers s’emparent des squares tandis que la capoeira se danse dans les parcs.

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Si cette exposition urbaine peut laisser penser qu’on sert ici un exotisme culturel un peu malsain, c’est oublier que le street-art chilien n’en est pas moins engagé et se charge aussi de transmettre certaines valeurs traditionnelles. Tout cela dans le pays d’Amérique Latine qui s’expose le plus au libéralisme occidental. C’est probablement ce qui rend l’art chilien le plus schizophrénique du continent, voguant sans identité donnée tout en revendiquant des racines et des morales.

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Au final, c’est l’aspect bouillonnant de cette culture de l’expression, de la communication directe, qui marque Valparaiso. Au diable l’underground quand on peut donner un attrait populaire et urbain au travers de son art. Cette particularité n’est qu’une façon différente de construire un message, une certaine représentation des idées. À l’image des villes où bouillonne une scène musicale, Valparaiso créée une synergie singulière, cohérente et inspirante.

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