Weather festival : 50 000 festivaliers dans le bois de Vincennes, trois jours de fête, de techno et de soleil.

Début juin, aux prémices de la plus belle saison de l’année, un ouragan électronique a balayé le bois de Vincennes. La troisième édition du Weather festival nous a offert de belles surprises. Trois jours de musique partagés entre clubbeurs et amoureux du son. On y était et on vous raconte comment c’était.

weather festival 2015 bois de Vincennes

Weather festival – Opening

Tout a commencé par l’afterwork phénoménal du jeudi 4 juin où les premiers festivaliers ont pu découvrir le spot. Là, on a compris ce qui nous attendait pour les jours à venir.

Au coucher du soleil, Omar Souleyman ambiance une foule joyeuse et dansante. Un vent d’Arabie Saoudite souffle sur Paris. Tout va pour le mieux, les festivités commencent, tout le monde frétille et avec le sourire aux lèvres. A peine son set terminé et acclamé par un public reconnaissant, on se dirige vers la seconde scène afin d’accueillir Derrick May, Dzijan Emin, Francesco Tristano et l’orchestre amoureux. Les musiciens arrivent sur scène et se mettent en place. La foule trépigne d’impatience et applaudit les virtuoses qui s’apprêtent à jouer. Véritable concerto, le chef d’orchestre agite sa baguette et les violonistes décrochent leurs premières notes. Alors que les derniers rayons de soleil pointent le bout de leur nez, le public est scotché par tant d’harmonie. Ce mélange de musique classique et électronique caresse tendrement nos tympans. Emerveillée, j’ai des étoiles plein les yeux et des papillons dans le ventre, comme la majorité des gens qui m’entourent et mes potes qui n’en reviennent pas. « Olalala mais je prends mon pied moi ».

L’heure des derniers métros approche mais le trio envoie pépite sur pépite et l’orchestre symphonique enchaine de plus belle. L’osmose est parfaite. On est tous émus par cette pureté sonore, cette suavité qui file entre les mains du chef d’orchestre et des musiciens qui l’accompagnent.

Minuit, direction la sortie et les 25 minutes de route qui nous séparent de la ville. On garde nos forces pour le weekend et puis demain c’est vendredi : la dernière journée de la semaine risque d’être longue.

weather festival ouverture Derrick May

Maint Event Day 1

Vendredi 5 juin, arrivée à 21h histoire de commencer avec la Mamies qui fait trembler la scène été. Cette house bien trempée et dévergondée à l’heure de l’apéro ravit tout le monde. C’est bon enfant et ça transpire l’amour, le soleil et l’été. Une faune bouillante s’agite joyeusement, plumes, chapeaux de paille et bobs sur la tête.

On décide de chiller et de découvrir le spot en entier. On a l’impression que les espaces ont triplé par rapport à la veille : le nombre de festivaliers a augmenté, les trois scènes qui manquaient sont en place et font vibrer des milliers de personnes. Direction la scène automne afin d’acclamer Moritz Von Oswald et Juan Atkins. Dub Techno au programme, ça tape dans la finesse, c’est mental.

La nuit tombe, la température baisse, on a tous froid et on enfile nos vestes. On va faire un tour sur la scène été histoire de se réchauffer et d’entendre le set de Motor City Drum Ensemble et Marcellus Pittman. C’est les vacances avant l’heure : une house disco et tropicale qui réchauffe le cœur, un public qui s’ambiance et des grands sourires. On a tous envie de se prendre dans les bras et de taper du pied toute la nuit comme ça.

On décide de partir à l’aventure et ça tombe bien : la scène ambient n’est pas loin. On change de décor et de style. La claque de Cio d’or et d’Yves de Mey. Une pause s’impose et cette ambient expérimentale fait du bien. Cependant, la scène est un peu vide et on ne tarde pas à ressentir la fraicheur des bois.

On traîne, ça et là, à la recherche de chaleur. On découvre avec joie le Camion Bazar et là c’est le zouc. Mini Disneyland pour teuffeurs errants. On se met dans le bain. C’est l’éclate totale ici, le fameux camion bordélique brille de mille feux et pour changer, de la house qui fait bouger les pieds.

Direction la scène hiver pour Karenn après avoir bifurqué entre la scène été et printemps, tâtonnant entre le live de Mr G et le set de Floating Point et Four Tet.

Karenn, c’est la claque techno qui revitalise nos corps refroidis. On se remet dans le move, des lumières plein les yeux et des caissons qui tabassent. Un live incroyable qui nous a tout juste échauffé pour le set de Manu le grand malin. Les premiers rayons de soleil apparaissent et notre petit génie a bien décidé de nous réveiller. On voulait rentrer dormir. Impossible. Notre raveur beaucoup trop chaud ambiance un public qui répond oui.

On ne s’arrête plus de danser, la techno est lourde, efficace, aux beats très rapides et on sait tous pourquoi. Bientôt 7h, notre driver nous empêche clairement de reprendre la route du métro. Exténués, avec deux jours de festoches dans les jambes, on trouve pourtant tous la force de rester : techno énervée, chouette matinée. Ceci dit il est grand temps de rentrer : demain c’est la meilleure journée.

camion bazare weather festival

Maint Event Day 2

Samedi, arrivée à 20h à Vincennes après quelques heures de sommeil. Sur le chemin, le nombre de festivaliers s’est une fois de plus démultiplié. L’ambiance est bonne, le peuple est excité. On rencontre des teuffeurs qui n’ont pas dormi depuis la veille, des anglais qui ont traversé la Manche pour venir et des gens comme moi qui, rincés de la veille, se sont réveillés hyper motivés tout de même.

On commence par le live de S3A, le mec qui nous fait swinguer sur la barge Concrete depuis 3 ans. Et bien là autant le dire, c’est Noel avant l’heure. Une house garage qui résonne dans nos tympans et nous envoie sur mars. Ça groove ici, c’est le moins qu’on puisse dire. Le public est au rendez-vous, le dj et ses grands sourires aussi. Une faune de plus en plus dense remplit la scène été, impatiente de cueillir Robert Hood. Nous on décide de partir. Petit détour vers la scène automne histoire de profiter de la fin du set de Ricardo Villalobos. C’est perché, tech et micro house au programme. On n’oubliera pas sa reprise de Future de Kevin Saunderson : simple mais efficace. Son set terminé, on sautille vers la scène printemps, Zip nous attend.

Un set teinté d’émotion qui nous a transporté, vague par vague. Des tracks qui se tissent et mélangent les genres. De la deep à la micro house, ça groove de justesse. J’ai les jambes en coton et je me laisse téléporter par ces sonorités progressives qui résonnent dans mes oreilles.

On enchaine avec Cabanne et puis c’est décidé, on reste ici : la techno méchante c’était hier. Place à la volupté, cette subtilité que l’on retrouve dans l’enchainement des tracks, et puis dans 1h il y a RPR Soundsystem. Cabanne nous offre un set un peu plus linéaire d’une micro house qui glisse tranquillement. 5h passée, l’obscurité commence à s’évaporer, le jour se lève et le trio des roumains que j’attendais tant arrive sur scène. Et là, c’est comme j’aime le dire, la « claque roumaine » qui nous emporte tous. Cette techno minimale aux revers tech et depp house nous fait pâlir. Petre Inspirescu, Rhadoo et Raresh sont les rois de ce style si fin qui redéfinit les genres de la techno. Mes tympans émoustillés, je regarde les gars se refiler les platines, quelle classe. Villalobos, grand poto des roumains, squatte sur la scène. Les types sont en place et réveillent Vincennes. À son habitude, le trio passe des sons méconnus qui ont traversé l’Europe de l’Est avant de venir éblouir Paris. Techno roumaine au petit déj, bon réveil.

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On décide à grand regret de partir avant la fin du set. Nos corps congelés ne tiennent plus, il est grand temps de rentrer se réchauffer. J’ai des sons roumains qui sifflent dans mes oreilles et des belles images pleins la tête. De quoi se motiver à rebrousser le chemin du retour qui semble interminable.

weather festival festivaliers

Bilan

Une troisième édition qu’on a fortement appréciée et qui a balayé Vincennes.

On s’en souviendra, malgré les quelques points négatifs souvent énumérés: le froid des bois en pleine nuit, la grandeur du spot qui pouvait sembler par moment trop vide, les systèmes sons parfois mal réglés… Mais on n’en retiendra pas moins que ces trois jours de festoche dans les bois et cette multitude d’artistes présents brassant la scène techno/house actuelle, atteste simplement du fait que Paris fait désormais partie des capitales de la techno. De quoi ravir les riverains situés un peu trop proches des spots de festival…

Photos Jacob Khrist