Comme Conor O’Brien le dit lui-même sur son morceau d’ouverture “Courage” : “It took a little time to get free, It took a little time to be me”.

“Darling Arithmetic”, le troisième album de l’irlandais qui se cache derrière le nom de Villagers, s’ouvre à l’horizon d’une pop-folk dépouillée, celle qui se contente d’une équation primaire : une guitare, quelques envolées de piano, une voix qui conte ses déboires.

Primaire certes, mais la beauté de ballades comme “Dawning On Me” et “The Soul Serene” n’en est pas moins à couper quelques respirations. Qu’O’Brien nous parle de ses amours crépusculaires ou d’autres épisodes emplis d’amertume, il conserve le même ton, de ceux qui racontent ses peines en sublimant la douleur par la douceur.

 

Si une batterie vient parfois renforcer la formule, l’album dans sa globalité résonne dans la nudité et la solitude : le songwriting de “Hot Scary Summer” ou “Little Bigot” est intimiste, fourré de détails personnels, dont la plupart évoquent un chagrin amoureux (“Love is me, love is you, we’re the same, and it’s okay to be tired”).

En choisissant de ne pas fuir l’usage – en voie de disparition – de la 1ère personne, O’Brien se livre corps et âme dans ces dix chansons, tant et si bien qu’on en ressort un peu retourné, et avec l’étrange impression de connaître le type. Chose qu’il nous avait annoncée dès les préambules de l’album, alors qu’il nous avertissait sur “Courage”: “do you really wanna know about these lies on my face ?”. Ce à quoi, après écoute, on répond sans hésiter un grand oui.

 

Comme toujours, La Blogothèque a su sublimer le charisme d’un artiste en le décloisonnant des espaces scéniques classiques : dans une chapelle, la version résonnante de “Hot Scary Summer” que nous livre O’Brien dégage une mélancolie usée, à l’encontre parfaite du tube estival.