Pasteur disait que la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés. Les Britanniques de Tsars semblent l’avoir bien compris. Et même si ces néo-parangons du prog-rock n’ont rien à voir avec le grand autocrate d’une Russie aujourd’hui enterrée, le vent hivernal leur aura, lui, bien souri.

On sait peu de choses de ce quatuor sinon qu’il a sorti quelques titres aux alentours de 2012 et un excellent premier single In The Open en septembre 2015. Comme si le groupe laissait mijoter ses mélodies câlinantes à l’air libre avant d’ouvrir la fenêtre en grand. Un “Test & Learn” artistique qui leur aura permis de partager un concert londonien avec les fers de lance de la scène finlandaise : Satellite Stories. Une belle référence pour un quatuor qui vient tout juste de se lancer sur le circuit de l’industrie musicale indépendante.

À peine cinq mois plus tard, Tsars accouchent finalement de Open Space, premier EP qui étonne par sa structure musicale mais surtout par sa richesse harmonique, sa cohérence et sa consistance. Six chansons aussi pointilleuses que lourdes, à l’instar d’une flèche de celles qui provoquent des arrêts cardio-vasculaires. En profondeur, le titre de cet Open Space s’illustre parfaitement, comme un jonglage entre différentes humeurs. De l’optimisme (“Loose Ends”, “Scene Two”) à la fièvre dansante (“Take you Out”), d’une interruption acoustique bienvenue (“Kings”) à un final mélancolique mais tout en fermeté (“In The Open”, “Zeibekiko”), Tsars apparaît comme un groupe expérimental mais expérimenté.

Les voix rappellent un tantinet leurs homologues nordiques précédemment cités, mais on perçoit aussi dans ces guitares métalliques et résonantes un destin tout tracé, fait de succès et de grandiloquence. À museau bien sensible, on renifle immanquablement l’influence d’un autre groupe, dans le son comme dans la progression : Foals. Oui, ces mêmes Foals qui ont planté leur empreinte si profondément dans la scène britannique qu’on croit les entendre à chaque recoin de pub. Puis on repense à Tsars, et on se rappelle avec un brin d’étourderie, qu’ils sont britanniques eux aussi.