Cela fait maintenant une décennie que le plus célèbre des jardiniers français se retourne dans sa tombe à la fin du mois d’Août. Malgré la finesse et l‘ingéniosité des jardins de Le Notre, une pelouse ne peux pas faire grand chose face à un festival qui draine près de 120 000 personnes en trois jours.

Vous l’aurez deviné, c’est bien de Rock en Seine dont nous allons vous parler ! Dernier grand rendez-vous musicale de l’année, le festival accueille des têtes d’affiche toutes plus grosses les unes que les autres, au coeur du Domaine Nationale de Saint-Cloud.

Entre découvertes et re-découvertes, le festival avait de quoi satisfaire tout le monde avec plus d’une soixantaine d’artistes au compteur dont, entre autres, Arctic Monkeys, Portishead, The Prodigy, Queens of The Stone Age, Etienne de Crecy présente Superdiscount 3, Lana Del Rey, Die Antwoord, Jake Bugg, Volbeat, Airbourne..!

Nous voilà donc parti pour trois jours de festivités. Après avoir pris nos marques sur le terrain, choisi un point de rendez-vous en cas de perte d’équipe et repéré les buvettes les plus stratégiques nous pouvons lancer les hostilités.

La première journée est sans doute la plus chargée du week-end ! Pas le temps donc, de tergiverser. Armé d’une bière dans la main gauche et du programme dans la main droite, le premier arrêt sera pour Gary Clark Junior, petit protégé d’Eric Clapton et d’Obama qui chauffe doucement mais sûrement la grande scène avec son blues teinté de soul et de hip hop.

ROCK EN SEINE JOUR 1

CRYSTAL FIGHTER 

Direction la scène de l’industrie pour y voir Crystal Fighter. Petite déception face à un groupe qui reprend un peu tous les clichés musicaux du folk gentillet à la mode et fait un peu penser à une pâle copie (en version plus électronique) d’Edward Sharp and the Magnetic Zero. Quelques gouttes tombent au bout de la troisième chanson, et finissent par nous convaincre de partir juste avant de se prendre une belle averse.

Heureusement pour nous, le nuage passe et le reste de la soirée s’annonce plutôt dégagée.

BLONDIE

Blondie

Juste à côté, sur la scène de la cascade ce sont les flycases tatoués « BLONDIE » que les techniciens font rouler sur le plateau. Une foule déjà conséquente attend l’arrivée de la célèbre rockeuse. Nous passons notre chemin pour revenir une fois le concert commencé. Quand nous revenons, il est impossible d’avoir un bon angle de vue tellement il y a de monde ! Le groupe enchaîne les tubes les un après les autres (en même temps peuvent-ils vraiment faire autrement ?), mais ça ne suffit pas à nous convaincre de rester plus longtemps.

THE HIVES

the hives

Pas le temps de finir le concert de Blondie que l’on se dirige déjà vers la grand scène pour aller voir les Hives. On se demande comment ces mecs peuvent avoir autant d’énergie alors qu’ils font presque plus de concerts qu’il n’y a de jours dans une année. Pas un seul signe de fatigue sur le visage de Pelle Almquist et ses acolytes qui jonglent entre des titres de leurs premiers album et ceux des plus récents. Un show énergique, qui commence à faire réagir les danseurs qui se cachent en nous.

A la moitié du concert on nous signale Mac Demarco sur la scène de l’industrie. C’est donc bien remontés que l’on quitte la grande scène pour aller découvrir Demarco en live. Si ses concerts sont à l’image de ses clips, on aura pas fait le déplacement pour rien.

MAC DEMARCO

Finalement c’est une ambiance tranquille mais joyeuse que l’on retrouv chez Mac Demarco, qui nous chante ses ballades pop avec une décontraction totale. Vers la fin du concert, le canadien fait monter sur la scène l’un des mecs les plus saouls du festival qui, après avoir chanté deux secondes dans le micro devant plus de 5 000 personnes et proposé sa canette de 1664  à l’ensemble du groupe, est retourné calmement dans la fosse. Pas de stress donc du côté du Mac, qui nous avait habitué à des clips bien tordus. Il profitera même d’un instant de latence entre deux morceaux pour demander à la foule si quelqu’un est en mesure de lui fournir des stupéfiants à la fin de sa prestation.

DIE ANTWOORD

Changement complet de style et d’ambiance avec le groupe de “rap-rave” sud africain complètement timbré Die Antwoord. Grosses basses, flow acéré, visuels chelous (on aura pendant quasi tout le concert un dessin d’un nain ithyphallique admirant son organe géant sur l’écran) : on est loin du rock planant de Mac Demarco. L’ambiance est survoltée, les membres du groupe sautent partout. Ninja se lance dans la foule torse nu, montre son cul, commence un morceau le pantalon aux chevilles… Yo-Landi commence le concert en vêtements XXXL et fini également en sous vêtements. Malgré la très bonne ambiance, on partira avant la fin pour se placer pour les Arctic Monkeys. D’autant plus qu’à ce moment est lancé un morceau avec une instru style brostep qui ne nous parle absolument pas.

ARCTIC MONKEYS

Nous voilà donc devant la Grande Scène, pas trop mal placés, malgré les quelques 20 000 personnes qui viendront voir les quatre anglais d’Arctic Monkeys. On aurait aimé aller plus devant pour profiter pleinement du show, mais nous sommes face à un dilemme insupportable qui ne peut arriver que dans ce genre d’événement : Artcic Monkeys commence son show à 23h00 et Trentmøller commence à 23h05. On ne peux rater aucun des deux concerts et on choisit de rester pour la première demi-heure d’Artcic Monkeys histoire de bien se chauffer, pour ensuite aller prendre les bonnes vibes de la fin du show du Norvégien. Et nous avons fait le bon choix ! Pendant une demi-heure, Alex Turner et ses trois acolytes nous balancent leurs meilleurs tracks en passant par When The Sun Goes Down, Crying Lightning ou Brianstorm. On se retrouve à chanter (crier) sur toutes les chanson et même si l’on doit bientôt partir, on aura eu ce qu’on voulait. Le groupe commence petit à petit à jouer son dernier album et c’est à ce moment là que l’on décide de glisser vers Trentmøller.

TRENTEMOLLER

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Changement d’ambiance, c’est la voix cassée que nous arrivons devant le concert du sombre Norvégien. De toutes façons ce n’est pas devant Trentmoller que l’on risque de s’abimer les cordes vocales. Cinq minutes après être arrivés, nous sommes déjà dans l’ambiance. Les musiciens sont uniquement éclairés dans le dos, ce qui donne une ambiance toute particulière au concert. Rien à dire sur la prestation du groupe, une précision impressionnante, des nappes enivrantes mêlées à des beats langoureux. Une ambiance étonnamment chaude émane de la foule, qui obéit aux doigt et à l’oeil du groupe.

ETIENNE DE CRECY

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Après ce long voyage en terre nordique, nous atterrissons devant Superdiscount 3, le nouveau live d’Etienne de Crecy qui fait suite à Super Discount (1997) et Super Discount 2 (2004), projet dans lesquels ont participé Alex Gopher, Air, Cassius et DJ Mehdi. Etienne n’est donc plus seul sur scène mais en compagnie de deux autres producteurs ! Le mystère reste entier sur l’identité de ses deux acolytes et les spéculations vont bon train ! Une interview nous apprendra le lendemain qu’il s’agissait en fait d’Alex Gopher et Julien Delfaud. En tout cas on a passé un très bon moment, avec un live aux sonorités deep house, lentes mais très énergiques accompagnées de gros synthés. Un cocktail parfait pour finir cette première journée bien chargée.

 

ROCK EN SEINE JOUR 2

Retour le lendemain au domaine de Saint-Cloud, pour une journée qui s’annonce un peu plus tranquille. Arrivés plus tard sur les lieux, nous loupons les quelques concerts du début, mais cela nous permet d’être bien placés pour Portishead.

Mais quand bien même nous adorons le trip-hop du groupe de Bristol, on se rend vite compte que l’on a envie d’une musique un poil plus énergique à ce moment là. Comme pour tout festival, il faut faire des choix. Malheureusement ceux que nous avons fait par la suite ce jour là se sont révélés assez mauvais.

FLUME

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Après une pause pour manger, où l’on se rend compte qu’on est en train de rater Joey Bada$$, petit prodige du rap, on se retrouve embarqué devant la scène sur laquelle s’apprête à jouer le phénomène Flume. Sa musique est entraînante sur le disque, reste à voir ce que cela peut donner en live.

Première désagréable surprise: le public. On se retrouve dans un flux continu d’adolescents à peine sortis du berceau qui poussent tout sur leur passage pour pouvoir être les plus proches possible de la scène. Cela en devient véritablement insupportable et donne, avant même le début du concert, envie de partir. Si sur l’ensemble du festival le public reste relativement “âgé” et donc pas forcément enclin à sauter dans tous les sens, là on tombe dans l’excès inverse.

Commence la prestation de Flume. On reste un certain moment (de toute manière on ne pouvait plus bouger), la musique est agréable mais l’on n’arrive pas à déterminer si ce show relève réellement du live ou de la mise en scène (partielle).

On décide finalement de se diriger vers la scène Pression Live, où jouent les François & The Atlas Mountain. On accroche tout de suite en se demandant pourquoi on n’est pas venus plus tôt. Malheureusement, leur concert se termine là et l’on n’aura donc pu entendre que deux morceaux.

THE PRODIGY

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On fini ce deuxième jour avec The Prodigy sur la Grande Scène. Terminée la rigolade, on passe à la grosse musique de bourrins. Si leur live n’est pas surprenant musicalement, ils savent clairement mettre le feu. Contrairement à beaucoup d’autres groupes vu jusque là, Keith Flint et Maxim Reality utilisent la totalité de l’espace de la scène (qui, comme son nom l’indique, est pourtant très grande), parlant ainsi aux extrémités de la foule et ne laissant personne immobile. Ils vont même jusqu’à faire s’asseoir la totalité du public – ce qui est assez impressionnant pour être remarqué – pour ensuite repartir de plus belle. Après leur hymne Smack My Bitch Up puis un rappel, le groupe s’en va, nous laissant fatigué et les oreilles démontées, mais finalement contents de cette deuxième journée.


ROCK EN SEINE JOUR 3

Retour pour une dernière journée au domaine de Saint Cloud. Notre programme s’annonce plutôt tranquille, à l’exception du concert de clôture de cette édition 2014 : Queens of the Stone Age.

LANA DEL REY

Après le sympathique  passage de Selah Sue, arrive la pop star Lizzy Grant aka Lana Del Rey. Arrivée de manière modeste – mais acclamée – après ses musiciens, la belle descendra de la scène dès la fin du premier morceau pour s’approcher de ses fans du premier rang, récupérant des fleurs et autres cadeaux, et les laissant également prendre des selfies avec elle. S’il est louable qu’un artiste prenne du temps pour son public, on se demande cependant pourquoi elle n’attend pas plutôt la fin du concert. Nous qui sommes plus au fond sommes obligés de regarder Lana amasser des cadeaux sur grand écran en attendant le morceau suivant. Pas particulièrement énergique, le live reste cependant appréciable.

QUEENS OF THE STONE AGE :

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Le cadeau de l’édition 2014 est sans aucun doute le concert de clôture du festival avec Queens Of The Stone Age. C’est le concert que l’on attend tous. Cette dernière journée à été plutôt tranquille et c’est les jambes reposées que l’on se dirige vers la Grande Scène une bonne demie-heure avant le début du show. On trouve un joli spot sur la gauche de la scène, juste assez prêt pour voir Josh Homme et toute sa bande sans pour autant sortir sourds du festival. Les lumière s’éteignent, les musiciens font leur entrée sur scène.. Ca y est, ils sont là. Josh Homme nous prévient que c’est le dernier show de leur tournée mondiale, et enchaine tout de suite avec “You think I ain’t worth a dollar, but I feel like a millionaire”.. On se regarde, on crie et on comprend qu’on va passer une bonne soirée. Le groupe enchaine les sons, emmené par un Josh Homme bouillant.

Il est difficile de faire plus classe que ce mec, et c’est lorsqu’on le voit se mettre une clope à la bouche tout en balançant un riff de guitare surpuissant qu’on se dit qu’avoir autant de charisme devrait être interdit. Mais ce n’est pas tout.. Les lumières s’éteignent à nouveau. Lorsqu’elles se rallument, imaginez la scène : Josh Homme est seul sur scène, assis devant un petit piano face à 30 000 personnes et commence à se la jouer piano-voix (on aurait presque envie de lui dire “tu fait trop l’malin”). Le concert se termine sur “A Song For The Dead”, l’un des morceaux les plus agressifs de leur discographie,  et après avoir labouré ses toms pendant un peu plus d’une heure trente le batteur se lance dans un solo fou furieux (on a mal pour ses mains), puis reprend la fin du morceau avec ses acolytes. Ca y est, le concert est fini, on en sort transpirants, retournés, les musiciens ont l’air satisfaits, nous aussi.

Voilà Rock en Seine c’est fini, on aura bien profité, bien rigolé et bien dansé. On reviendra avec grand plaisir pour la prochaine édition !

Report par Arthur et Thibault

© Photos Victor Picon – Nicolas Joubard – Sylvere Hieulle