A l’évocation de Death in Vegas, il est probable que de vieux souvenirs refassent surface. Leurs morceaux iconiques, comme “Hands around my throat », ont marqué le début des années 2000. A défaut de vous immerger à nouveau dans la cour de votre collège, on vous propose aujourd’hui de découvrir le dernier EP électronique du leader du groupe, Richard Fearless.

Overview Effect” est un petit EP de deux tracks, mais qui confirme la position de Fearless comme l’une des personnes à suivre dans les prochains mois. Son label, Drone, promet des releases très excitantes, avec entre autre le prochain album du groupe iconique. On est allé poser quelques questions à l’intéressé.

Beyeah : Bonjour Richard, merci de prendre le temps de répondre à nos questions.

Richard Fearless : Aucun soucis.

Evidemment, vous avez été très influent sur la scène rock avec votre projet Death in Vegas, mais vous avez quand même amorcé un virage électronique très intéressant en 2004, avec votre album Satan’s Circus. Trans-Love Energies, paru en 2011, est un magnifique hommage à vos influences techno. Désormais, vous dirigez votre propre label, Drone. Était-ce un cheminement naturel, sans trop d’arrières pensées ?

La techno a toujours été là comme une forme d’inspiration, même de passion, pour moi. Avant de faire Death in Vegas j’étais DJ, je jouais dans les soirées de Dave Angel, Claude Young ou Derrick May. J’ai été aspiré vers les sons de Detroit, avec des artistes comme Robert Hood ou le label Metroplex. En particulier, le coté percutant et moins mélancolique m’accrochait. Quand j’étais adolescent, je cherchais une certaine expression des angoisses dans la musique, avec des groupes comme The Stooges ou My Bloody Valentine. Par la suite, quand je suis rentré dans l’univers de la techno, je me suis surpris à rechercher plus ou moins la même chose, cette même énergie transcendantal. Ma position actuelle avec Drone fait que je me sens plus que jamais à ma place.

J’ai lu que vous alliez faire de Drone la maison des prochains albums de Death in Vegas. Vous devez vous sentir plus libre en agissant de votre propre chef, mais y a t-il des moments où vous ressentez des désavantages à ne pas être épaulé par une grosse institution ?

Au début, je voulais que le label soit représentatif de mon état d’esprit en tant que DJ. J’avais toujours vu mes travaux personnels très éloignés de ce que je faisais avec le groupe. Désormais, je veux faire un album de Death in Vegas que Drone pourrait sortir, qui aurait sa place dans la ligne de cohérence du label. Etre une petite institution complique forcément les choses, mais heureusement j’ai l’aide de Kompakt pour la distribution, ainsi qu’une bonne équipe de presse. Je suis en train de rechercher un bon label manager, vu l’évolution des choses.

En comparant le son de Death in Vegas à celui de vos propres travaux, malgré le fait qu’ils soient de genres distincts, on peut sentir une approche différente. Vos travaux semblent plus spontanés, habités d’une énergie un peu plus pure, proche du jam. J’ai raison ?

Je pense que c’est la façon de travailler que je préfère maintenant. Avant, tout n’était que des couches que je superposais. Désormais mon studio fonctionne selon un set-up live. L’ordinateur est juste utilisé pour enregistrer, tandis que l’écriture se fait sur les drum-machines et les synthés synchronisés, en direct. C’est une façon beaucoup plus naturelle de travailler.

Vous tournez essentiellement sous votre propre nom pour le moment. Est-ce parce que l’héritage musical de Death in Vegas est un peu lourd à porter pour se sentir vraiment libre sur scène ?

C’est surtout que ça me prend du temps de réaliser où est-ce que je veux aller avec le prochain album. Sortir le projet Death in Vegas en live mobilise beaucoup d’énergie, et je ne veux pas refaire une tournée identique à la précédente. Il faut de la nouveauté pour que cela soit excitant pour moi.

Vos live visuels sont réputés pour être assez impressionnants, et vos clips sont de bonnes représentations de ça, de Higher Electronic State à Gamma Ray. Est-ce quelque chose que vous travaillez pour vos prochains lives ?

Je travaille effectivement beaucoup avec les lumières, et cela sera quelque chose de proéminent sur scène. Je suis vraiment excité à l’idée du résultat.

À propos de votre EP Overview Effect, je trouve que c’est parmi vos morceaux techno les plus réussis. Ces deux tracks forment un duet très cohérent. Êtes-vous satisfait du rendu de vos séances de composition ?

J’ai l’impression d’avoir trouvé ma patte sonore. Je sais ce que je veux et ce que je recherche dans la production. Les deux tracks ont effectivement reçu des retours très enthousiastes. Luke Hess et DJ Richard m’honorent d’ailleurs de deux remix, que je peux vous annoncer comme brillants. Je suis vraiment content de la tournure de cet EP.

Cela m’a aussi beaucoup fait pensé au dernier album de Daniel Avery, “Drone Logic », sorti en 2013. Quels sont les artistes de la scène techno actuelle que vous considérez proches de vous, ou qui vous influencent ?

Daniel Avery a son studio à côté du mien. Il travaille beaucoup avec des gens comme Mani Dee, Volte-Face ou Ghost Culture. Ces gens sont vraiment incroyables. Cela me fait penser à quand j’avais un studio à coté de Andrew Weatherall. De savoir qu’ils peuvent écouter ce que vous faites, ça vous motive au quotidien. Daniel Avery a toujours été d’un grand soutien pour moi, et m’a beaucoup aidé à l’époque où j’ai sorti “Trans-Love Energies ». Concernant mes influences, je peux citer des artistes comme Container, Frak, Omar S, Bee Mask, Luke Hess ou encore Basic Channel.

Pour conclure, un message à adressé à votre public français ?

Je suis impatient de venir jouer pour vous les gars, Drone va venir dans les clubs proches de vous bientôt. Hell yeah !

 

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