Le temps d’un week-end, la Red Bull Music Academy installait ses quartiers à Lyon avec un programme chargé : conférence, expérimentations sonores, lives et DJ sets. La RBMA, qui prenait place à Paris en novembre dernier, se lance dans un tour de France afin de promouvoir sa session 2016 basée à Montréal. Première étape : Lyon et sa scène locale. Retour sur les deux événements festifs de ce week-end.

Lors de sa première soirée, l‘academy a investi le Transbordeur pour une nuit dédiée aux lives technos. C’est sous une herse de néons bleus-blancs-rouges que les lyonnais Célome et My Thud Unite Area entament la soirée. La veille, ce dernier avait dévoilé une œuvre expérimentale au côté de IUEKE, Käpäk et Tomi Yard pour l’installation O.R.G. du plasticien Vahan Soghomonian. Ce samedi soir était l’occasion pour lui de montrer une autre facette, celle du producteur techno. Son set rigoureux et énergique lance la soirée au moment où les derniers danseurs aux bouteilles d’eau minéral s’entassent dans la salle club du Transbo. À sa suite, c’est l’artiste américain Rrose qui présente son live. Incarnation scénique de Rrose Sélavy, une création de Marcel Duchamp, le musicien a présenté au public lyonnais sa techno organique aux influences ambient, à l’image de ses dernières sorties sur son propre label Eaux.

Rrose - RBMA Lyon

Invité d’honneur de la RBMA pour ce week-end, Legowelt délivre ensuite un set à l’opposé des autres artistes de la soirée. Alors que ceux qui partageaient l’affiche avec lui ont apporté une attention particulière à la théâtralité de leur performance, insistant sur de longues introductions et transitions pour faire monter la tension, le producteur de La Haye se lance lui dans un live sans aucun respect pour les codes du genre. Muni de son synthétiseur analogique Korg, jouant pour lui-même et ne regardant pas le public, Legowelt se lance dans son set sans introduction, pour délivrer une techno pleines de pulsations, souvent teintée de nappes acid, et ne s’attardant jamais sur les transitions entre ses morceaux – souvent improvisées.

Insouciant, Danny Wolfers l’était autant sur scène qu’il ne l’était sur le canapé de la Tour Rose, l’hôtel où Red Bull l’avait invité à revenir sur sa carrière plus tôt dans la journée. De ses débuts à La Haye aux côtés de I-F à ses vidéos délirantes avec Willie Burns, c’est un artiste confirmé mais désinvolte face au “sérieux académique” de la techno allemande qui s’est confié au public lyonnais venu l’écouter. Des heures plus tard sur la scène du Transbordeur, on a retrouvé le même personnage peu soucieux des règles sautillant devant ses machines et transmettant une techno énergique à son public. Le live du hollandais terminé, c’est Samuel Kerridge qui s’installe sur scène pour le dernier set de la soirée. A base de riffs assassins et de paroles scandées à travers un vocoder, la musique pleine de noirceur de Kerridge fait vibrer la salle jusque dans ses structures métalliques.

Red Bull Music Academy au Transbordeur

Sans pitié pour les danseurs fatigués de la veille, la RBMA a poursuit son week-end au Sucre pour un dimanche de DJs sets. C’est l’habitué des pentes de la Croix-Rousse et membre du Groovedge posse LB aka Labat qui ouvre les festivités dans l’après-midi. La nuit tombant, Mehmet Aslan, sans son compère Baris K tombé malade dans la semaine, fait groover la salle avec sa « disco halal », sélectionnant ses vinyles de disco turque avec soin.

À la suite du DJ turc, les allemands Superpitcher et Barnt se lancent dans un back-to-back aux sonorités plus froides. Pour la première partie de leur set, c’est Superpitcher qui donne le ton, et le duo enchaîne les morceaux à base de lentes et progressives montées. Petit à petit, Barnt fera avancer le set vers ses sonorités fétiches : la rythmique se fait plus saccadée et plus métallique. À entendre la seconde partie de leur set, il semblerait que Barnt nous réserve pour le futur un nouveau hit à l’image de son désormais célèbre « Chapell ».

Le 7 Février 2016 à Lyon, LB aka LABAT, Mehmet Aslan, Barnt b2b Superpitcher, Pional Musiq b2b Axel Boman dans le cadre de la Red Bull Music Academy au Sucre.

Pour clore la soirée, Pional et Axel Boman prennent place aux platines. Les deux proches collaborateurs de John Talabot, qui se retrouvent ensemble pour la première fois, préférent jouer des morceaux plus percutants et moins progressifs que ceux passés par Barnt et Superpitcher. Le résultat, bien que moins subtil, ne déplait pas au public sucrier du dimanche soir qui reste en grand nombre, même lorsque les deux djs décident de jouer les prolongations bien plus tard qu’annoncé.

RBMA Lyon

Crédits photo : Jacob Khrist