A l’évocation de la Finlande, les meilleur(e)s d’entre vous citeront la capitale Helsinki, le pilote de F1 Räikkönen, Nokia ou encore les quelques groupes métalleux que le pays envoie chaque année à l’Eurovision (avec une victoire en 2006 grâce au titre ‘Hard Rock Hallelujah’ des satanistes de Lordi). Pourtant le pays du Père Noël n’est pas fait que de hardeux. Il possède même une petite scène hip-hop, récente et assez intéressante, ou du moins pittoresque.

 

Fintelligens, les pionniers

rap finlandais fintelligens

En tant que plus grande ville du pays, Helsinki est en toute logique le berceau de cette scène méconnue. Et c’est le groupe Fintelligens composé de deux MC’s, Elastinen et Iso H, qui est véritablement à l’origine du rap finlandais. Car jusqu’à 2000, date de sortie de leur premier album Renessansi (chez Sony), le genre n’était qu’une vaste blague.

Sur des prods lourdes aux teintes soul voire funk, ils optent naturellement pour le finnois dans l’écriture des paroles. Leur flow accroche immédiatement l’oreille grâce aux sonorités agressives de la langue. En duo avec Petter & Peewee (deux rappeurs suédois) sur le titre ‘Stockholm-Helsinki’, Fintelligens traverse d’emblée les frontières. L’album sera disque d’or, tout comme les deux suivants.

Comme tout finlandais se respectant, le hockey est évidemment à l’honneur. Le single suivant, composée à l’occasion des mondiaux qui se tenait en Finlande en 2003, fut un réel succès. Il marque aussi le retour des guitares saturées – jamais très loin dans ce pays – sur leurs prods.

Par la suite le groupe enchaînera quelques succès nationaux, avant de créer son propre label. Aujourd’hui les deux MC mènent chacun leur propre carrière solo.

 

Gee (ex – Pikku G), le bad boy

rap finlandais Pikku G

C’est à seulement 16 ans que le « petit » se lance dans le rap game. Flirtant avec la pop de centre commercial, le gamin de la banlieue d’Helsinki connaît une ascension fulgurante. Signé chez Warner, il sort Räjähdysvaara en 2003, écoulé à 121 204 exemplaires (soit quadruple disque de platine), et enchaîne immédiatement avec un autre album Suora lähetys, qui sera lui aussi disque de platine.

Prods lancinantes, violons et choeurs religieux, casquette à l’envers sur bandana : on est presque sur du R’n’B. Gee souffle un vent aussi nouveau qu’éphémère sur le rap finlandais.

Le succès est tel qu’il se présente aux élections parlementaires finlandaises en 2007, après avoir soutenu le parti centriste en 2006. Mais la médaille a son revers. En 2009 il est arrêté pour conduite sous emprise de drogue. Un mois plus tard, il est grillé avec des trafiquants de coke. S’il niera être impliqué, il sera arrêté l’année suivante avec dix grammes sur lui (d’après le Helsingin Sanomat dans son édition du 30 mars 2010). Triste fin.

 

Mäkki, la frange gangsta rap

Makki

C’est à Vantaa, une ville proche d’Helsinki, que l’on peut retrouver la frange gangsta rap finlandaise. Du vocodeur façon Booba, un phrasé haché et des prods que Kaaris ne renierait pas : tout les ingrédients sont réunis, même si Mäkki est originaire d’Estonie.

Ici en duo avec le fameux chanteur R’n’B Kube, avec lequel il devrait co-écrire un album en 2016, Mäkki détient une petite notoriété. Signé chez Sony, il compte tout de même trois albums à sa discographie.

 

JVG (ex Jare & Ville Galle), TTC à la finlandaise

Jare & Ville GalleDisque d’or et icônes musicales des mondiaux de hockey remportés par la Finlande en  2011, les JVG sont les véritables showmen du rap game finlandais. Des instrus sorties tout droit des 80’s – parfois aux allures de bande-son pour jeux vidéos des années 90 – et un rap guère conscient, le tout signé par deux MC’s complètement allumés et au second degré sans limite : ce groupe est culte. A tel point que leur chanson ‘Häissä’ (le mariage) a été élue tube de l’été 2011 en Finlande.

 

Chebaleba, l’homme du moment

Chebaleba

Il est blond, le cheveu long et skate, casquette sur le crâne, à l’occasion de quelques vidéos. Chebaleba (Teemu Saario de son vrai nom), est l’un des piliers de la scène rap finlandaise actuelle.

Le choix de la langue finnois rend son flow d’autant plus cinglant. Et même si ses paroles sont parfois d’une originalité douteuse (récits de fêtes ou d’après-midi chill sont fréquemment au menu), Teemu n’hésite pas à transcender le quotidien finlandais sans artifices, quitte à se clipper devant sa Peugeot Partner sous la neige.

 

Dernièrement, le rappeur d’Helsinki a démontré l’étendue de ses capacités en optant pour une prod minimaliste, sombre et assourdissante. Multipliant les duos comme des petits pains, enfilant les influences variées comme des perles, Chebaleba est incontournable.

Egalement capable de s’introduire sur des beats lascifs et des prods groovy sur lesquelles il gratifie l’auditeur de quelques « swaggy » tout en harmonie et mélodies, Teemu a le flow sensuel. Il s’avère être actuellement le meilleur représentant du rap game finlandais. Prêt pour l’exportation.

 

Lahti United, la ville en étendard

Lahti United

Actuellement, c’est le crew baptisé en l’honneur de la neuvième ville du pays, Lahti, qui assure son rayonnement dans le rap game finlandais. Dans un style plus agressif et avec un phrasé bien plus rapide que chez leurs confrères, la bande Lahti United se distingue par la multitude de rappeurs venant poser des punchlines acérées chacun leur tour.

 

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