Si vous n’êtes pas encore familiers avec le Primavera Sound, permettez-nous de faire les présentations : au coeur de Barcelone à la fin du mois de mai, le Primavera fait partie des plus grosses machines festivalières d’Europe. Sa dernière édition affichait comme têtes de file le combo  « Arcade Fire – Queens Of The Stone Age  – Kendrick Lamar », aux côtés de plus « petits » artistes comme Darkside, FKA Twigs, SBTRKT et Disclosure. Boum, victoire par K.O. de tous les line-up français.

Avec sa programmation infinie (à redécouvrir par ici) qui comporte tout le spectre des musiques pop et rock mais aussi bon nombre d’artistes hip-hop et électro, le Primavera a la particularité d’attirer énormément d’étrangers dans la capitale catalane.

Mais pour célébrer les racines indés dont il se revendique, le mastodonte espagnol a cette année décidé de mettre en place le Primavera Club, une édition hivernale qui s’axerait sur la découverte. À comprendre ici que si les noms de la programmation ne vous disent pas grand chose, ne vous affolez pas : vous n’êtes pas encore rincés.

Ce cousin souterrain de la version printanière présente en effet l’émergence indie et electro-pop à l’échelle européenne, soit les groupes devant lesquels vous vous extasierez peut-être l’année prochaine au Pitchfork. Pour vous donner un temps d’avance, on a écumé les salles de concerts pour défricher le meilleur de ce que le festival avait à offrir en produits frais :

 

Childhood : Petits deviendront grands

Nouvelle figure de la toujours aussi productive scène londonienne, ne vous fiez pas aux airs de pop enfantine de Childhood. Leurs morceaux sont plus complexes qu’il n’y paraît et, sur scène, le groupe sait lâcher les guitares. Si la voix reste très teen dans l’âme, les morceaux possèdent une densité qui se fait rare au sein des groupes d’indie pop. Leur popularité britannique n’a pas encore traversé la Manche, mais cela ne saurait tarder.

 

Strand Of Oaks : Gold folk

Erreur de planning, on a manqué Strand Of Oaks au profit du concert décevant de Younghusband. On peut toutefois vous prédire que sa « feel good » folk qui navigue parfois vers la pop, d’autres fois vers le rock, s’annonce assez fédératrice et primaire pour bientôt faire parler d’elle.

 

Eaux : L’électrochoc

Autre groupe issu de Londres, la nébuleuse électro-pop d’Eaux reste pour l’instant plutôt secrète. On les a d’ailleurs déniché dans les caves du Sidecar, bastion de la scène underground barcelonaise. L’ambiance du lieu comme celle du show est cryptique au possible : on pense à Fever Ray ou Austra post-virage électronique, une vibe futuriste en plus. Encerclée de machines, la chanteuse psalmodie des hymnes possédées plus qu’elle ne chante réellement. Mêlé à des beats entêtants et ravageurs, l’envoûtement est total. Malgré un nom dur à prendre au sérieux pour tout francophone.

 

Woman’s Hour : Dream pop à l’état brut.

L’univers de Woman’s Hour est doux, surfe sur une mer sans vagues et parle de coeurs brisés en y ajoutant une couche de sucre glace, juste assez pour que la recette finale soit plaisante sans trop tomber dans le mélo. Leur reprise inattendue de Dancers In The Dark de Springsteen confirme notre sentiment initial : Woman’s Hour est un groupe parfait pour les matins de gueule de bois.

 

Movement : La relève Modular est assurée

Si on connaissait déjà le potentiel des hymnes sensuelles de Movement, leur transposition en live a dépassé nos attentes. Sur scène, le groupe a la carrure et le charisme des grands, en plus de posséder le titre de « seul groupe à avoir réussi à donner de l’intérêt à une chanson d’Haim ». Les américains draguent sans vergogne le public espagnol sur le plus-que-sensuel Like Lust, l’hypnotisent sur Ivory et Control You, pour lui porter le coup fatal par une reprise sublimée de l’hymne Drunk In Love de Beyoncé et Jay-Z.

 

Alvvays : Rendez-vous manqué

On a manqué le concert d’Alvvays, lui préférant celui de Movement. Mais on vous conseille quand même de prêter une oreille aux chansons des canadiens : mené par une chanteuse blonde platine (couleur devenue obligatoire pour toute chanteuse indé qui se respecte), le groupe livre une pop légère et décomplexée, qui assume pleinement son syndrome de Peter Pan.

 

Bonus : Jungle, rois de la scène

Un album plébiscité qui a fait d’eux les “Next Big Thing” de l’année, mais une hype sur laquelle les membres de Jungle ne se reposent pas : têtes d’affiches du festival, leur performance a retourné la capitale catalane. Dans le décor magnifique du Teatre Principal, le groupe a magistralement enchaîné les morceaux son premier album, nous confirmant au passage qu’ils ne savent composer que des tubes.