Alors que la dernière mine de charbon de Grande-Bretagne, située dans la région du Yorkshire, dans la ville de Kellingley, vient récemment de s’éteindre, le britannique Perc, fondateur du label Perc Trax, déclame de son côté une ode à la musique industrielle dans un EP intitulé « Ma » et signé sur Stroboscopic Artefacts, le label de Lucy qui indique désormais vingt-six EPs au compteur.

Bizarrement, comme une réponse à la situation industrielle déclinante de la Grande-Bretagne, l’EP de Perc – qui signifie « espace » ou « pause » en japonais -, exprime lui aussi une certaine idée du déclin. Le premier morceau, « The Death Of Rebirth » matérialise la résonance d’un marteau abîmé qui s’abattrait, dans un dernier élan de survie, sur une plaque en fer brisée par la crise économique, comme le symbole d’une vieille région du Nord de l’Angleterre noircie par les fumées désormais évaporées d’un charbon autrefois nourricier.

« Negative Space » suit le cours de cette histoire du déclin, et l’on se prend à imaginer la complainte de l’ouvrier qui rentre chez lui les bras ballants et les poches vides, trainant son bleu de travail jusqu’à chez lui – les notes d’un piano légèrement mélancoliques peuvent en tout cas susciter cette interprétation très libre de la techno de Perc. Enfin, avec « Ma », le dernier titre de l’EP, on imagine bien le travailleur désespéré donner des coups dans quelque chose, avant de s’éteindre lentement dans le désespoir.

Peut-être est-ce trop intellectualiser la musique de Perc, mais sinon que dire ? En s’éloignant d’une techno industrielle brute de décoffrage qui fait la part belle à une piste de danse qu’on imagine très bien située dans un hangar froid ou un sombre souterrain, et qu’on a pu constater, par exemple, à l’une des soirées Possession ou Drøm, Perc intellectualise lui-même sa musique en réduisant le tempo et en créant dans l’esprit de l’auditeur un espace propre à l’interprétation et à la réflexion.

L’EP est disponible ici et Perc se produira à la Machine du Moulin Rouge bientôt.