Du 2 au 7 décembre, loin des foules, des navettes pleines à craquer et du parc expo en ébullition, le duo Paradis propose une prestation haute en couleurs au théâtre de l’Aire Libre à Rennes. Et une prestation extraordinaire : il n’y a pas de variété française plus moderne. Il n’y a pas de clubber plus traditionnel. Il n’y a en fait pas grand monde que Paradis puisse envier.

Le premier concert de cette série s’ouvre avec Louise Roam, une multi-instrumentiste très influencée par le duo qu’elle introduit. Les instrus électro qu’elle contrôle depuis ses multiples claviers sont emballantes et les moments où elles se saisit de son violon apportent une vraie richesse à ses compositions.

L’ensemble demande cependant encore un peu de maturité. Mais même si sa voix gagnerait à être plus assurée, Louise Roam s’inscrit parfaitement dans l’esprit du festival des Trans, insatiable dénicheur de talent.

 

La configuration de la salle constitue toutefois un inconvénient de taille, puisque le placement assis annihile d’emblée tout mouvement de foule. Mais Paradis s’en accommode tant bien que mal. Venu présenter son nouvel album prévu pour le printemps 2016, le duo est accompagné d’un clavier supplémentaire et d’un jeu de lumières époustouflant.

Dans une posture de DJs qui leur est propre, Paradis transcende son genre. Les beats effrénés et les samples fiévreux inondent la salle, interrogeant un public statique. Quelques fans sont déjà debout et frémissent. Ils ne seront pas plus nombreux, en dépit des déclarations du duo qui suggère que « ce n’est pas parce qu’il y a des sièges qu’il faut rester assis ».

 

Leur sublime reprise de la “Ballade de Jim” ainsi que le “Bal des Oubliés”, sont les véritables points d’orgue de ce concert. Les instrus vrombissantes sont en symbiose parfaite avec leurs vocalises sensuelles. Ce mélange langoureux est rendu hypnotique par les lumières frénétiques. La fête est mélancolique, mais elle est belle. Puis le bruit laisse place au silence, la parenthèse se referme et l’instant, bien que court, nous suffit.

Dans une salle guère adaptée à leurs intentions, le duo confirme son ascension fulgurante et tout le bien que l’on pense d’eux, ainsi que de cet album qui se fait de plus en plus attendre. Ni artificiel, ni perdu, ce Paradis est incontournable, et accessible.