Une programmation indé alléchante, un cadre intimiste et trois jours sous le soleil (ou presque), le festival Heart Of Glass, Heart Of Gold promettait de clôturer la saison estivale d’une bien belle manière. Ce qu’il a fait sans problème, malgré les intempéries et les quelques annulations.

BRNS raffle la mise du vendredi

Avant que la douche ardéchoise ne force l’annulation de la plupart des concerts du vendredi, on assiste à celui des belges de BRNS venus défendre leur second album Patine. Et bien qu’ils soient encore jeunes, on peut difficilement parler de débuts tant le groupe maîtrise la scène. Grâce à l’enchaînement sans faute des deux premiers singles « Void » et « My Head Is Into You », la majorité du public est conquise dès les premiers morceaux du set.

Entre pluie battante et accalmies, le groupe enchaîne les titres sans répit. Avec « M.E.X.I.C.O. », tube imparable de leur 1er album Wounded, on atteint l’apogée d’un concert passé sur orbite, qui s’achèvera plus tard sur un final magistral.

Il faut dire qu’au delà de la force percussive des mélodies et d’une voix atypique et charmeuse, ce ce qui scotche chez BRNS c’est le plaisir que ces gars prennent à jouer ensemble, et l’équilibre qu’ils arrivent à trouver dans une musique qui accumule pourtant les éléments sonores.

Fait assez rare pour être dénoté, le batteur assure aussi le poste de chanteur principal et s’avère bluffant dans les deux rôles. Cette singularité impressionne d’autant plus que les percussions jouent ici un rôle central et sont la cause de notre irrépressible envie de danser. Bref grâce à BRNS, beaucoup d’amour traîne dans l’air pour un premier soir.

Mondkopf déchaîne les enfers

Initialement programmé à la suite de BRNS, Mondkopf n’aura qu’une dizaine de minutes pour s’exprimer sur la scène extérieure du festival. Depuis un certain temps déjà, les nuages s’amassent et des éclairs lointains sillonnent le ciel, guettant la foule d’une menace sourde. L’arrivée torrentielle de l’orage et de la pluie (qu’on qualifierait plutôt de douche montagnarde) stoppe net le concert et force le rapatriement vers des lieux plus abrités.

De quoi se demander si Zeus n’a pas choisi ce moment pour abattre sa colère sur celui qui a nommé son dernier album Hadès et explore sans complexe les tréfonds du chaos avec sa techno destructurée. Un concert manqué que l’artiste rattrapera le lendemain sur la scène du club par un DJ set fascinant, tout aussi enclin à réveiller les morts.

Moodoïd, une odeur de Connan Mockasin

Si le parisien et son groupe féminin commence à jouir d’une belle réputation, on a pour notre part assez peu accroché à ses éculubrations enfantines ascendant psyché. Difficile en effet de se détacher de l’idée d’un wannabee-Connan Mockasin à la française tant certains de ses titres s’y apparentent.

Le groupe joue plus que bien et sait accompagner son leader sans accrocs, mais on reste stoïque face à la voix de crécelle de ce dernier : la démarche est compréhensible mais peine à nous toucher. Et avec un groupe au style aussi prononcé que Moodoïd, on peut difficilement éviter les questions de goût. Quant aux couleurs, il y avait aussi de quoi faire.

Public Service Broadcasting embarque en trip instrumental

Duo anglais au look improbable et aux dégaines dandy-geek, Public Service Broadcasting nous livre ses délires instrumentales qu’on pourrait globalement qualifier de “rock cérébral, mais qui tâche”. Composé d’un batteur et d’un homme-orchestre qui alterne guitare, synthés et banjo, le groupe se présente sur scène sans même un micro et communique avec le public à l’aide d’une voix robotique enregistrée, qui nous demande si on parle allemand ou expose son bonheur d’être au fin fond de l’Ardèche avec nous.

Si on n’est pas certains d’y voir l’avenir de la communication artiste/public, il faut concéder que le groupe donne assez à voir et à entendre pour se passer de paroles : avec la richesse des mélodies, l’étrangeté de l’esthétique et les vidéos ambiance années 20 qui tournent en fond, l’absence de chant se remarque à peine. Public Service Broadcasting est en définitive un groupe à l’univers particulier, mais qui arrive sans problème à nous embarquer avec lui.

La Femme semi-ressort

Les shows de La Femme sont réputés pour créer des clivages, et on retiendra de cette édition un passage mitigé. Bien plus dans la retenue qu’à son habitude, le groupe nous livre sa surf-pop sans grand entrain, tandis que sa chanteuse téléportée semble se forcer à tendre vers les aigus comme l’énergie. Après avoir expédié les paroles lancinantes de « La Femme Ressort », le concert s’achève sur une longue phase instrumentale. La Femme aborde ici un virage plus planant que la messe pop attendue par beaucoup, peut-être pour coller avec le cadre intimiste du festival.

Car c’est bien ce qui détonne avec le cadre de Heart Of Glass Heart Of Gold : ce côté simple et détendu, cette impression d’être en colonie de vacances. Loin des grosses machines festivalières, l’évènement joue sur la proximité. Et puisqu’il a été annoncé que cette édition serait la dernière sur le site campeur de Ruoms, on leur souhaite de trouver un nouveau cadre qui puisse aussi bien coller à cette ambiance.

Et aussi :

L’impressionnante performance à deux batteries de 2 Boules Vanille, le concert surprise de Motorama, les DJ sets d’Hartzine, la techno psyché aux influences cold-wave et post-punk de Red Axes, l’ambiance pool party/spring break du set ensoleillé d’Acid Arab, en clôture du festival.