S’il y a des artistes dont la musique peut s’inscrire dans la bande son d’une existence à la première écoute, nul doute qu’ Ocoeur en fait partie. Le tissage sonore complexe de ses compositions s’allie à de sublimes textures qui font de son deuxième album “A Parallel Life” un des meilleurs albums de cette année, bijou incontestable du label n5MD.
Encore peu connu (mais surement plus pour longtemps) Franck Zaragoza aka Ocoeur a gentiment accepté de répondre à nos questions :
Présente toi pour celles et ceux qui ne te connaissent pas : d’où viens-tu, quel est ton parcours musical ?
Je suis originaire de Bruges (en France). C’est au cours de mes plus jeunes années que mon engouement pour la musique s’est rapidement prononcé. Ma mère passait pas mal de disques à la maison. Ce qui m’a globalement initié à la musique, souvent classique, mais aussi entre autres des titres de l’époque dont je n’ai plus le nom en tête. Les mélodies de Chopin, Grieg ou encore Beethoven m’emportent encore au large.
Plus tard, en écoutant des titres comme ceux de Moby, Gridlock, Hecq ou encore Aphex Twin et Brian Eno, que mon inspiration et ma créativité se sont éveillées. Très vite j’ai voulu moi aussi créer des ambiances, des histoires. La machine était lancée, je voulais m’exprimer. Au fil des années je me suis donc intéressé à peu près à tout ce qui ce faisait musicalement, dont la MAO et les instruments électroniques. Une fois que quelques unes de mes productions sont arrivées à maturité, j’ai ciblé selon l’univers et l’atmosphère qui s’en dégageait. Mon orientation sur n5MD, par exemple, s’est fait tout naturellement. C’est lorsque j’ai appris que le duo Gridlock s’était dissout et qu’un des gars avait monté son propre label par la suite. Je me suis plutôt retrouvé au travers des disques qui y sont sortis.
En écoutant ta musique, on a comme l’impression qu’une vague mélancolie teinte l’ensemble sans pour autant tomber dans l’amertume. Comment définirais-tu ta musique ? Qu’y exprimes tu ? Quelles sont les thématiques qui y reviennent ?
Je laisse toujours le soin aux auditeurs de définir ma musique. Ce n’est pas par timidité ou par pudeur, simplement je ne veux pas influencer ce qu’ils peuvent ressentir ou imaginer. Un peu à la manière d’un film de David Lynch, qui est une influence majeure pour moi, où il tente de ne jamais expliquer le sens de ses œuvres. Je tente de créer des univers à la fois esthétiques et oniriques sans forcément définir une histoire ou une thématique. Bien que je souhaite tout de même y garder une couleur homogène.
Parle nous de ton dernier album A Parallel Life: le considères-tu comme une suite logique de l’album précédant ou comme un projet complètement indépendant ?
Une suite logique non, je le considère comme une pièce à part entière. Tout comme ‘Memento’ qui ne définit aucun lien direct entre les deux opus. La seule progression que je peux néanmoins relever se fait en terme de structuration, de mixage et de mastering, qui restent cependant encore en constante évolution.
Et comment l’as-tu conçu ?
L’équipement est le même que pour l’EP et l’album précédant. C’est surtout mes intentions et ma démarche qui changent. Je me suis inspiré de nombreux rêves lucides que j’ai pu faire à répétition, à peu de temps d’intervalle. Ils étaient assez déroutants. Sur la longueur la réalité et la fiction me semblaient confus. Chaque matin je prenais le soin, dès mon réveil, de décrire ce que je ressentais. J’ai voulu exprimer et décortiquer cet univers là. À l’inverse, ‘Light as a feather’ avait un enjeu plus lyrique et métaphorique.
Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Au moment où j’écris j’écoute le titre Heaven de I.Monster. Un bijou. Sinon de manière générale tout y passe (musique de film etc.)
“A Parallel Life” est un très bel album qui donne l’impression d’avoir été travaillé avec une extrême minutie. L’ensemble est plein de textures, de constructions sonores complexes, de glitches….comment est-ce qu’on appréhende le live pour un album comme celui-ci? Est-ce que tu prends des libertés dans l’interprétation sur scène ou est-ce que tu tentes de reproduire au mieux l’esprit de l’album dans sa version studio ?
Je te remercie pour ces quelques mots. J’apprécie. À vrai dire je suis en collaboration depuis de nombreuses années maintenant avec le VJ Bordelais Hieros-Gamos, ce qui apporte un élément majeur et essentiel à mes lives : l’immersion. Reproduire ce que je fais en studio n’est tout simplement pas possible, du moins pour l’instant. Je passe énormément de temps sur la partie rythmique et mélodique. J’essaye de trouver un juste milieu. Ce que je cherche à faire ne relève pas de la prouesse technique, ce n’est pas ce que cherche à faire. Ni à reproduire obligatoirement note pour note mes morceaux. Je garde une trame logique et homogène tout en apportant un maximum d’effets de surprise.
Enfin, quelles sont tes prochaines dates pour celles et ceux qui voudront te découvrir sur scène ?
J’ai commencé avec une release party de “A Parallel Life” le vendredi 26 à l’iBoat de Bordeaux. Puis à la nouvelle édition de l’Electropark Festival à Gênes en Itali, le 30 Octobre aux côtés de Âme, Port-Royal et Abstraxion entre autres. J’enchainerais sur Paris le 14 novembre pour la première édition du Transient Festival, aux côtés d’Arovane, Fennesz, Kangding Ray et bien d’autres.
Ocoeur – A Parallel Life est maintenant disponible sur n5md
TRACKLIST – A PARALLEL LIFE
Universe
L’horloge
First Highway
Kofski*
Ostz North
A Parallel Life
Beyond
Infinite*
Red*