Jeudi, 21h30, le Bus Palladium. Encore une fois, il flotte. C’est à croire que la pluie prend un malin plaisir à nous tomber dessus quand on va voir un concert. Qu’importe, c’est dans le cadre du MaMA Event que l’on retrouve Netta, la RP des I Am Un Chien !!, devant cet endroit mythique du rock’n’roll parisien. Après avoir été refoulés par la team du Bus pour monter en haut (restaurant oblige), le groupe, leur clic et nous, finissons au bar d’en face autour d’un verre, à l’ancienne. Entretien décontracté avec ce trio heavy electro qui décrasse les tympans à grands coups de beats et de riffs incendiaires.

Hello guys ! Comment ça va ? A ce que je vois David n’aime pas la pluie…

David Fontao (chant) : Ah non ! J’aime pas la pluie, c’est chiant… Je ne suis pas un chien. Je suis un chat, un petit chat putain de sa race.

Raphaël Lopez (machines) : Allez, ronronne donc avant ton concert.

Alors ça faisait quelques temps qu’on n’avait pas entendu parler de vous. Comment se passe la promo du nouvel EP ?

David : Bah écoute, ça se passe super bien. Ça fait un moment déjà oui, le clip date d’il y a un an… Après “Do It” on l’a amené petit à petit parce qu’on était en studio. Du coup, en même temps on testait les nouvelles tracks et ses nouvelles facettes. On a gagné le coeur de nouvelles personnes, d’anciennes… du coup ça se passe super bien.

Et justement le clip de Humanity est sorti l’an dernier. Pourquoi avoir tant tardé à sortir l’EP ?

Douglas Cavanna (guitare) : Sur les morceaux de Humanity on avait des trucs à modifier. On voulait bien tout peaufiner correctement et bien préparer la sortie, enchaîner la promo, préparer la tournée ensuite. On a mis du temps à caler tout ça. On a voulu faire les choses bien.

A vos débuts, vous testiez les morceaux sur scène avant de les sortir. Est-ce que vous procédez toujours de la même manière? Ou est-ce que vous avez changé votre démarche ?

Douglas : Non… on est assez libre là-dessus. On a enregistré à peu près 15 morceaux dans le sud il y a un an… On les sort petit à petit selon nos envies mais on ne tient pas compte du public. On essaye de se faire confiance à nous-même, d’être spontané, si on est dans cet état d’esprit le public le ressentira. De toute manière, depuis le début du groupe on a toujours essayé d’avoir un style, de surprendre les gens et tenter des nouvelles choses. De nous étonner nous-mêmes tu vois, entre hip hop, rock indé, metal…

Oui, parce que j’ai cru comprendre que vous aviez été élevés au rock indé…

Douglas : Ouais tout à fait. Au départ avec David on avait un groupe de rock. Et on était fan de QOTSA, At The Drive-In, des trucs comme ça. C’est toujours ce qu’on a voulu garder dans I Am Un Chien !!, cette influence rock qui donne un côté vivant.

David : Ça s’entend de toute façon. Si on était influencé que par l’électro on entendrait une production à la Bloody Beetroots. Enfin je parle en vénère tu vois, plus de kick snear, enfin plus de trucs comme ça.

Alors que sont devenus les autres morceaux qui ne sont pas présents sur l’EP ?

Douglas : Oh bah ils vont arriver aussi, on est en train de les travailler. En fait, on s’est dit qu’on allait la jouer comme à l’époque de myspace, sortir track by track et voir ce que ça donne. On est en train de garder des cartouches pour la suite, pour les sortir au bon moment. Là on compose de nouveaux morceaux… Il y aura de nouvelles surprises d’ici la fin de l’année. Notre logique c’est de sortir des tracks au compte goutte sur le net et puis voilà.

Raphaël : En plus aujourd’hui c’est un gros bordel de faire un LP, de sortir un quota de morceaux, faire un album avec le marketing, la com’ et tout le reste… C’est tellement plus simple de sortir deux trois titres à droite à gauche. On se simplifie la vie. Nous notre métier c’est de faire de la musique… On a envie de se faire plaisir. De faire plaisir aux autres. On sort des titres quand on le sent et puis voilà.

Sur “Humanity” on sent une grosse différence dans le son. Pas tant dans son côté plus pop voire new wave que vos anciens travaux mais surtout parce que vous avez embauché un batteur. Ras le bol des samples ?

David : Pierre Belleville, c’est le batteur, il a fait toutes les parties batterie sur l’EP, pendant toute la durée où on était en studio. C’est une vraie rencontre qui s’est faite. On était sur le Trianon pour aller voir The Dø à l’époque, et il nous a dit qu’il kiffait ce qu’on faisait et nous a invité chez lui pour jouer de la batterie. On s’est dit “ouais ok on va y aller”. Il nous a dit de mettre du I Am Un Chien !! et il a commencé à jouer par dessus. On a fait « wow ». C’était magique, on a compris qu’il fallait absolument qu’on bosse avec lui. On avait besoin de boucles de batteries. On allait pas encore sampler des vinyles comme d’habitude. Alors oui, c’est sûr que c’est pas la même direction artistique. Finalement, on s’est dit que les samples ouais c’était classe, ça donnait un truc épuré, ça s’entend, et comme on vient d’une scène rock on s’est dit “allez, on fait un truc rock cette fois-ci”. Un truc burné à la Nine Inch Nails dans lequel tu mélanges humain et machines. Après, je ne dirais pas qu’on en a marre des samples non. D’ailleurs dans l’EP t’as plein de samples. On a du en enregistrer plus de 80, un truc comme ça.

Douglas : C’est comme ce que je te disais tout à l’heure, à chaque fois on veut expérimenter de nouvelles choses. Là, il se trouve qu’on a rencontré ce batteur et on l’a trouvé vraiment fat.

David : Du coup en studio on a fait jouer Pierre, mais en live on a une autre formule. A trois, avec les parties de Pierre mais remixées en version électro. Parce que ça fait bizarre avec seulement une batterie acoustique. Mais on a répété avec lui pour une autre configuration live résolument dédiée aux festoches… et là c’est monstrueux. Les tracks pour les clubs, à trois c’est parfait. Mais dès que la scène est plus grande… C’est fou, mais laisse tomber quoi.

Du coup, comme tu es gratteux Douglas, ça doit te changer un peu de jouer avec un batteur.

Douglas : Ouais c’est clair qu’en live c’est vraiment pas le même type de jeu entre machine et batteur. Avec lui t’as toujours une complicité mais c’est moins précis. Avec les machines c’est autre chose, c’est ultra carré, il y a moins de part à l’impro. Ce sont des jeux différents mais tout aussi cools et intéressants.

Côté lyrics, l’EP parle de l’humanité ou bien le titre fait uniquement référence à cette sorte de revirement musical, bien plus pop que vos anciennes productions ?

Douglas : C’est pas tant en fonction des lyrics. C’était plutôt d’ajouter de la vie. Tu vois, avoir pris un batteur pour jouer par dessus des trucs très droits l’illustre bien. On voulait amener de la vie dans quelques choses d’ultra carré.

David : Après les paroles, non… non je crois pas.

Douglas : I Am Un Chien !! ça n’a jamais été un groupe à paroles. C’est plus des gimmicks, un bon son qui tâche.

Sinon, quel est votre morceau favori de Humanity et lequel vous préférez jouer en live ?

Douglas : Je pense que celle que je préfère jouer en live c’est “Chronicle”. Clairement. C’est un truc…

Raphaël : C’est vrai que c’est dur à expliquer….

David : Non mais c’est une bonne question. Après, de mon côté c’est “Pure” parce qu’elle résume bien l’EP. Y’a du hip hop, de l’électro, t’entends la batterie qui arrive après la voix, de la guitare, du synthé… une synthèse de tout ce qu’est I Am Un Chien !!.

Douglas : Ouais non moi c’est “Chronicle”, j’aime bien l’effet crescendo qu’elle a en live. Tu écoutes la version studio et quand tu la vois en live ça prend totalement une autre dimension.

David : C’est vrai qu’en live pour le coup c’est “Chronicle” ma préférée.

Raphaël : Ouais pareil.

Douglas : Choix à l’unanimité. (rires)

David : Elle a quelque chose d’hyper aérien. Et puis en plus ce genre de track, sur scène, c’est nouveau pour nous.

Vous avez bossé avec José (Stuck In The Sound, NDLR) sur Come Back. David, comment c’est de travailler avec son frangin ?

David : C’est de la balle. Ce morceau là en plus il a été composé il y a très longtemps, presque trois ans. Il traînait sur un disque dur. Il a été écrit en même temps que “Brother”, le single des Stuck. Ce track là on l’a écrit avec mon frère dans la cave. Après le poulet familial du dimanche, on est allé en bas, et on se faisait chier. Comme j’avais des riffs on a commencé à jouer. Et les deux morceaux que j’ai composé de A à Z avec mon frère sont “Come Back” et “Brother”.

Alors I Am Un Chien, les Stuck, You !… Vous êtes une grande famille. Et d’ailleurs on n’entend plus parler de You !. Est-ce que vous avez mis fin au projet avec Romuald ?

David : Putain c’est un truc de fou comment You ! ça a eu un impact de malade…

Douglas : En fait c’est surtout Romuald. Il a composé tout le premier album et José a apporté sa patte. Ils ont vraiment fait ce truc là entre eux deux. Nous on les assistait en live et un peu en studio pour les arrangements.

David : C’est plutôt une histoire de confiance pour Romuald. En fait si tu veux c’est un génie ce mec, il a des chefs d’oeuvres dans ses disques durs qu’il garde depuis 10 ans. Et une fois mon frangin était chez lui. Ils étaient bourrés (rires) en fin de soirée, et José lui demande de lui faire écouter ses tracks. Il a kiffé et ils se sont dit : “Bah mec faut qu’on fasse un album quoi“. Donc You ! n’est pas mort, José est blindé de son côté avec les Stuck, nous on intervient pas parce qu’on compose pas, mais on a aussi I Am Un Chien !! et d’autres projets à côté… Du coup Romuald c’est un peu à lui de bouger son cul, j’ai envie de dire (rires).

Douglas : Non mais You ! c’est pas fini, et quand on aura le temps, on va reprendre un peu le projet, enregistrer de nouveaux trucs, tourner un peu.. Parce qu’avec eux on a pas trop eu le temps de tourner et d’exploiter véritablement le projet.

Ça bouge pas mal côté rock en ce moment, entre le dernier We Were Promised Jetpacks, le nouveau Interpol, et puis le dernier Death From Above qui ressurgit de nulle part…Vous écoutez quoi vous ?

Douglas : Euh… J’ai vachement scotché sur St Vincent. Je connaissais pas du tout. Je l’ai vu en live à Rock en Seine, j’ai pris une grosse claque. Et je vais la revoir au Pitchfork là bientôt.

David : Et puis le dernier Death From Above aussi qui est méchant…. Ça fait des années que j’écoute ça.

Raphael : Y’a Rusty aussi.

David : Ouais Rusty c’est bien.

Douglas : Et QOTSA.

Raphaël : En même temps on écoute toujours la même chose. (rires)

David : Bah ouais en même temps c’est toujours les mêmes. J’ai écouté le dernier album de Club Cheval avec Panteros avant sa sortie. Ça défonce sa race. Je fais la promo des copains, voilà, j’écoute Panteros, Stuck (rires). Et puis c’est tout.

Raphael : Ah y’a Las Aves aussi !

Ah oui, le nouveau projet de The Dodoz.

Raphael : Ouais ex The Dodoz. Faut vraiment écouter, c’est vraiment un travail intéressant. En tout cas musicalement c’est bien. Même s’ils ont pas forcément bien communiqué l’arrêt de leur ancien projet.

David : Ouais, mais bon c’est cool et ils sont bien entourés.

Doug : Moi j’aime bien le dernier The Dø. Je trouve qu’il est vraiment mortel.

Raphael : Ça fonctionne qui plus est. En terme de son, en terme de recherche, d’idées…

David : Vatican Shadow, c’est vraiment fou. En fait c’est un fan de Marilyn Manson qui fait de l’électro psyché…

Sous acide le mec.

David : Ah ouais non mais c’est que des boucles de malade. C’est ouf. J’ai l’impression d’entendre des films de Hitchcock. Ça me rend dingue. Genre Psychose de Hitchcock mais en son.

Douglas : Vatican Shadow ça tue sa race.

Vous êtes en pleine tournée, un nouvel EP, ça donne encore plus envie de jouer non ?

Raphael : Oh bah tu sais nous on a toujours envie. (rires)

David : Et puis à chaque fois qu’on sort un truc c’est pour jouer. Parce que les programmateurs ils ont besoin de ça, de sorties, des EP officiels pour se dire « allez on les booke ». Là, c’est la première fois qu’on sort un EP parce qu’on avait envie d’en sortir un. Avant aussi, mais c’était surtout pour jouer.

Cool ! En tout cas merci beaucoup les gars, et évitez de faire comme Fidlar qui avait pété le plafond de l’Espace B. (rires)

Douglas : Oh sérieux ? C’est chamné Fidlar en plus. Mais merci à toi !

David & Raphaël : Ouais merci !

Une petite heure après débute le live des Dogs. Et comme d’habitude, c’était le bordel. Si tu les as jamais vu sur scène va les voir. Sérieusement.