Le samedi 19 avril dernier, Simina Grigoriu venait nous secouer les tympans du côté de Montpellier, à l’Antirouille exactement pour la soirée Little Berlin. La belle roumaine est mariée à Paul Kalkbrenner et vit aujourd’hui à Berlin. Loin d’être simplement « la femme de… », Simina Grigoriu est d’abord une musicienne qui joue du piano et du violon. C’est ensuite qu’elle s’intéresse à la techno et signe sur des labels tels que Sonat Records, Intelectro Vibe & Frequenza Records. Elle nous raconte son sentiment face à la scène française, sa vision de la musique et son statut de femme dans ce milieu.



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Qu’est-ce que tu souhaites pour l’avenir ? Faire l’amour, de la techno, des enfants… Et des escalopes !

Le 19 avril dernier tu as joué à Montpellier pour la soirée Little Berlin. Avais-tu déjà joué dans le sud de la France avant cela ? Oh oui quelques fois dans plusieurs villes du sud et j’adore ! Nice, Toulouse, Bordeaux pour ne citer que celles-ci. La France est un chouette pays mais le sud est particulier en lui-même. J’y ai joué pour de big open-air aussi bien que dans des petits clubs et à chaque fois ça a été sympa.

Quel est ta vision du sud ? C’est vraiment relaxant et décontracté par rapport à Paris par exemple. Les gens sont dans un autre temps et tout le monde semble être élégant, pas seulement les riches, mais tout le monde a une sorte de sang-froid que vous ne trouvez pas dans les endroits très fréquentés.

Tu as signé sur des labels provenant de différents pays et tu as toi-même plusieurs influences de par ton histoire. Penses-tu que la musique se vit et s’exprime différemment à travers le monde ou bien qu’au contraire, la musique n’a pas de barrière ? Je pense clairement que la musique unit le monde. C’est comme un sourire, il nous communique quelque chose sans avoir besoin de mot. Chaque artiste a sa façon de créer mais je crois que les voyages nous aident à ouvrir nos esprits, nous rendent productifs, quoi que l’on fasse dans la vie. J’ai édité sur plusieurs labels parce que la musique semblait juste y correspondre à ce moment- là. Il n’y avait pas de rime ni raison, ça s’est juste fait et j’aime soutenir les petits labels.

Tu as appris le piano et le violon quand tu étais jeune, penses-tu qu’un DJ qui a appris la musique sera meilleur qu’un autre ? Je pense que cela aide à comprendre les mélodies/harmonies et c’est certain que cela peut aider en production, mais ce n’est pas une nécessité. Savoir les bases théoriques de la musique m’a aidé à construire mes mélodies, ce qui m’a permis de travailler sur des sons harmonieux. Cependant, j’ai oublié 99% de tout ce que j’ai appris et je continue toutefois de produire harmonieusement sans théorie. Juste récemment, mon frère Daniel Grigoriu m’a donné quelques leçons théoriques dans le but de composer de meilleures mélodies. Il s’est assis avec moi au piano dans notre maison et m’a enseigné – papier et crayon à la main – comme quand j’étais enfant (à part qu’il est de 4 ans mon cadet) Qu’est-ce que je peux dire ? Si vous avez accès à l’information, profitez-en ! J’aurai été une idiote de ne pas prendre de cours avec le meilleur professeur que je connaisse.

Tu as été top model au Canada. Y a-t-il des similitudes entre le monde de la mode et celui de la musique ? J’ai été top model quand j’avais 16/17 ans, puis j’ai étudié la communication graphique et le marketing à l’université. Et c’est cette expérience-là qui me sert dans mon business aujourd’hui bien plus que le fait d’avoir été modèle. Je suis capable de séparer la partie commerciale de mon travail avec la partie créative, la partie la plus animée de moi-même qui s’exprime sur scène. Cependant, pour répondre à ta question, la mode est dans mon cœur et c’est ce qui m’a poussé à faire modèle à l’adolescence, mais je ne l’ai jamais associé à la musique en particulier.

Quand as-tu rencontré ton mari Paul Kalkbrenner ? Et qu’est-ce que cela a changé dans ta vie ? 2008. Toronto. Tout. Il est l’amour de ma vie et j’ai toujours eu un énorme respect pour son travail. Rencontrer « sa moitié » et voyager à travers le monde change presque tout…

Est-ce compliqué d’être « la femme de… » ? Est-ce que tu reçois parfois des commentaires désagréables ? Non ce n’est pas difficile d’être la femme de Paul. Il est la personne la plus facile à vivre que je connaisse. Ça doit être un peu plus dur pour lui d’être MON mari, les filles peuvent être un peu folles parfois ! Non mais sérieusement, j’ai mes propres tiraillements parfois, bien sûr, avec les personnes qui pensent que Paul produit mes musiques, mais je n’ai jamais ressenti de jalousie, que de l’amour. C’est juste extrêmement agaçant quand je ne suis pas reconnue pour mon travail, mais ça ce n’est pas de mon ressort mais de ceux qui me jugent. On vit. On apprend. Je suis sacrément chanceuse d’avoir mon mari qui me supporte dans mes rêves. Tous les mecs ne sont pas aussi compréhensifs à ce niveau-là. Paul et moi pouvons remercier notre bonne étoile de nous avoir réunis à l’époque, avant Berlin Calling et avant le big boom qui a suivi. Nous en sommes tellement reconnaissants et nous savons que nous pouvons entièrement nous faire confiance.

A ton avis, quelle est la place de la femme dans le milieu du deejaying ? Est-ce difficile de se faire prendre au sérieux ? Je pense que si tu prends ton job au sérieux, les autres le feront aussi. A partir du moment où tu joues de la bonne musique, que tu travailles et sens que as du mérite à le faire, personnes ne peut te l’enlever. Cela dit, être une femme dans cette industrie dominée par les hommes me force à être encore meilleure car nous sommes tellement peu.

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What’s your wish in the future ? I want to make love, techno, babies, schnitzels

On the 16th of april, you are playing @ Montpellier for the Little Berlin Party. Have you ever played in south of France ? Oh Yes, a few times in various cities and I love it. Nice, Toulouse, Bordeaux, just to name a few. France as a whole is great but the South of France is like a place on it’s own! I’ve played big concerts as opening act as well as small clubs but it’s always great.

What your vision about this area ? It’s very laid back and relaxed, I find, compared to Paris, for example. The people are in another time and everyone seems to be stylish, not just the rich, but everyone has a sort of poise you don’t find in busy places.

You signed with labels which comes from differents countries, and you as well got multy influences by your story. Do you think there is a different way to feel the music though out the world or, on the contrary, music has no boundaries ? I definitely think music unites the world. It’s like smiling, you can communicate without saying a word. Making music is personal to each artist but I believe that our travels help to open up our minds and our output – whatever we do in life. I have released on a variety of labels because the music just seemed to fit at the time – there was no rhyme or reason to it – it just happened and I love to support small labels.

You leared to play violin and piano when you where young, do you think learning music makes Djs better ? I think it helps to understand melody/harmony and definitely can be useful for production, but not crucial. Knowing the basics of music theory has helped me to build melodies which in turn, I can work into harmonious sounds. However, I have forgotten 99% of everything I learned and still am finding a way to produce harmonious sounds without actually using musical theory. Only recently, have I been taking some musical theory lessons with my brother, Daniel Grigoriu, in order to be able to better compose melodies. He sits with me at the piano in our house and just schools me – pen and paper in hand – like when I was a kid (except he is four years younger than me!) What can I say – if you have access to information, exhaust it! I would be an idiot not to do lessons with one of the best teachers I know.

You where model in Canada, does there any similarities between fashion and deejaying world ? I was modelling when I was 16 and 17-years old, then I went to university and got my B.Tech in Graphic Communications and Marketing – THAT learning experience, I find, is more useful to me today than modelling, for my business. I am able to separate the business part of my job with the creative part as well as the more animated version of myself that I become on stage. However, to answer your question, fashion is in my heart as well and that’s what attracted me to do modelling this in my teenage years, I never related it to music in particular at that age.

When did you meet your husband Paul Kalkbrenner ? And What has changed in your life since then? 2008. Toronto. Everything. He is the love of my life and I have, and always have had, massive respect for his work. Meeting your “other half” and moving across the world changes most everything…

Is it complicated to be « the wife of… » ? Do you get some bad comments ? No it is not difficult to be Paul’s wife. He is the most easy-going person I’ve ever met. It might be harder for him to be MY husband – girls can be crazy sometimes! No but seriously, I have my own inner struggles sometimes – of course – with people thinking he’s producing my music and stuff like that, but I don’t have any jealousy toward him – only love. It’s jut extremely annoying when I don’t get recognition for my work – but that’s not in my hands, it’s in the hands of the silly person who’s judging me at the time. We live. We learn. I am so damn lucky that I have a husband who supports my dreams – not all guys on this level are so understanding, and both Paul and I can thank our lucky stars we met when we did – before Berlin Calling came out and before this big boom happened in our lives. We are so thankful for that and that we can trust each other in full.

In your opinion, what is the women situation on deejaying environment ? It is complicated to be taken seriously ? I believe that if you take your job seriously, so will others. As long as you play good music, and work and feel you deserve that stage, nobody can take that away from you. If anything, being female in this male-dominated industry actually makes me strive to be better since there are so few of us.