Gus Gus est un groupe à part entière, une entité pop-électro qui a survécu à tous les séismes musicaux depuis 1995. Leur parcours se résume en 8 albums : 5  sous le label 4AD et 3  sous Kompakt (24/7, Arabian Horse et le tout récent Mexico) . Avec 24/7, GusGus a pris un virage deep house, qu’il renforcera nettement avec Arabian Horse. Biggi Veira, producteur principal et taulier de Gus Gus et le parolier Högni Egilsson, nous racontent ici comment le groupe a évolué, tentent de définir une identité sonore propre à leur groupe et nous en disent plus sur la naissance du projet Mexico.

Bonjour GusGus ! Depuis l’arrivée de votre parolier, Hogni, sur l’album Arabic Horses en 2011, qu’il y a t’il de changé dans GusGus ?

Högni Egilsson : J’aime penser que j’ai apporté une nouvelle vague au groupe en terme de musicalité, de lyrics, de mélodie, de performance scénique. Depuis mon arrivée, il y a plus de voix et de parties chantées qu’avant. La voix a pris le dessus sur l’instrument. J’écris toutes les paroles de chansons que j’interprète.

Biggi Veira :  Quand nous avons commencé, nous étions 4 chanteurs. En 2000, ils sont presque tous partis de GusGus, nous avons donc commencé sur de nouvelles bases avec Earth (Urour Hakonardottir). Deux albums ont été produits avec Earth, Attention et Forever. Daniel August était aussi très présent sur ces deux albums. L’album 24/7 que nous avons produit avec lui était plus électro, nous avions changé notre musicalité. Puis, avec Arabian Horse, c’est devenu carrément deep techno. L’album a eu un vrai succès en Europe de l’Est, en Allemagne et en Angleterre. Cet album a créée une nouvelle vibration, un nouvel intérêt pour notre groupe Gus Gus. Avec Mexico, nous avons crée une certaine distance. En effet, Hogni est venu assez tard dans le processus de production d’Arabian Horses, sa touche personnelle n’a pas réellement déteint sur l’album. Sur l’album Mexico, il a travaillé avec nous du début à la fin. Il voulait développer son ton à lui, différent du notre. Nous sommes très fiers du résultat. C’est plus frais, plus léger, moins techno que Arabian Horse.

Högni Egilsson : Mexico est une pop futuristique, c’est un peu différent, pas aussi mystérieux qu’Arabian Horse. C’est plus fun !

Biggi Veira :  Avec Mexico nous avons eu un retour très positif de l’Angleterre et des Etats-Unis, que nous n’avions pas auparavant. Nous touchons des personnes différentes, nous avons amélioré nos performances live pour Mexico, c’est pourquoi nous pensons que c’est notre meilleur album depuis 1995 !

Högni Egilsson : Oui, nous avons collaboré avec de grands artistes qui souhaitent faire des remix de l’album. Par exemple, Maceo Plex, Michael Mayer et Sibold ont proposé un remix de CrossFade, c’est très encourageant !

Vous dites qu’avec l’album 24/7, votre musique a fait un virage deep. Il y a t-il une relation avec votre entrée sur le label Kompakt ?

Biggi Veira :  En effet, nous étions influencé par la vague allemande, nous voulions être plus deep. Nous étions proche d’artistes très techno comme Stephan Bodzin ou Marc Romboy. Nous commencions réellement à aimer cette musique, c’est pourquoi nous avons fait un virage techno. A cette époque, nous nous demandions “Sur quel label allemand nous souhaiterions être enregistré ?” Kompakt était unanimement la réponse, ils ont dit oui, donc c’est cool ! Maintenant nous voulons nous relaxer et faire quelque chose de moins prenant, moins sérieux.

Quelles étaient vos inspirations pour l’album Mexico?

Högni Egilsson : Pour un artiste c’est très difficile de savoir quelles sont ses inspirations. La femme qu’il aime, les longues nuits qu’il a passé à ses côtés.. Il y a tellement de choses différentes qui l’affecte et affecte sa musique. Pour Mexico, mes inspirations étaient une relation amoureuse pour laquelle j’étais obsédé. Si on écoute les paroles, on peut facilement deviner que cela parle d’un homme qui séduit une femme. Donc je séduisais une femme, je l’ai fait pour le fun, ca n’a pas marché… vous pouvez le devinez à la fin de l’album. La musique, c’est la trace écrite d’une période de vie.

Biggi Veira :  On peut dire que notre musique est séduisante sur le plan physique!

Ainsi, avec l’album Mexico, vous vous rapprochez plus de l’identité initiale de GusGus ?

Biggi Veira : Non, nous avons toujours fait quelque chose propre à notre identité, à nous même. Nous produisons la musique avec notre coeur. Les personnes au sein de GusGus changent, mais notre musique reste authentique.

GusGus a gardé le même nom depuis 1995 bien que les musiciens le composant aient changé à plusieurs reprises. Pourquoi avoir choisi de conserver le nom? 

Biggi Veira : Les 3 producteurs que nous sommes, Daniel August, Stephan Stephensen et moi même, avons toujours été plus ou moins présents. Tant que nous avions des réponses positives du public, nous avons continuer à jouer sous ce nom.

C’est quoi le genre GusGus ?

Biggi Veira : Nous ne jouons pas une musique spécifique, nous pouvons dire que nos chansons sont orientées pop. Notre musique est influencée par tous les genres, depuis les années 70 à aujourd’hui !

Högni Egilsson : Les sons que nous avons développé aujourd’hui, la musique de Gusgus n’appartient pas à une époque spécifique ou un genre particulier. Si tu es stricte, tu regardes la musique comme un son et non comme une mode. La musique jouée aujourd’hui présente une fréquence plus élevée, c’est un peu persistant, dur, direct. La musique est un langage esthétique. C’est très important pour tous les groupes, particulièrement pour Gusgus qui a joué durant des années, de comprendre que quand on parle à une société, il faut se donner entièrement, sans prendre en compte son environnement. Gusgus enregistre depuis 1995, le groupe réclame un certain respect. Nous sommes les GusGus de l’électronique musique !