La talentueuse Djette, productrice et designer Berlinoise Ellen Allien revient sur le devant de la scène avec la sortie prochaine de LISm, un album où figure un étrange et unique morceau de 45 minutes… Initialement conçu pour le spectacle de danse Drama Per Musica, dont les représentations se sont tenues en 2011 au Centre Georges Pompidou à Paris, LISm sortira sur le label de la belle (!), BPitch Control fin février.

Interview

Salut Ellen ! Tu viens d’annoncer les détails de ton dernier LP, LISm, et on est très excités à l’idée de cette nouvelle sortie !

Bonjour, ravie de vous rencontrer. Pour le moment je suis encore au Mexique, d’où je vous envoie plein de soleil.

Parlons un peu de LISm… Comment en es-tu venue à composer pour le spectacle de danse Drama Per Musica ? As-tu contacté directement les chorégraphes et danseurs de la pièce ?

Alexandre Roccoli et Sévérine Rieme mʼont présenté le projet et m’ont demandé de mʼoccuper de la musique. A ce moment là le timing sur scène et le contenu étaient prêts, je suis allée en studio avec Thomas Muller pour enregistrer les instruments analogiques. Avec les enregistrements d’Alex Roccoli, très industriels et riches en vocaux, jʼai commencé à composer une musique qui se marierait le mieux possible avec l’action sur scène.

Nous avons présenté la pièce une fois au Centre Pompidou à Paris dans le cadre du festival de danse Spectacles Vivantes. La composition a dormi un an et demi sur mon disque dur. Dʼun coup jʼai eu envie dʼutiliser une partie de mes morceaux enregistrés pour en faire une nouvelle pièce.

Au studio avec Bruno Pronsato, nous avons commencé à enregistrer ma voix, des guitares, et jʼai composé des nouvelles parties. LISM est une bande-son personnelle avec une histoire complètement différente, totalement libérée des structures de chansons ou arrangements. Je voulais essayer dʼévoquer une ouverture des divers niveaux mentaux en lʼécoutant. Des collages, vagues, sons, voix, beats et instruments analogiques se retrouvent en différents mondes. Cʼest ce que je ressens en lʼécoutant.

L’idée de composer pour un spectacle était-elle totalement nouvelle pour toi à ce moment là ?

Non pas vraiment : mes clips musicaux montrent des danseurs, jʼai travaillé avec des chorégraphes par le passé. Par exemple, la vidéo BIM. Jʼy ai pris un grand plaisir, cʼest une question de timing et il faut suivre un planning exact pour en faire quelque chose de très précieux.

Est-ce que tu jouait en live pendant la performance Drama Per Musica ?

Je faisais les transitions entre les morceaux et un peu dʼaction sur scène.

Composer pour un spectacle de danse n’a évidemment rien à voir avec la conception d’un album, qui est peut-être plus personnelle. As-tu abordé la musique différemment pour LISm ?

Cela faisait plusieurs années jʼavais envie de faire une bande-son, quelque chose qui puisse me libérer de produire track après track. C’est un voyage musical que je viens de faire. Drama per Musica mʼa poussé. LISm est comme une libération pour moi. Pouvoir utiliser au feeling plusieurs instruments : des cloches, xylophones, percussions, guitares, jouées sur différents matériaux, etc.,  tout cela a été très ludique.

Comment as-tu travaillé avec les chorégraphes/danseurs ? Les as-tu souvent concertés au cours du processus d’écriture de LISm ?

Il y avait déjà des sons, des voix, la mise en scène et lʼhistoire avant que je me joigne au projet. Cela mʼa donné la possibilité de bien me mettre dans la pièce et de composer la musique. Jʼai produit co-produit la musique pour Drama per Musica à la maison avec Thomas Muller.

En revanche, LISm a été co-produit avec Bruno Pronsato, et nous avons changé beaucoup dʼéléments par rapport à Drama Per Musica, cette bande son initiale n’est plus vraiment reconnaissable. LISm est une oeuvre à part entière et autonome .

Tu as composé la musique de Drama Per Musica avec Thomas Muller. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette collaboration ?

Thomas Müller est mon producteur techno préféré chez BPitch Control. Nous nous sentons très connectés musicalement. Il travaille longtemps sur ses tracks et le son quʼil programme est soigneusement choisi. Cʼest pour cela je lui ai demandé de m’accompagner dans la composition de la musique de Drama per Musica.

Pourquoi avoir décidé d’en faire un LP, un an après le projet initial ?

J’ai passé 6 mois à Ibiza pendant lesquels j’ai souvent écouté la bande-son du Drama per Musica. Dès mon retour à Berlin dans une vie plus urbaine et sombre, jʼavais envie de retourner en studio. Cela faisant un moment que jʼavais envie de faire un nouvel album, mais dʼun coup jʼai ressenti le besoin de reprendre des morceaux de la bande-son, les enregistrements que je trouvais géniaux, et de les mélanger avec mes sentiments de vie actuelle.

Le résultat : LISm.

Tu as co-produit LISm avec Bruno Pronsato. Avais-tu déjà travaillé avec lui ?

Non, jamais avant. Il a fait un album génial avec sa petite amie. Je lʼai contacté parce que jʼadore son sound.

A l’écoute, LISm apparaît comme une oeuvre atypique et envoûtante,  qui nous entraîne dans un univers musical extrêmement riche et varié. Comment penses-tu que les auditeurs vont réagir à une production qui sort autant de l’ordinaire ?

Les auditeurs vont le sentir ou pas. Ce nʼest pas moi qui vais le décider, ce sont les auditeurs. LISm me réveille et me met dans une autre dimension. Jʼaime beaucoup lʼécouter quand je suis à la maison ou en train de faire la cuisine. Ca m’amuse et me rend plus créative.

Je lʼécoutais aussi en me promenant sur la plage de Tullum, quelle côte !

Est-ce que tu envisage d’intégrer un peu de LISm dans tes sets ?

Il nʼy a encore rien de prévu. Je suis un DJ de passion. En Mai je retourne à Ibiza en jouant au DC10 toutes les deux semaines, on verra…

Quelque chose à ajouter ?

LOVE IS IN THE AIR

Ellen, merci beaucoup de nous avoir accordé cette interview, on a hâte de ton prochain passage en France ! 

Je vous remercie beaucoup. Je vous souhaite le meilleur —- see you in France. Impatiente de revenir en France. J’aime la France.

Ellen allien

PS: some new projects…