Javon Johnson travaillait dessus avec acharnement depuis longtemps. Nuits et jours, le rappeur de Houston, enfermé dans son appartement, pèse chaque mot et chaque rime pour ce qui est d’ores et déjà l’un de ses plus grands projets : Windows Media Player. A noter la particularité de cet album qui n’est que partiellement diffusé sur son compte Soundcloud. Certaines pistes restent en effet soigneusement dissimulées, du moins pour le moment.

Si Javon Johnson ne s’est pas encore décidé à passer derrière les claviers pour produire ses propres instrus, c’est toujours bien entouré que le rappeur s’est lancé dans l’enregistrement du projet. Au rayon de ses producteurs inconnus mais au talent indéniable, on trouve From The Shadow, Sahmbeau, Contour ou encore Suprchnk. Tous apportent une pierre considérable à l’édifice. La variété de producteurs est une véritable richesse pour Windows Media Player, qui oscille entre influences jazz, blues et hip-hop underground.

Mais un projet de Javon Johnson n’aurait pas raison de naître s’il ne laissait pas la place à la puissance des mots. Aussi, plusieurs de dizaine de secondes sont consacrées à des discours – comme une discussion entre un psychologue et son patient sur Dr. Epstein. Sans musique aucune pour altérer le poids de ses messages, le rappeur de Houston s’en remet une nouvelle fois aux mots pour se libérer.

Javon Johnson

Sur des prods langoureuses, Javon Johnson sublime les conflits internes de son existence, pour mieux les relier aux difficultés de son quotidien. Toujours juste, rarement dans l’excès, le texan livre ici un album d’une lucidité vertigineuse et intrigante. Sa quête de perfection est une nouvelle fois menée à bien : l’harmonie de ses textes et des prods est immédiate. Après plusieurs EP, sortis presque sous forme de petits comtes ou de nouvelles, Javon Johnson démontre sa capacité à prolonger l’expérience.

Le froid réalisme de ses textes est impressionnant et interpelle. Avec Windows Media Player, le rappeur de Houston signe un véritable coup d’éclat, repoussant les limites de son introspection pour graver avec romantisme et amertume la détresse des rues inconnues des Etats-Unis.