Il y a quelques jours à la Machine du Moulin Rouge, nous avons assisté à des lives qui nous ont retourné les tripes. Ambiance plutôt dark, entre ambient et techno expérimentale, nous avons passé une des meilleures soirées de l’année dans une Machine loin d’être bondée.

C’est bien sûr la team de Giegling qui était présente en petit comité ce soir là : Edward, Ateq, Vril et Konstantin, une belle équipe avec qui nous avons pu échanger quelques mots en les retrouvant sur le côté de la scène après leurs performances, sirotant tranquillement des bières. Ces mecs de Weimar ne sont pas vraiment strass et paillettes et évitent de faire le buzz sur les réseaux sociaux. Ils se pointent une fois par an à Paris, et offrent pour l’occasion une soirée mémorable aux clubbeurs les plus avisés de la capitale.

giegling label

C’est en 2009 que le label Giegling voit le jour dans la petite ville d’Allemagne centrale qu’est Weimar, loin de l’ébullition techno berlinoise de ces années-là. Avant d’être un label, Giegling est d’abord un club à l’ambiance presque confidentielle, un lieu que l’on imagine hors du temps, où la jeunesse de Weimar se retrouve intimement.

Giegling konstantin

« Quelque chose de très convivial mais avec une touche punk, un endroit sale et charmeur à la fois » décrit Konstantin, fondateur du collectif.

Étudiant en art avec son ami Rafael (l’autre moitié de Kettenkarussell), c’est toujours en 2009 qu’ils rencontrent les autres membres de la bande, Ateq et Dustin. À l’époque, ils organisent déjà tous des soirées dans leurs villes natales. Regroupant forces et ambitions, ils lancent leurs premières fêtes ensembles chez Giegling donc, la fameuse boîte de nuit qui de fil en aiguille deviendra notre label fétiche.

Et puis, force est de constater que Giegling s’est forgé une véritable identité qui diffère de celles des autres labels. Provenant d’horizons distincts, la team nourrit le collectif d’aspirations éparses. Éclectiques, les sorties du label le sont. On dénichera des EP/albums plus techno que d’autres, comme le dernier album de Vril « Portal » et les autres productions qu’il signe ; là où certaines sorties se veulent plus minimalistes et tissées dans un courant plus house, comme les EP « Birds », « A Piece Of Us » ou encore « Green Amber » d’Edward. Beaucoup de morceaux tendront vers un univers ambient, expérimental, souvent couplés à des phases deep plus mélodieuses qui nous donneront envie d’aller danser.

On se sent tout de même obligés de citer les productions incontournables de la maison, comme celles de Traumprinz aka Prince of Denmark ou DJ Metatron qui mélange ambient, dub techno et house en livrant des killers albums et EP d’une force mentale incontestable. Aussi, la petite merveille de compil Südstadt, sortie en 2013 et produite par Leafar Legov, Vril, Prince Of Denmark et Herr Koreander (Konstantin), revisite la deep minimale d’une manière qu’on ne connaissait pas vraiment, loin de l’agitation des dancefloors et plus proche de l’expérimentation.

De même, « Easy Listening » de Kettenkarussel, paru l’année dernière sur le label, sonne un peu comme l’aboutissement ou l’apogée d’un genre. Celui de Giegling ? On a bien envie de répondre oui. Le duo Kanstantin et Rafael voyage au travers des genres et offre une techno redéfinie, celle de l’IDM finalement : entre la deep et l’ambient.

Chez Giegling, il y en a pour tous les goûts. Ceci dit, on retrouvera souvent un style organique et des morceaux dont on ne sait pas vraiment s’ils nous donnent envie de rire ou pleurer. Mais une chose est sûre : la musique de Giegling, c’est celle où les sentiments – quels qu’ils soient – glissent au fil des rythmes, beats et kicks.

Sensible à l’identité visuelle, les artworks accompagnant les disques du label se révèlent souvent d’une élégance esthétique annonçant à peine la couleur des bijoux qu’ils contiennent. Tout aussi conquis par leurs productions que par leurs performances live, l’univers de Giegling nous a subjugué à La Machine, en nous apprenant à penser la musique avant de la danser, mais surtout à la vivre, plus que tout.

En attendant leur prochaine virée parisienne, on ne manquera pas de digguer et de (re)découvrir les perles du label. À l’année prochaine !

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