Interview : rencontre avec Rone

La Chronique de Pauline C’est moi Pauline, La Chronique de Pauline, je travaille pour le webzine Beyeah, je sais pas si tu as jeté un œil ?

Rone Comment tu dis ?

LCDP Beyeah

Rone Heu chui un peu largué…

LCDP Non, mais tu sais quoi, c’est pas grave, je t’enverrai le lien et tout ce qu’il faut et tu iras regarder, c’est bon ?

Rone D’accord.

LCDP Ok, donc comme je disais avant, je suis un peu embêtée, parce que tu as répondu à pas mal de questions concernant ton dernier album, dont une interview que tu as donnée il y a deux jours sur un site internet, dont je ne citerai pas le nom. C’était assez complet, j’étais un peu embêtée et me disais : toi, de toi-même, qu’est ce que tu aurais envie de dire aux gens qui t’écoutent ou qui pourraient lire notre site ?

Rone Waow, putain

LCDP De toi-même, comme ça…

Rone Ben, j’ai envie de dire à ceux qui me connaissent et ceux qui me suivent, merci parce que je crois que je vis les plus belles années de ma vie, les concerts sont super cool, on me renvoie de super énergies, des sourires et tout ça. Donc, à ceux qui me connaissent merci, et à ceux qui ne me connaissent pas, ben j’espère à bientôt, j’espère qu’on va faire connaissance ! Non, je ne sais pas trop quoi dire de plus…

LCDP Et dans la région, parce que là tu es à Kolorz festival à Carpentras, je sais que tu as joué au Bal au Pont y a deux ans grâce au même programmateur, ça avait été assez fat aussi, comment tu te sens dans le sud, est-ce que ça te fait plaisir de revenir ?

Rone Ben carrément ! En fait, c’est marrant parce que c’est pas du tout ma région, moi je viens plutôt du Nord, chui originaire de Bretagne, après j’ai grandi à Paris, je me suis installé à Berlin. Et le Sud, je découvre et en vérité, à chaque fois que je viens dans le sud ça se passe super bien. Donc je kiff. Et c’est vrai que la dernière fois que j’ai joué au Pont du Gard j’ai fait la connaissance de Peck, Pascal, et c’est une belle rencontre. Pour être complètement honnête, j’ai beaucoup de dates et je sais même plus vraiment où on m’emmène, je débarque, je sais même pas où je joue, à quelle heure… Et je savais même pas que c’était une soirée organisée par Peck , donc quand je l’ai vu ce soir j’étais super content, je me suis dit bon, si c’est lui, ça va être bien, on va être bien et voilà quoi.

LCDP Oui, c’est vrai que c’est un super programmateur dans le sud et on lui doit beaucoup par rapport au mouvement qui se fait… Moi ce que je voulais savoir  aussi, justement tu parlais du fait que tu vivais à Berlin, que tu as essayé de te déraciner pour reprendre contact avec ta créativité pour ton second album, Tohu Bohu, alors du coup, je me demandais où est-ce que tu te voyais pour ton troisième album ?

Rone Ca c’est une bonne question et j’ai même pas la réponse parce que effectivement, Berlin j’y suis depuis 3 ans j’ai l’impression d’avoir fait un peu le tour, j’ai mes repères, mes petites habitudes, j’ai presque une petite routine là-bas, j’ai mes clubs, mes bars… Et je me dis que pour le troisième album il va falloir que j’aille ailleurs, parce que pour créer, j’ai besoin d’arriver dans un endroit où je suis complètement étranger, comme un alien, et Berlin ça y est, je me sens un peu chez moi et c’est mauvais signe… Il va falloir que je trouve une autre destination… Mais je ne sais pas encore où ! Peut être Carpentras, peut être New York je ne sais pas ! (rire)

LCDP (rire) Entre Carpentras et New York y a quand même un grand fossé !

Rone J’ai un peu de temps pour y réfléchir mais il va falloir trouver un endroit, oui…

LCDP Tu as vécu pas mal de choses du fait de t’être déraciné à Berlin, tu as vécu un peu la scène parisienne, germanique même si tu penses qu’il n’y a pas vraiment de scène… C’est vrai qu’aujourd’hui on a un phénomène qui fait qu’on ne peut plus vraiment définir les genres, j’ai vu Daniel Avery au Tohu Bohu festival, qui est d’ailleurs aussi le nom de ton album, et il y avait des rythmes qui étaient très House, des sonorités très acides et techno. Il y a vraiment quelque chose de particulier en ce moment, on mélange les genres et d’ailleurs tu le dis quand tu déclares que tu bricoles une espèce de musique électronique, quel est ton sentiment par rapport à ça ?

Rone Ben, de manière générale pour les autres, je sais pas ; c’est possible que tout se mélange un peu et pour moi, personnellement, plus ça va et moins  j’ai envie de me mettre des barrières. C’est-à-dire que, si à un moment donné j’ai envie de faire rapper quelqu’un sur ma musique, ben je vais le faire…

LCDP … Comme Hight Prest ?

Rone … Voilà, par exemple et c’est vrai que j’ai du mal avec les étiquettes. J’ai écouté beaucoup de Techno et je fais de la musique électronique mais j’ai pas envie que ça se réduise à ça. Jai envie d’expérimenter et de faire des choses avec plein de gens différents parce que c’est ça en fait ce qui m’intéresse, finalement. C’est dur de me surprendre, de surprendre les autres, de prendre des risques, d’inventer des choses… Donc je sais pas trop à quoi ressemblera le troisième album, tu vois, et c’est ça qui m’intéresse. Je suis pas trop dans la revendication, même si j’ai beaucoup de respect pour ça, mais moi j’ai besoin d’expérimenter des choses un peu dans tous les genres musicaux.

LCDP Dans ton dernier album y a des trucs avec Hight Prest qui sont Hip Hop et des trucs qui sont vraiment electronica puis d’autres qui tirent vers de la Techno un peu plus sombre et je me demandais jusqu’où tu pouvais aller dans le mélange des genres. Est-ce qu’un jour on te verra dans du rock ou de la variété, on sait pas !?

Rone Ben, mes limites en fait c’est un peu ce que je sais faire ou pas, c’est-à-dire que moi, finalement, je ne sais même pas lire la musique, je suis un peu autodidacte, j’ai appris à maîtriser les machines, les boîtes à rythmes, les synthétiseurs et tout. Donc je pourrais pas prendre une guitare et commencer à chanter un morceau de rock, ça j’pourrais pas faire,  mais par contre, je suis assez ouvert pour essayer des collaborations avec les gens. Y a pas vraiment de limites artistiques, c’est plutôt techniques.

LCDP Alors, moi j’ai une question assez marrante, je me souviens dans ton premier album tu avais fait Bora avec les vocals d’Alain Damasio. C’était assez  perché avec des trucs du genre « t’es collé au vent, t’es pas né pour rien, t’es nécessaire… » et d’ailleurs tu l’as passé ce soir sur Parade (issu de son dernier album Tohu Bohu), c’était assez hallucinant. Et moi je me suis demandé, (…parce que ce mec c’est un écrivain qui fait de l’anticipation politique, mixée avec un peu de science-fiction…),  si toi tu pensais qu’il pouvait y avoir une dimension politique dans la musique électronique ?

Rone Alors ça, c’est une vrai question (rire) C’est une vraie question parce que moi je fais de la musique instrumentale, donc c’est pas aussi évident comme par exemple dans le Hip Hop où il y a des textes, des lyriques, on peut exprimer des choses très politiques, y a un discours et tout ça…En musique instrumentale, c’est plus difficile de faire passer des messages politiques mais je pense qu’il y en a finalement… C’est la manière de se produire et de se représenter sur scène. Tu peux avoir un discours politique sans avoir un discours avec des mots et on le sait. Par exemple dans la Techno c’est connu avec Underground Resistance, c’est de la Techno instrumentale mais y a tout un discours politique derrière donc, je pense qu’il y a moyen de faire passer un message avec de la musique instrumentale. Et c’est quelque chose qui m’intéresse vachement, Damasio c’est  un personnage qui compte pour moi parce que c’est un intellectuel dans le bon sens du terme, c’est pas un mec chiant intellectuel à la con, c’est un intellectuel qui va dire des choses très compliquées de manière hyper simple, normalement l’intellectuel c’est l’inverse… C’est pour ça que c’était important pour moi de faire ce morceau avec lui, y avait vraiment une cohérence dans la musique, ses mots sur mon son…

LCDP Et en plus sur Parade ce soir ça a vraiment donné quelque chose de magique…

Rone Ha bé merci !

LCDP On est aujourd’hui dans l’ère de la nouvelle technologie, dans les musiques électroniques, ça prend un essor pas possible… Alors, ça c’est la question débile, hein… Mais est-ce que tu te verrais vivre au Moyen Age ?

Rone C’est le break là ?… La question qui tue !!! OUI !

LCDP Alors pourquoi ?

Rone C’est une drôle de question, il me faut deux secondes pour réfléchir….

LCDP Chui là pour ça en fait ! (affichant un grand sourire)

Rone Oui pourquoi pas, je me vois bien le côté un peu, heu…

LCDP Sans technologie en fait !

Rone C’est vrai que la technologie c’est un peu flippant quoi, y a tout le côté négatif, y a la bombe nucléaire, c’est la surveillance… Je pense que la technologie faut juste arriver à la maîtriser, à la gérer. En fait, je pense qu’on arrive à faire des choses bien avec la technologie en la détournant. Et bon, je suis pas flippé. Plutôt que de revenir au Moyen Age, je serais plutôt pour faire un bond dans le futur, honnêtement. Si je pouvais faire un p’tit voyage dans le temps, ce serait plutôt d’aller voir ce qu’il se passe dans  50 ans, juste un petit coup d’œil pour voir à quoi ressemblera la vie. C’est plus ça qui m’intéresse que le passé. J’aime beaucoup l’Histoire, mais ça m’intéresse moins que le futur.

Guillaume (de Melokoloktiv): Je sais que Agoria est allé dans le cinéma déjà avec Go Fast, je sais que toi t’adore le cinéma, est-ce qu’un jour tu iras dans le cinéma ?

Rone Ben je me suis un peu débrouillé pour avoir un pied dans le cinéma. En fait je fais des musiques de films mais un peu discrètement. Mais j’adore ça…

Guillaume : Est-ce que tu ferais une grosse production comme Agoria avec Go Fast, un album ?

Rone Ouais, peut-être que ça viendra, en fait, c’est un peu nouveau pour moi mais depuis quelque temps je reçois des scénarios chez moi, des réalisateurs qui m’envoient « voilà je vais tourner un film, j’espère bien que tu fasses la musique et tout… », super intéressant. Je me retrouve à lire des scénarios. Bon, y a des trucs pas terribles, mais tout d’un coup tu tombes sur un scénario hyper stimulant et du coup là, en ce moment, je suis en train de faire la musique d’un film, un beau projet…

LCDP Alors je vais rebondir sur quelque chose  d’assez sympa, sur la petite maison dans la prairie… non, je suis sérieuse, j’ai vu un mec un peu bazar sur scène avec les cheveux longs et une chemise de bûcheron .

Rone Thibaud !

LCDP C’est ton tour, man ?

Rone Oui, c’est ça, bien joué ! C’est mon tour, man… Thibaud, si tu m’entends… Chemise de Bûcheron ! C’est Pauline qui dit hein !

LCDP Bon, alors une dernière question, vraiment encore une fois juste pour le fun et parce que ça m’éclate, t’es de quel signe ?

Rone Gémeaux !

LCDP J’adore les gémeaux ! Ca, c’est un truc de dingue… Bon merci en tout cas, c’était La Chronique de Pauline pour Beyeah, j’étais au Kolorz festival avec Rone.  Rone , juste un dernier mot ?

Rone Tu es de quel signe Pauline ?

LCDP Je suis vierge… (Rire)

Rone Vierge ! C’est pas mal, ça aussi…

LCDP Merci beaucoup et on se voit une prochaine fois.

Rone On se quitte sur ces belles paroles.