Le label marocain Cosmo Records, porté par des artistes comme Thomas Melchior, Margaret Dygas, Radiq ou Dandy Jack, était invité à Zurich le 13 août dernier pour une Cosmo Party organisée par l’asso locale Duyaka. Un line-up de plus d’une dizaine d’artistes pour 24h de fiesta, au rez-de-chaussée d’un bar travesti en club obscur. Une bonne occase de découvrir l’identité du label avec les principaux intéressés.

« Pour faire parti de Cosmo Records, tu dois être fan du label. Le projet émane d’une envie commune de travailler sur un projet unique » explique Adil Hiani, un des fondateurs et acteur actif du projet. Crée en 2009, la maison Cosmo est avant tout l’idée de Laurent Grumel, français d’origine qui vit entre le Maroc, la France et les Etats-Unis. Son idée est de fusionner deux mondes : l’électronique et des chants ou instruments plus traditionnels. La musique est métissée et incarne le « Cosmo-polisme. »

« Les musiciens n’ont, pour la plupart, jamais écouté ni joué sur de la musique électronique. C’est ce qui fait que l’expérience est unique. »

Projet basé sur la rencontre humaine, Cosmo propose des résidences d’artistes à Casablanca, ville où le label s’est établi. Des musiciens comme Reda Cherif et M’hamed El Menjra collaborent régulièrement avec Cosmo. On retrouve aussi Reda à la guitare sur un remix de Sonja Moonear. Mais le label sort aussi des studios pour enregistrer l’ambiance des rues marocaines ou pour partir en voyage dans les montagnes de l’Atlas, comme avec Pier Bucci.

« Nous avons dû enregistrer avec tous les instruments qui existent au Maroc : percussions, derbuca, cora (instrument malien), guitare, basse, loutar… Celui qui se marie le mieux avec la musique électronique est le guembri, instrument guinéen avec une base réplétive hypnotique. »

L’aventure commence grâce à MySpace où Laurent repère Adil. Il leur suffit d’une rencontre dans un café pour amorcer l’aventure : « Quand Laurent m’a contacté en 2009, personne ne voulait de cette musique au Maroc. Je n’étais d’ailleurs plus booké nul part » raconte le jeune marocain.

Né à Casablanca, Adil se passionne pour la musique dès l’âge de 13 ans et suit les traces de son cousin qui mixe du hip-hop. Sa vision de la musique sera ensuite secouée par la découverte des sons des M.A.N.D.Y. et de Ricardo Villalobos : « Là j’ai compris que la musique électro n’était pas réservé aux clubs mais pouvait aussi s’écouter tranquillement dans son salon, comme on écoute du jazz ou du blues. »

Ce qui frappe chez Cosmo, c’est l’amitié entre les artistes, qui prônent les rencontres hasardeuses et naturelles. Adil nous raconte celle avec Masomenos, la plus insolite, et qui transformera la trajectoire du label :

« Nima Gorji rentrait fraichement du Maroc après une collaboration avec Cosmo. Il se promenait a Paris avec Adrien et Jhoan de Masomenos, racontant son expérience à Casablanca. Pendant ce temps là, Laurent Grumel, en voyage a Paris se baladait en ville. Coïncidence dingue, ils se sont croisés. Cette rencontre nous a ouvert les portes. »

Fin 2009, le label détient des morceaux mais aucun distributeur. Adil explique que les boîtes ne leur répondaient pas. Adrien de Masomenos est invité au Maroc et, dans le studio d’enregistrement, demande à écouter les morceaux du label. Il accroche et décide de contacter son distributeur de Berlin, Ralph. Jhoan sa femme, les aide à travailler le graphisme des pochettes. L’aventure est lancée. Une première sortie Various Artists est signée Nima Gorji, Francisco Allendes, Adil Hiani et Argenis Brito.

Pour la suite, un double vinyle attendu pour début novembre signera une colab’ entre Vadim Svoboda et Masomenos qui s’annonce déjà addictive :

Article par Coralie Favre