Tijuana, ses cartels de drogue, sa deuxième place sur le podium des villes les plus dangereuses du monde. Rien de bien féminin là-dedans, pas vrai ? Détrompez-vous. C’est du coeur de cette ambiance moite, fiévreuse et fascinante qu’est issue Dani Shivers.
La jeune et jolie sorcière, passionnée de synthés analogiques et de mélodies mineures, sort aujourd’hui son deuxième album “Syzygy” chez Cranes Records. Un nom bien étrange pour le deuxième volet d’une trilogie entamée en 2013 avec “Jinx”.
Téléchargeable gratuitement ici-même (oui oui, gratuitement), “Syzygy” désigne d’après les dires de son label “les moments de conjonction ou d’opposition de la lune et du soleil, et ainsi les périodes de la nouvelle ou de la pleine lune”.
Il y a en effet quelque chose de résolument nocturne et mystérieux dans la musique de la jeune mexicaine. Bien loin de la noirceur vulgaire et poseuse que proposent nombre d’autres groupes et artistes, Dani Shivers écrit des chansons délicates, d’une sensibilité à fleur de peau. Outre leur côté pop, c’est sans doute cela qui rend ses morceaux si captivants.
Car de pop, c’est bien de ça qu’il s’agit. Si l’on retrouvait des influences coldwave sur “Jinx” et que “Syzygy” s’aventure dans des contrées plus électroniques, les mélodies sont ici omniprésentes, aussi accrocheuses que mélancoliques.
Techniquement parlant, on devine aisément que peu de pistes composent les chansons, la chaleur de l’analogique suffisant à combler les blancs. Très soignée, la production fait se superposer les synthés à des boîtes à rythmes répétitives et souvent noyées dans le glitch. Ces deux instruments sont parfois accompagnés de quelques notes de guitare discrètes, tandis que la voix triste et enfantine de Dani flotte au dessus de ce minimalisme lunaire.
Cranes Records nous y a habitué depuis quelques années et ce vinyle ne déroge pas à la règle : l’esthétique de l’objet (que vous pouvez vous procurer ici) est superbe. Cet artwork d’un noir mat, brodé de dentelle en son centre (broderie qui représente elle-même les périodes de la nouvelle lune) annonce parfaitement son contenu : sous des abords obscurs, les chansons de Dani Shivers dissimulent une finesse bien trop rare, et donc d’autant plus précieuse.