On vous en parlait il n’y a pas si longtemps et la tendance est bien en train de se confirmer : l’ascension plutôt fulgurante d’Avalon Emerson est bien en train d’apporter du neuf sur la scène électronique et techno en particulier. Américaine aujourd’hui installée à Berlin, c’est en étant étudiante à San Francisco qu’elle se forme aux platines, en organisant des soirées underground dans le hangar où elle vit avec treize personnes. On a pu constater de cette expertise lors de son live à la Concrete en janvier – et de nous confirmer que sa musique allait bien au-delà des sempiternels samples et mélodies techno trop entendues.

Au printemps 2016, Emerson lâche définitivement son job de développeuse informatique et sort un maxi sur le label Whities, incluant le génial The Frontier dont on vous avait parlé. La particularité de cet EP très arizonien est de considérer que même sans contenir de paroles, la musique électronique peut être très personnelle et invoquer des émotions et des histoires fortes. Bref, délivrer quelque chose et toucher la corde sensible des auditeurs.

En novembre dernier, nouvelle sortie pour Avalon : un EP de quatre titres, Narcissus in Retrograde, qu’elle sort cette fois sous le prestigieux label Spectral Sound. L’EP est sans aucun doute le prolongement des émotions recherchées dans le maxi précédent. Elle nous hypnotise avec des sons et mélodies qu’on n’a pas l’habitude de voir associés. Sa démarche semble ici plus poussée, et ça fonctionne très bien.

Le titre qui ouvre l’EP, Natural Impasse, est encore le savoureux mélange d’une ligne mélodique qui passe du léger au profond, toujours soutenue par une batterie nerveuse. Dystopian Daddy sonne comme une explosion digitale, qui illustre parfaitement l’intérêt que porte l’artiste pour les phénomènes extraterrestres et les vibrations célestes. La face B de l’EP a une coloration plus menaçante, notamment avec le titre Why Does it Hurt. Les sons sont grinçants. On a plus qu’à se laisser submerger par le titre Groundwater qui nous emmène dans les tréfonds des eaux sales de la techno. Ça sonne agréablement autoritaire, et on retrouve la magie d’Avalon dans la juxtaposition de textures à la fois grossières et lisses.

Après deux sets récents au célèbre Panorama Bar de Berlin, tous les yeux en quête d’un son intelligent et moderne sont rivés sur Avalon Emerson. L’artiste envisage un album et surtout travaille son live, qui promet de marquer encore davantage les esprits.