On accole trop facilement aux productions d’artistes le nom d’un genre musical lorsqu’on les décrit. House, techno, ou encore electronica, ce sont des termes familiers, dans lesquels on se retrouve aisément, décrivant au moyen de traits communs la musique que l’on s’apprête à écouter. Ils rassureraient presque l’auditeur qui lirait une critique de presse sur un artiste qu’il ne connaitrait pas, ou qui attendrait une réponse à la question : « c’est quel style de musique ? »

Sauf que certaines productions ne se retrouvent pas dans ces genres, ces catégories, ces définitions. Certaines d’entre elles les dépassent, n’essayant pas de les effacer, mais simplement d’en faire fi. Les notions de temps et de courant n’ont elles- mêmes plus lieu d’être, tant les influences de mélodies anciennes et les tentatives faites pour deviner les mélodies futures se répondent. Tout cela, c’est le cas des dernières productions de Viken Arman, qui a récemment sorti Aragatz, sur le discret label parisien Dénature Records. Quatre titres et trois remix, soit sept entités distinctes proposant un univers en plusieurs dimensions.

L’EP s’ouvre sur le titre Believe, qui de quelques nappes sonores esquisse un décor, de quelques notes de cordes et d’un semblant de kick organique délimite les reliefs, et de la voix sublime de Jo.Ke délivre l’histoire. En dire plus reviendrait à trop en dire, à briser le moment magique de la découverte ; parfois, il est plus sage de laisser les vagues sonores nous surprendre.

Nous sommes amenés à poursuivre notre voyage sous le signe du Zéphyr. La musique des riches et versatiles terres eurasiennes vient faire irruption dans les premières secondes du titre, avant d’encore une fois de nous surprendre en nous guidant sur des territoires divers tantôt dansants tantôt poétiques. Un poème en français vient prendre place au coeur du morceau, avant que le rythme ne reprenne progressivement de plus belle.

C’est Aragatz, morceau donnant son titre à l’EP, qui prend ensuite place. À la fois plus solaire et plus minimaliste que les précédents, c’est aussi un morceau sur lequel les couches sonores, au lieu de s’entremêler, se répondent en se plaçant sur un pied d’égalité. Certaines sonorités sont inédites, tandis que d’autres proviennent d’instruments d’ores et déjà entendus auparavant.

Avant de laisser place aux remixes, on écoute Yari. Une fois, deux fois, trois fois, en boucle s’il le faut : cette ballade électronique aussi dansante qu’introspective semble être doté d’un fabuleux pouvoir cathartique, doublé d’un don pour donner des frissons à l’auditeur. Doux mélange électro-organique, l’apothéose est atteinte lorsque ce chant aux accents antiques fait son entrée.

À ce beau voyage s’ajoutent les interprétations personnelles signées Nicola Cruz, Acid Pauli et dOP pour le titre Believe. Si Nicola Cruz a poussé plus loin l’aspect organique du titre, Acid Pauli propose une autre réponse, presque opposée, sans pour autant tomber dans le cliché club. dOP, quant à eux, auront mis l’accent sur les vocalises, devenues répétitives et hypnotiques. Ceci dit, dans les trois versions le titre originel est reconnaissable, une chose à souligner puisque c’est loin d’être le cas sur tous les remixes.

Le producteur ne s’arrête pas à la création musicale : il nous donne rendez-vous le 17 décembre à La Marbrerie de Montreuil pour un live audiovisuel de six heures, pour lequel il s’entourera principalement d’instruments analogiques.

À lire aussi : notre rencontre avec Nicola Cruz