Sortie de nulle part (une méthode de séduction très efficace pour retenir l’attention de la rédaction), la Pigalle Paris Radio fait beaucoup parler d’elle en ce moment, et en bien. Jouant sur l’effet de surprise, cette nouvelle webradio made in Paname a tous les ingrédients pour devenir culte : contributeurs délicieux, inconnus undergrounds aux goûts musicaux bien prononcés, et surtout zéro censure .

D’ailleurs c’est sur ce dernier point que nous allons nous attarder dès à présent, car il fait toute la force de PPR. On a peut-être (enfin) trouvé un équivalent français à Intergalactic FM, voire même au géant anglais NTS. Ce serait une excellente chose quand on connaît le positionnement artistique des autres radios alternatives sur le marché – on pense à Rinse.FM en tête.

Mais laissons de côté les comparatifs pour se pencher sur ce qui fait  l’essence même de la Pigalle Paris Radio : sa programmation. C’est avec un plaisir non dissimulé qu’on retrouve April (des soirées Bye Bye Océan), Diis Paradiis dont les mixs très éclectiques sont un véritable délice, ou encore la résidence du collectif Quick Culture.

pigalle paris radio programme-fevrier

On a posé quelques questions à Stephan et Xavier pour démystifier tout ça :

Salut les gars, merci d’avoir accepté cet interview. Comment est né le projet de la Pigalle Paris Radio ?

Stephan : Pigalle Paris Radio est née un soir de pluie et de brouillard, quelques taxis passaient sans me voir… Non plus sérieusement elle était dans ma tête depuis longtemps. Faire une web radio, c’était un truc que je voulais faire à 20 ans, mais à l’époque c’était couteux. C’était l’époque des real player, un truc propriétaire qu’on avait cracké pour faire une web radio avec des amis… mais ça s’était arrêté là. Et puis j’ai rencontré beaucoup de DJs par mon travail, des musiciens, producteurs et des passionnés de musique. Et enfin j’ai trouvé mon sésame en Xavier, le maître des clefs, qui un jour en se promenant dans le quartier m’a écouté lui dire combien je voulais faire une web radio, parce que j’écoutais NTS tout le temps et que j’aimais cette idée d’être ailleurs grâce au web. Je lui ai bien vendu le truc, ça devait s’appeller Pigalle-quelque-chose, qu’il y ait trois lettres aussi qui sonnent bizarre en anglais (pi-pi-are), qu’on passe de la musique et que l’on s’installe dans le coin. Il m’a dit OK et quelques jours plus tard, il m’envoie une url avec Last Christmas de Wham en boucle. Puis l’idée s’est étoffée, il fallait s’installer dans le quartier et monter un studio de radio. On s’est dit qu’au pire on trouverait une solution mobile pour faire des lives de n’importe où, en squattant dans les lieux cools du quartier.

Xavier : Je me suis lancé dans l’aventure Pigalle Paris Radio pour le goût du challenge. Alors oui je suis un mordu de musique mais je n’aurais jamais pensé monter mon propre projet de radio. Comme l’a dit Stephan, c’est lui qui m’a super bien vendu l’idée et donc j’ai dit Banco !

On a quand même la chance de vivre à une époque où ça n’est pas si compliqué de lancer ce genre de projet, on a donc foncé sans trop réfléchir. Il fallait que ce soit spontané, qu’on se lance, qu’on soit dans l’immédiateté.

Que va-t-on entendre sur cette radio (des émissions, des directs…) ?

Stephan : C’est un work in progress. J’aimerais que l’on entende des trucs pas forcément faciles, que l’on s’amuse, expérimente des trucs, des formats, que des gens pas connus y mixent, que d’autres plus connus, séduits par le concept nous rejoignent, que des lieux du quartier y participent aussi. Un truc foutraque comme l’ont été les premières radios FM, les premières chaînes télés privées… Une expérience communautaire avec une diversité musicale qui peut en déconcerter plus d’un. Dans un premier temps ce sera exclusivement des mixtapes, enregistrées par les contributeurs puis une fois le local trouvé on passera à autre chose : une émission hebdomadaire en direct d’un lieu du quartier par exemple.

Xavier : Je vois Pigalle Paris Radio comme un terrain de jeu : tu vois le terrain de foot de Olive & Tom qui fait 7200kms de long ? Ben voila c’est ça notre radio. C’est le terrain de jeu des DJs qui participent à l’aventure, nous on fédère le tout, on s’assure que ça arrive jusqu’aux oreilles de ceux qui veulent bien écouter.

Ces derniers temps plusieurs webradio ont vu le jour avec plus au moins de succès. Qu’est-ce qui vous différencie d’un Rinse.FM, d’une Radio Marais voire même d’une Tsugi Radio?

Stephan : Tout d’abord je tiens à féliciter tous ceux qui bossent dans ces radios et je respecte leur travail. Je pense qu’ils font tous un super boulot. Radio Marais c’est comme une vraie chaîne de radio, ça parle, c’est la radio des gens. RinseFM, c’est la qualité, la musique électronique, les collectifs du moment. Tsugi Radio j’imagine que c’est electro aussi, et y’a Hotel Radio aussi et Radiooo. Chacun a son truc, sa particularité. Pour Pigalle Paris Radio, c’est de dire à chacun : voilà t’as une heure tous les mois, toutes les deux semaines, toutes les semaines, et tu passes ce que tu veux. Si t’as envie de passer de l’indus, fonce. Des trucs dépressifs pourquoi pas, si on ne peut pas le faire ici, où pourrons-nous ? Je vois que tout le monde s’auto-censure et j’en ai plus qu’assez de tout ça. Or c’est dans ces moments de crise que naît la créativité.

Xavier : Pour nous différencier, on va tout miser sur une heure quotidienne de bal musette. Evidemment je plaisante – encore que, si quelqu’un venait avec une proposition décalée, on y réfléchirait.

Est-ce qu’on peut s’attendre à quelques exclusivités ?

Stephan : Si vous avez lu plus haut, c’est un peu l’auberge espagnole cette radio, donc les exclusivités, c’est comme pour les concerts ou les DJs qui ne devraient jouer que dans un seul club, non mais quelle idée ! Au contraire soyez les bienvenus, mais proposez-moi un truc différent. Et puis si demain vous jouez ailleurs, et bien tant mieux, si vous êtes visibles, vous vous en sortirez plus facilement.

Xavier : Complètement d’accord avec Stephan. Je trouve que ça ne colle avec l’identité de Pigalle Paris Radio de faire des exclusivités

Un dernier mot pour conclure ?

Stephan : Vive les webradios et longue vie à Pigalle Paris Radio ! Et vous les gens, les auditeurs potentiels, ayez la force de ne pas zapper lorsque quelque chose vous déstabilise ! C’est mégalo je sais, mais bon se dire que l’on va créer une webradio ça relève déjà de la mégalomanie non ?

Xavier : Ouais t’as toujours été mégalo Stephan, c’est bien de le reconnaître. (rires)

Retrouvez Pigalle Paris Radio tous les jours 24/24 et 7j/7 par ici.