AceMo et MoMa Ready est l’un des duos les plus électrisants de la côte Est des USA. Ils sont le moteur d’une nouvelle vague de producteurs de Brooklyn qui partagent la culture dance comme influence – comme en témoigne la compilation New York Dance Music du label Towhead Recordings.

Connu pour son travail acharné et pour son goût pour les basses qui tapent, AceMo est le partenaire idéal pour pimper la house breakée de MoMa Ready. Le duo partage tout, à commencer par leur label HAUS of ALTR. Décrit comme un label qui retranscrit la culture underground le plus honnêtement possible, ils souhaitent y mettre en avant la jeune génération locale. Ancrés chacun dans leur style, ils rendent constamment hommage au passé, comme dans l’EP Restructure de MoMa Ready qui remixe les hits d’Amerie ou bien dans le Where They At??? de AceMo qui sample sans réserve Robin S et son Show Me Love.

Avec comme motto “All killer, No filler” (ndlr: “que des tubes, pas de remplissage”), les deux producteurs produisent à une vitesse qui dépasse le débit de la fibre, avec une à deux prods par mois sans compter les mix et les émissions radio.

Parmi leurs dernières sorties, on remarque forcément l’album Gallery S de MoMa Ready, un petit bijou brut, tout juste sorti de sa grotte de cristal. Des longueurs en apnée sur de la house lo-fi, parfois no beat, parfois breakée (The Creation of a Universe), quelques gouttes de dub (The Subtle Sound of Dying), un éclat de techno (We Could Have Been Better), et des éclaboussures. Son travail sur Tier One Program One / Eight est très intéressant : il y montre sur une même base mélodique deux versions de lui-même : l’une très droite et percutante, l’autre plus tiraillée et nébuleuse. Encore une fois, la référence dance ne manque pas à cet ouvrage, avec un remix hardstyle de Go Deep de Janet Jackson. Avec cet album fourni, MoMa Ready explore ses propres influences dans un contexte plus “home listening” que club, et avec un petit hommage à Brooklyn, sa terre de création.

AceMo a lui aussi produit récemment un album, Existential. Les deux amis ne se lâchent décidément pas d’une semelle, et gardent la même cadence de création, que ce soit derrière le booth ou en studio. Cet album se veut très électronique : bourré de lignes de synthétiseurs toujours plus spatiales, il défie les lois de l’acid et de la trance. On retrouve un côté Détroit à la 808 State dans Message to the Future (Waterfall)s ou Love Dimensions, mais aussi une influence plus londonienne qui rejoint le style de Djrum dans Track 2 Recording 11 et Rave Angel.

AceMo s’échappe des rangées BPM classiques avec deux morceaux “high speed” – Life Pulls You et Life Takes You – qui reflètent bien cette dualité entre l’échappatoire thérapeutique et la dérive que peut provoquer des nuits très chargées. Un album survitaminé, beaucoup plus sombre et agressif que ce à quoi il nous avait habitué.

Pour couronner le tout, Acemo et MoMa Ready ont également sorti un album en collab, A New Dawn sous le nom AceMoMa. Cet album de techno dystopique appelle à la révolte et à l’insurrection par le biais du son rave. Dans un interview pour The Face, ils le décrivent comme “un projet de futurs possibles qui n’oublient pas le passé.

Ces douze morceaux à très haute tension nous embarquent dans une course effrénée en plein tunnel. La sortie se fait voir après 50 minutes de sprint, pendant le seul temps de respiration, Breathe In. Ce temps est nécessaire pour revenir au présent et enfin entrevoir un autre avenir possible, celui de New Dawn. AceMo voit cette sortie comme un possible âge du renouveau, qui naîtrait du fond des ténèbres.

Ce n’est pas la poésie qui manque à AceMo et MoMa Ready, et c’est certainement cette touche de sublime alliée à des références communes à toute une génération qui marque les esprits et nous convainc de les suivre jusqu’à l’aube.