On connaissait le Jeff Mills producteur de génie, scénographe curieux, amateur de science-fiction perchée, DJ de légende, expérimentateur des sons les plus incongrus, collectionneur de bande-dessinées, esthète, performeur, musicien de Détroit et citoyen du monde. Aujourd’hui, on (re)découvre le Jeff Mills philosophe, avec la diffusion du trailer du second volet de Exhibitionist.

L’artiste est probablement la figure emblématique – avec quelques autres, une poignée – du mouvement techno depuis que celui-ci est précisément un mouvement. Il a contribué a lui donné ses codes, le maintenir dans le droit chemin, le faire évoluer et même provoquer des fractures, et tout ça depuis les commencements. Homme éclairé et fin penseur, celui-ci a réussi au cours des années à construire une véritable identité graphique, sonore et idéelle autour de la musique électronique, défendant une conception puriste et salvatrice de cette musique infernale. On connaît bien évidemment le mythique The Bells, chef d’oeuvre en son genre, mais on a pu également se laisser porter par son travail plus transgenre, aux confins de la musique ambient et de l’experimental, notamment avec ses concept-albums tournés autour de la science-fiction, de l’anthropogonie et du futurisme. Le travail de Jeff Mills, ce n’est pas simplement balancer son groove démoniaque autour d’un dancefloor de plusieurs milliers de personnes en transe. Non, l’artiste nous éduque, nous apprend à penser et essaye de nous montrer la voie.

Dans ce nouvel opus documentaire, l’américain cherche à expliquer, à mettre en exergue le lien subtil et ténu qu’il existe entre la pensée des hommes et leur manifestation dans l’espace réel, de manière physique. Il étudie en effet comment il est possible de transcrire en vibrations d’onde les émotions et pensées d’un artiste grâce aux différentes machines sur lesquelles les producteurs ont pour habitude de travailler. Quel est le fluide d’énergie qui se dégage et circule entre un artiste et sa machine lorsque celui-ci travaille à trouver le son parfait ? Quelle est la place laissée à l’improvisation lorsque chaque teinte, chaque claquement, doit être maîtrisée, supervisée et créée ? Quelle est la marche de manœuvre créative entre une machine aux capacités mécaniques limitées et un humain aux capacités d’imagination et d’abstraction sans limite ?

Parallèlement au documentaire, Jeff Mills a prévu de sortir trois EP additionnels dont le premier a déboulé sur les plateformes digitales le 1er juillet dernier. On y retrouve quatres tracks mécaniques qui ne nous surprennent guère (et ouais, un pur style de Détroit) mais qui crient tout même leur amour pour la dance music hallucinée, pleine des influences de ses précédents travaux. On reste dans une techno sèche, très clinquante, légèrement plus furieuse que d’habitude, mais toujours avec la patte du maître bien mise en évidence. On sait que vous apprécierez.

Exhibitionist 2 essaye d’apporter quelques éléments de réponse en suivant le maître lors de ses phases de création, directement en studio. Prévu pour septembre prochain, le documentaire sera accompagné d’une bande son inédite, annoncée dans la lignée artistique de ses deux précédents albums The Jungle Planet et Chronicles Of Possible Worlds. On aura l’occasion de vous en reparler à la rentrée.

En attendant, on vous laisse avec ce petit trailer explicatif de deux minutes à peine qui vont vous donner, à coup sûr, un avant-goût pertinent de ce que vous découvrirez dans le film complet, qui sortira le 25 septembre prochain. Vus pouvez déjà écouter des extraits de la première partie de la bande son disponible sur Axis records. Amusez vous bien !