DJ et producteur originaire de Montréal, Jacques Greene sillonne les clubs occidentaux depuis déjà 7 ans et se décide enfin à nous proposer un contenu d’une toute autre envergure avec un 1er album.
Enchaînant les maxis d’une efficacité redoutable, mixant de la house avec du R&B, du hip-hop et un soupçon de techno, l’artiste s’était clairement révélé comme une des personnalités qui innovent une fois sur le dancefloor, avec cet attrait pour le format « chanson ». Refusant de sortir un 1er LP aux accents pop pour toucher un plus vaste public comme le font de nombreux artistes clubs, Greene continue ce qu’il sait faire de mieux : nous amener à danser toute la nuit. À écouter comme une « idée utopique de la culture club » selon son label LuckyMe, Feel Infinite est en tout cas une proposition originale de house music dans un paysage saturé des mêmes idées formelles.
Et c’est clairement réussi. La plupart des morceaux s’enchaînent sans fausse note et révèlent de nombreuses couleurs harmoniques qui se mélangent sans problème, permettant d’offrir à ce projet une facilité d’écoute déconcertante. Greene évite de mélanger son ADN musicale à d’autres voix et continue son travail à base de sample. On ne croise qu’un feat avec How To Dress Well, sur une des mélodies les plus pop du projet. Sans être de mauvaise qualité, elle ne se montre pas très intéressante et on passe rapidement à la suite.
Toute l’ampleur de sa musique se développe sur des prods comme le titre Feel Infinite, une mélodie house lumineuse saccadée de vocaux sensuels. L’artiste se montre aussi capable d’élargir ses horizon avec des passages comme le groovy Real Time rappelant certaines idées de la French Touch, ou l’envoûtant To Say et sa voix langoureuse se posant parfaitement sur les claviers. On croise aussi des instants intensément hip-hop comme Afterglow. Mais le moment fort de ce disque reste I Won’t Judge, mélodie extatique par excellence, qui se révèle doucement mélancolique et totalement addictive.
Bref, l’énergie qui se dégage de ce premier album est sensationnelle. L’artiste évite de se perdre dans des recoins qu’il ne maîtrise pas, coupe les morceaux lorsqu’il n’a plus rien à dire et nous gratifie, avec la maîtrise que nous lui connaissons, de quelques fulgurances entre deux belles mélodies. Au final, l’attente a été longue avant de croiser Greene sur un long format mais il s’est montré capable d’esquiver les pièges de ce type de production et garde une identité sonore intacte. Feel Infinite semble bien parti pour être un des cartons house de l’année.