Pour la quatrième année consécutive, nous sommes retournés au festival Club To Club à Turin, reconnu depuis quelques années maintenant sur la scène européenne. D’une année à l’autre, le festival tend à diversifier ses ambitions de programmation. En connaissance des lieux et du programme, nous avons expérimenté une expérience en demi-teinte face à la nouvelle configuration du site de nuit, lieu principal du festival.

La venue d’Aphex Twin ayant donné à tous l’impression d’agrandissement de la capacité, qui a opéré sur sa propre main stage, presque façonnée pour l’occasion, car inédite et bien plus grande que d’habitude. Une seconde scène reprend l’écrin originel de la grande salle des précédentes éditions, c’est-à-dire un grand warehouse plutôt impersonnel. Un lieu pour le coup bien moins chaleureux que les scènes secondaires plus intimistes des années précédentes. Mais toujours à la pointe en termes de contenu artistique le festival nous a en revanche permis d’explorer ce qui se fait de mieux en ce moment.

Gang Of Ducks : l’ambient renouvelée

Yacht Club AV Show, c’est l’intitulé de la performance du mystérieux collectif italien que le Club To Club met en avant chaque année. le projet nous est apparu bien abouti dans la salle comble de l’OGR Torino lors de la soirée d’ouverture du festival, 4 écrans où s’alternent tranquillement des yachts qui brûlent de vive flamme et des déformations de visages variés, se mariaient avec une musique ambiante / soundscape pour une bonne heure de voyage, sans aucune drumline ou presque, juste de quoi nous faire oublier le temps.

Beach House, dream pop abondante

Cela faisait pratiquement quatre ans qu’on ne les avait pas vu, les voilà désormais en pleine tournée de leur septième album intitulé « 7 ». Beach House faisait partie des têtes d’affiche du festival et a donné sur un show à la fois mélancolique et rêveur, sur une scène minimaliste qui n’insistait pas sur la scénographie. Une teinte musicale axée sur le psychédélisme même si les morceaux joués ne durent pas si longtemps – histoire d’en ajouter plus à la setlist et de satisfaire l’assemblée concentrée pour un beau parcours de leurs discographie. La voix de Victoria Legrand en lead tenait toute l’atmosphère du show et de cette grande halle, un succès.

Skee Mask : new UK bass

Skee Mask, jeune producteur découvert il y a peu sillonne les line-up des festivals toujours plus expérimentaux, porteur de sets frais, arborant a merveille la bass musique anglaise fine et le break beat. La bass music anglaise évolue et Skee Mask l’emmène partout avec lui en Europe, nous ayant carrément convaincu lors de son set. Influences dubstep à la Hyperdub et du grime avec un toujours apprécié passage par Skepta, Skee Mask augmente de plus en plus le tempo pour se mettre une ambiance bass à la Machinedrum, du Jersey Club, puis un final pur Teklife music. Un mélange subtil de bass music moderne et un peu plus datée.

Serpentwithfeet : Soul expérimentale

Un de nos coups de coeur de ces dernières années, la voix de l’américain Serpentwithfeet nous avait fait rêver sur son premier EP Blisters, et nous ne voulions en aucun cas rater ce show. Ça n’a pas manqué, ambiance religieuse pour un coeur soul chargé d’émotions, qu’il est bien sûr seul à assurer, Serpentwithfeet nous a cloué. Expressif , il réussit a maintenir en haleine son public et l’emporter où il veut : en alternant des solos piano et voix, ou de simple voix sur ses dernières productions. Les allures de messe étaient bien là.

Aphex Twin : la rave, son souffle

La tête d’affiche du festival que tout le monde s’est empressé d’aller voir le dernier soir, se met en place sur la bande son du film The Shining, tandis que la main stage se remplissait à vue d’oeil. Nous avons assisté à un long concentré d’ambiance rave, agrémenté de gros coups de laser faisant la fierté de ses live. AFX nous régale en filmant le premier rang à l’aide de plusieurs cadreurs. Premier rang qui prend une sacrée raclée en effets post-prod, car nous voyons beaucoup de visages déformés sur les nombreux écrans qu’offrent la scénographie bien complète.

Kode9

On finit ce festival par Kode9, qui avait la dure mission de jouer juste après cette tête d’affiche débordante. Mais être annoncé en secret guest aura sûrement aidé. Kode9 nous a montré ce qu’il se fait de plus frais dans la musique new club : beaucoup de footwork, de grime, de dubstep agrémenté de breaks. Ce qui nous impressionnera sera sa façon toujours audacieuse de mixer tout ces styles, étant beaucoup plus difficile qu’il n’y parait.Crédits Photo : Daniele Baldi, Andrea Macchia, Stefano Mattea