Qui associe house et Suède pense forcément au Studio Barnhus, entité artistique unique en son genre, à la fois label, trio de DJ & producteurs, studio pour ses recrues et véritable institution du bon goût outre Baltique. La production locale se fait-elle inévitablement via le label basé à Stockholm ? Non, bien sûr, il existe un réel tissu d’activistes, DJ et producteurs locaux. Mais dans le cas de Bella Boo et de son second EP, Fire, il n’en pouvait être autrement.

Cela ne pouvait en être autrement car il existe des mariages, des associations, qui semblent tellement évidentes qu’elles pourraient tomber du ciel sans qu’on en soit surpris. D’un côté, donc, la super-structure Barnhus, maison d’Axel Boman, Baba Stilz, HNNY, Kornél Kovács. De l’autre, la productrice & DJ Bella Boo donc, suédoise depuis toujours, écumant les clubs de l’Europe entière avec panache et un sens inné du groove. Un groove solaire et aérien, aux mélodies cristallines, douces et envoûtantes : en quelques mots, le son du Studio Barnhus. CQFD.

Après une première sortie remarquée sur le label parisiano-lyonnais Third Try Records — couronnée d’un remix de Mr. Marcellus Pittman, s’il-vous-plait, la voici donc de retour sur ses terres avec un EP cinq-titres d’une beauté sidérante, creusant un peu plus dans ses envies d’expérimentations autour de la house, qu’elle soit 4×4 ou non.

L’ouverture atmosphérique LA Confidential en est une (belle) preuve, tout en légèreté, où flotte une suite de notes baignées de soleil, et une voix semi-robotique non sans rappeler DJ Koze, qui nous susurre des choses (faute de réussir à décrypter les paroles). Le morceau s’anime légèrement par la suite, comme pour mieux amener le carrément électro voir acid Is It Rude To Wear My Shades. Un riff de boite à rythme distordue traverse le track de part en part, lui insufflant un énergie rentrée, prête à exploser. Une explosion qui n’aura pas lieu, Bella Boo n’étant pas une productrice pompière. L’interlude deep & duveteux Magnolia prend le relai, avant le sommet de l’EP, Keep Me Warm : une house printanière, groovy, où tout se mélange, voix, claviers, et violons. La maîtrise de la suédoise fait le reste en nous tendant un mini-hit en devenir.

Solaire et délicat, à l’image du très bel artwork fait de fines lignes et de grâce ; une invitation à la danse douce, que l’on imagine (très) matinale et gorgée de lumière, en sortir de club ou pour les lèves-tôt. Avant que la chaleur, le bruit et l’agitation n’emportent tout.

Fire est disponible sur Bandcamp.