Depuis quatre ans, le Weather Festival pose ses caissons de basses à Paris aux prémices de l’été. Après une édition à Vincennes, il retrouve en 2016 le lieu où tout a commencé, l’aéroport du Bourget.

 

Un festival iconique

Les gérants de la Concrete savent qu’ils portent avec eux toute une génération de jeunes assoiffés, regrettant l’époque des free party et qui auraient voulu naître à Détroit dans les années 80. Le festival parisien représente pour ces personnes un vrai chemin de croix, où l’on se prépare des semaines en avance : on ramène le plus de copains possible, on trouve le déguisement le plus fun et le plus voyant, on se lâche, on devient quelqu’un d’autre, on n’est plus nous-même. C’est un lieu de culte où les fidèles s’oublient, donnent leur âme, leur corps, voire même leur entrailles (coucou les étalages de vomi) pendant trois jours.

 

Un line-up techno mais pas que

Le line up reste sensiblement le même tous les ans, mais sait-on jamais. Nous n’étions pas là vendredi soir, cependant on peut lire sur les forums d’aficionados de musique que le set d’Henrik Schwarz a fait mouche, ainsi que celui de Dixon qui a enchanté la foule d’un set Innervisionien pour clôturer la première nuit qui s’est achevée après l’aube.

Samedi, on arrive en pleine transition entre les sets de la journée et ceux de la soirée. Les scènes offrent un choix assez timide, on tend l’oreille vers The Black Madonna, qui nous repousse un peu avec un track dub mal ficelé. On reste en extérieur, profitant du temps encore doux et on écoute Hold Youth, le duo de Le Loup et Seuil, qui nous convainc de rester danser. L’ambiance n’est pas au rendez-vous, la foule est molle et silencieuse, c’est assez édifiant. Les inondations auraient-elles enseveli le moral des parisiens ? Soulphiction relève le défi et enchaîne avec un live énergique et pimpant. On se laisse hypnotiser par sa techno à la fois fluide, aérienne et tranchante.

On attend le live de Point G sur la scène automne, et après 30 minutes peu convaincantes, un problème technique surgit, le son déconne, la salle se vide. Triste pour Point G qui nous avait quand même habitué à mieux. On se laisse convaincre par Magda, une valeur sûre, qui ne nous décevra pas. Le set monte en puissance, les rythmes techno enroulés de l’allemande feront salle pleine, le public commence à se mouvoir – il est minuit passé.

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Ça fracasse sévère sur la scène hiver

Changement d’ambiance, direction la scène hiver avec Marcel Dettmann. Rien de nouveau pour le maestro de la techno, mais son set n’a pas pris une ride, il sait soulever les foules et faire trembler les enceintes. Effet secousse garantie, on en tremble presque. Les roumains de RPR Soundsystem ont déjà pris les commandes sur la scène printemps, on reviendra régulièrement voir leur superbe B2B déjà culte. Leur minimal/micro house fait du bien, elle apaise, envole et surplombe la vallée de zombies qui se dresse au fil des heures. Walking Dead a raté là son plus beau casting.

 

Ricardo, l’eldorado des pépites

Le dimanche, nous sommes partis en détox nature au We Love Green, mais on a su se renseigner sur les suites des festivités au Bourget. De mémoire collective, le set qui aura le plus marqué les esprits fut celui de Ricardo Villalobos B2B Zip, qui ont offert à la foule une cascade de killer tracks. Richie Hawtin a quant à lui su clôturer le marathon musical avec un set chaud bouillant qui fait transpirer les murs.

Le Weather offre un line-up pointu, des collaborations inattendues, des pointures de la techno actuelle. Néanmoins, à l’heure où le festival devient aussi un lieu de vie, de rencontres professionnelles, d’échanges culturels (on pense notamment à l’European Lab, à l’ADE, au Think Tank du We Love Green, au Sonar +D..), le Weather reste en marge de ces évolutions en proposant une seule démarcation musicale dans un lieu dépersonnalisé. Si le concept même du festival se réinvente, qu’il n’est plus un simple cadre où DJs se succèdent tour à tour sans transitions, mais qu’il devient l’empreinte d’une ville, un cadre de transversalité des arts, un tremplin pour les acteurs locaux.. Le Weather n’a pas encore choisi d’emprunter cette voie.

Ce qu’on a aimé : Prendre un selfie avec une fusée, se faire servir une bière en deux minutes chrono.

Ce qu’on a pas aimé : Le concours de vomi et l’armée de hibou qui débarque après 5h du matin.

Crédits Photos : Jacob Khrist