Le festival Radio France et son Tohu Bohu se sont tenus les 21, 22 et 23 juillet dernier au Rockstore à Montpellier. Le festival était à l’origine urbain, mais les plaintes des riverains durant l’édition 2013 ont contraint les organisateurs à en changer le lieu. Pourtant, pour certains, la Place Dyonisos était la raison d’être de la manifestation…

Oui, moi aussi, quand j’ai su que le festival Tohu Bohu, vestige d’une culture électronique urbaine, s’était rapatrié au Rockstore, j’ai proclamé « Je boycotte ! » Moi aussi. Et moi non plus, je ne me voyais pas m’enfermer en plein été, qui plus est dans une salle dotée d’une sonorisation plus adaptée à des riffs qu’à des beats, en m’imaginant déjà échanger ma transpiration avec plenty of teenagers à la ramasse. Moi non plus. Mais parce qu’il y a des paramètres auxquels de simples festivaliers n’ont pas accès, qu’ils soient économiques, politiques ou artistiques, parce que, quand même, voir Tomas More suivi d’un live de Recondite gratuitement ça ne se refuse pas, et parce que, disons-le franchement, ce n’est pas la première fois qu’on ira dans un festival avec du son réglé tout bizarre, j’ai fait un détour rue de Verdun, à Montpellier.

Certes, il fait chaud, mais pas autant qu’on l’aurait imaginé. Oui, il y a plein d’ados, ce qui tranche radicalement avec le festival que l’on faisait Place Dyonisos et qui mêlait parents, enfants, anciens clubbers des années Boréalis et fraîches recrues du phénomène électronique. Mais n’ont-ils pas autant le droit de s’amuser que nous ? On crache sur la décision des organisateurs, mais il faut savoir que les festivals ont un budget auquel ils doivent se tenir. Un budget qui, rappelons-le, est aussi tributaire des subventions, et donc de la mairie. Rappelons aussi les circonstances dans lesquelles ont été retirées les autorisations pour la Place Dyonisos. La société de nettoyage Nicolin a tout simplement refusé de nettoyer la place. Les riverains s’en sont plaints, et à une année des municipales, mieux vaut brosser chatchat dans le sens du poil. Double peine, un appel à boycotte est lancé par les festivaliers, s’auto-accusant entre eux de jeunes dépravés mal éduqués (bon, ok, certains comportements sont à revoir…). Débile.

Ce que je retiendrai du Tohu Bohu cette année, c’est une programmation léchée : Recondite, Tomas More, Louisahhh!!!, Isaac Delusion, Boston Bun, Voroslav… Une place pour les promoteurs du Rockstore à l’étage : My Life is a Week End, Bonheur, Indiscreet. Des heures de sons en plus (5h contre 3 les années précédentes). Une ambiance toujours aussi conviviale où l’on retrouve anciennes têtes de fac et nouveaux collègues de boulot. Des amoureux de musique qui ont préféré festoyer au lieu de boycotter. Un live de Recondite juste exceptionnel et une Louisahhh !! aussi bonne aux platines que pour de vrai et… Un baiser volé d’une meuf complètement bourrée. Merci !

Notre maire Saurel a fait une promesse au festival Radio France, celle de trouver un nouveau lieu en plein air pour Tohu Bohu en 2015. Espérons que celle-ci soit tenue, car Montpellier, ville urbaine, ne serait plus Montpellier sans sa culture.