Gouache, sérigraphie de grands peintres sur coupes streetwear

La gouache c’est cette peinture qui nous rappelle à nos premières œuvres, celles qu’on faisait en trempant nos mains dans des couleurs primaires pour offrir un (joli) tableau à la fête des mères. Si ça évoque autre chose chez vous, c’est peut-être parce que GOUACHE est aussi une toute jeune marque de streetwear qui aurait déjà croisé votre regard.

Son fondateur Douglas Bendennoune a créé sa ligne de vêtements en s’inspirant d’artistes majeurs de l’histoire de l’art pour sa première collection. Et c’est avec la technique de la sérigraphie qu’il fabrique couche par couche les motifs colorés qui ornent ses sweats et t-shirts. Il amène ainsi sa « patte », offrant des produits toujours authentiques sur un marché qui laisse rarement la place au hasard. C’est son parti pris : réinjecter un côté créatif dans la fabrication. L’aléatoire opère et laisse apparaître un dégradé et mélange toujours différents de couleurs. Dans sa première collection à la palette de couleurs plutôt pop (orange vif, rose, vert et blanc opaque), il s’inspire des styles de maîtres tel que Picasso, Van Gogh ou Kandinsky. On a fait un petit tour d’horizon de ces inspirations en lui posant quelques questions.

Pourquoi as-tu choisi de transposer ces artistes dans la mode ? Qu’est-ce qui t’intéresse dans cette démarche ?

J’aime ces artistes, et je le fais par plaisir, pour qu’à travers ma collection les jeunes qui les connaissent voient la référence, et que d’autres les découvrent et s’y intéressent ! C’est un moyen pour aller vers cette culture. C’est moins sérieux qu’un bouquin qui serait plus hermétique pour certains. Au-delà de faire une marque de sape, Gouache est une façon d’intéresser les gens à l’art.

Gouache streetwearQu’est-ce qui te plaît le plus dans la technique de la sérigraphie ?

C’est l’artisanat, donner un côté humain à ce monde industrialisé. Dans l’industrie on reproduit des motifs dessinés la plupart du temps à l’ordi, aucun trait ne dépasse, il n’y a pas d’aplats qu’on ait décidé avant.

J’aime me demander jusqu’au dernier moment si je vais placer cet élément ici ou là. On reproduit le processus des peintres, on peut toujours revenir sur nos traits.

Ça me permet d’expérimenter en continu, aucun visuel n’est définitif.C’est une technique très ouverte, qui offre plein de possibilités.

Tu m’avais dit que dans un tableau, pour toi, plus tu te rapproches plus tu apprécies les détails. As-tu envie qu’on ressente la même chose en découvrant Gouache, qu’on prête attention à la manière dont tu as fait se rencontrer les couleurs sur le textile ?

Exactement, il y a le premier regard, général. Le visuel te plaît ou pas. Puis le deuxième regard, les détails, le mélange des couleurs.

Tu as fait des études de graphisme, c’est ça ? Comment ce parcours de graphiste influence-t-il tes créations?

Je voulais créer une marque de streetwear, une communauté. En partant de là t’es obligé d’apprendre le graphisme parce que même si tu ne réalises pas tes visuels, au final tu dois pouvoir les juger. Je suis donc monté à Paris pour étudier ça. Ça a été intéressant au delà du dessin, mais j’ai dû énormément dessiner, pratiquer tous les jours comme un musicien. C’est toujours plus motivant quand t’as un objectif à la clé !

Et donc comment ou pourquoi cette envie de faire des fringues maintenant ?

Je suis tombé dedans avec le Rap Us, j’ai fini par plus regarder leurs fringues dans les clips qu’écouter le son.

Vises-tu un public spécialement ou tu aimerais que tout le monde puisse aborder ta marque ?

Je ne vise personne en particulier, ceux qui aiment peuvent le porter ! Je pense que mon public est plutôt entre 16 et 30 ans. C’est pourquoi je cherche à offrir des produits à un prix convenablepour que, sur un coup de coeur, un jeune puisse se l’acheter.

Quel rapport entretiens-tu avec la mode ?  

J’essaie de regarder tout ce qui se fait dans la haute couture, qui est « in » et qui est « out ». T’es obligé d’être dans une veille constante, car le marché est énorme. Mais je passe plus de temps sur les réseaux sociaux à regarder les autres marques streetwear aussi.

Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment, est-ce que ça peut influencer tes envies de création ?

Je suis d’un naturel borné, j’écoute toujours du rap, ça m’aide à travailler. Je vais faire court et citer mes deux principales influences: il y a Curren$y c’est un artiste très travailleur, toujours fidèle à lui-même, et Kanye West, un patron là-dedans.

T’as des idées pour la prochaine collection ? Des collabs ?

Y a des graphistes avec qui j’aimerais travailler, comme Jean Julien, un illustrateur (connu pour avoir fait le dessin Peace for Paris repris par les médias lors des attentats du 13 Novembre 2015), il a un style sans fioriture et très clair, j’y vois d’ailleurs une inspiration de Raymond Savignac (ndlr: un affichiste français qui a fait notamment des pubs pour Perrier, Air France).

Je viens de lancer la deuxième collection, artLESS 2.0. Comme pour la musique, dans un album il y a une idée conductrice, on va en aimer au moins les trois quarts. Dans ma collection c’est la même chose. Je recherche une cohésion dans le style. J’aimais bien le concept de l’album de Kanye West « The Life of Pablo », cette idée de base sur le fait de changer, d’évoluer continuellement. J’aime cette démarche, à ne pas avoir de regrets pour apporter un truc nouveau. Dans la collection 2.0 j’ai enlevé des choses qui ne me plaisaient plus, et j’en ai amélioré d’autres. J’ai retravaillé le logo, et joué avec les codes du streetwear, et créé des pièces qui font directement référence à leur usage, comme par exemple le « Bleu de travail ».

Comme je disais tout à l’heure, l’artisanat permet aussi une grande flexibilité, j’ai par exemple pu m’amuser en proposant une collection pour Halloween que j’ai faite avec un ami. Dans un système industrialisé j’aurai dû prévoir cette collection depuis longtemps, commander pas mal de pièces… Des freins à la création. Alors que là, je peux produire en continu.

Gouache streetwear

Les sapes Gouaches sont disponibles dans les magasins suivants : Starcow à Paris, Impact à Nice, Soulbarex à Rennes, Concept à Montpellier, ainsi qu’en ligne de Gouache.eu.