Ils font parler d’eux depuis quelques années déjà. Ils s’étaient notamment fait remarquer l’année dernière par un live très ambitieux sur Sequences, qui avait précédé une tournée réussie. Avec seulement quelques maigres EP (« Giant Mirrors » en 2012 et « Latomia » en 2014), on attendait avec impatience la première galette du duo Syracuse. L’attente est désormais terminée puisque le groupe vient de dévoiler « Liquid Silver Dream » sur soundcloud, à paraître dans le courant du mois chez Antinote. On y a glissé une oreille attentive.

Le son de Syracuse, c’est une mixture de boites à rythme légères et de synthétiseurs acidulés sur de la pop vivante aux paroles énigmatiques. Les compositions n’hésitent pas à changer de tempo, à s’envoler ou alterner des harmonies mineures/majeures dans le même morceau. L’ensemble se déguste comme des fraises tagada sur une plage des Seychelles, et je peux vous assurer que depuis mon Angleterre pluvieuse et brumeuse cela me convient tout à fait.

Les deux titres les plus réussis sont « Vapeurs d’équateurs » et « Liquid Silver Dream », car ils se permettent de prendre le temps d’offrir des variations intéressantes. C’est dans ce genre de morceaux que l’on retrouve la créativité de Syracuse, qui caractérise notamment leurs lives sans coupure.

Pour le reste, l’aspect boîte à rythme casse de façon trop prononcée l’aspect balnéaire ou chill de certains morceaux. Ainsi « Loyventura » de 2014 est plus chaleureux et moins statique que son successeur « Love ».

Si la composition et les textures sont recherchées, le mixage et mastering semblent un peu étouffés et ne mettent pas totalement en valeur la richesse de leur musique. Pour preuve leur premier single de 2012 « Giant Mirrors », bien que maladroit (et un peu lo-fi), sonne plus vivant. Le tout reste un peu trop propre et aseptisé.

C’est peut-être pour cela que les productions studios du duo sont rares, avec sûrement une difficulté à rendre compte de la puissance et dynamique sonore de leurs lives (vu aux Nuits Sonores 2015). Cet album n’est certainement pas leur dernier, et la maturité a tout le temps de venir s’infiltrer dans une mécanique déjà parfaitement huilée sur scène.