Un peu en manque de nouveautés qui nous touchent droit au coeur, on tombe par hasard sur le dernier album de Special Request, aka Paul Woolford. Après son très acclamé album aux sonorités UK Bass Vortex sur Houndstooth, il y retourne mais en changeant de registre. Offworld est le produit brut d’une étoile en décomposition, une perle électronique cosmique aux mélodies éthérées.
Dès le premier morceau, on accroche, littéralement. On s’accroche à notre enceinte, essayant de comprendre d’où vient cette musique un peu folle qui mélange un sample du tube house Set it out de Purple Disco Machine et Boris Dlugosch avec une ligne de synthé hypnotisante, dessinée sur un arpège déstructuré. On reste scotché, on ne sait pas trop quoi penser de ce morceau, mais il nous a déjà aspiré dans l’album.
On continue l’écoute, et c’est une succession de bonne surprises. La séduction est totale quand sur Offworld Memory 3, la mélodie évoque l’image d’une femme aux allures de sirène, qui navigue dans un monde parallèle, scintillant et inaccessible. Le titre retrace cette impossible rencontre, évoquant à la fois la beauté et la tristesse d’un fantasme frustré.
Dans sa globalité, l’album est complètement lunaire, spatiale, et en appelle aux productions gargantuesques du Détroit des années 90. Cependant, l’heure n’est plus à la conquête de l’espace ni aux rêves de vie extraterrestre. Special Request frêne la fuite en avant en avançant l’idée d’une époque où le futur est synonyme de destruction.
Les années 2020 seront peut-être celles de l’effondrement. Mais peut-être aussi, celles qui imagineront un autre monde, un autre langage, loin de cette Terre en voie de disparition. Passées les onze premières minutes de suspens en flottaison du dernier titre Floatation, un espoir se dessine : la lumière est toujours là, l’astre du système solaire continue de brûler, et d’apporter images, sons et plaisir.