Après avoir conquis la scène neo-psyché grâce à un superbe single avec les Black Angels et un album du même tonneau chez Fuzz Club Records, Sonic Jesus renaît dans un nouvel écrin avec l’album Grace.

Le prédécesseur, Neither Virtue Nor Anger, avait transformé l’essai grâce à un subtil mélange de sons drones et de riffs lancinants psychédéliques, saupoudrés d’un chant typiquement shoegaze. Les paroles enterrées sous les instruments étaient à peine distinguables. Un album inoubliable, même parmi le superbe catalogue de Fuzz Club qui recèle entre autres GOAT, The Underground Youth ou autres Orange Revival.

Avec un tel héritage, la nouvelle sortie du groupe italien ne manque pas de dérouter lors de la première écoute. Grace est en effet un virage définitivement pop dans la jeune discographie de Sonic Jesus. Pourtant, rien n’est racoleur sur cet album qui se tourne vers une pop des plus racées, non sans rappeler Interpol – notamment dans l’exploitation de la voix de Tiziano Veronese. Les envolées psychédéliques sont restreintes, pour laisser place à des morceaux plus condensés autour de formules new wave. Une recette poussée à son paroxysme sur les titres Funeral Party et Fading Lights.

L’album s’ouvre avec une ballade new wave ou les arpèges de guitares se drapent de reverb, sans plus jamais s’y perdre. La voix du chanteur est ici enfin révélée en premier plan dans le mix, nous laissant tout le loisir de nous pencher sur des textes mélancoliques et sincères.

Comme, il nous l’avait montré sur le premier album Neither Virtue Nor Anger dont la durée dépassait l’heure et demi, le groupe sait toujours tenir la longueur. Les changements de rythme au sein de Outdoor ou Modern Model, soutenus par des lignes diaboliques, soulignent l’aisance avec laquelle Sonic Jesus arrive à trousser des refrains naturellement efficaces.

Avec ce nouvel album, Tiziano Veronese nous propose un changement radical d’azimuth, dans une direction pop qui réussit à ne pas tomber dans la facilité. Dans sa globalité, Grace dévoile un groupe sûr de ses forces qui n’hésite plus à présenter une sensibilité et un doux-amer bien personnel.