Prenez les genres musicaux tels que vous les connaissez. Que viennent à votre esprit techno, pop, electronica ou encore ambient, le duo norvégien Smerz a pris le meilleur de chacun d’entre eux pour les assembler en une mosaïque bien personnelle, dépeinte dans leur premier EP, Okey.

L’EP commence sur une mélodie minimaliste, apparaissant presque incomplète tant peu de sons la compose. Les voix des deux chanteuses se croisent sans jamais se faire écho, et c’est ce qui fait toute la froide beauté de ce premier morceau. Le suivant, Blessed, étonne : sa rythmique emprunte cette fois à une techno rapide mais déconstruite, alors que le chant, lorsque les lourdes basses font apparition, est emprunt d’influences hip-hop et R&B.

Le temps s’arrête lorsque démarre le troisième titre de l’EP, Because. Phrases laissées en suspens, répétées et répétitives, soutenues par un groove que l’on n’attendait pas jusque-là… Le titre fait sourire sans raison, et devient rapidement celui que l’on passe en boucle dans nos oreilles, sans jamais s’en lasser pour autant.

Et comme les deux jeunes femmes qui composent ce duo comptent bien nous faire comprendre qu’elles ont plus d’un tour dans leur sac, c’est une virée expérimentale qui s’opère ensuite avec You See?. Définitivement à écouter avec un casque, elles jouent avec toutes les possibilités offertes par le son stéréo, redessinant l’espace alentour d’une aisance sans pareille. Une vidéo a été tournée afin d’illustrer l’univers sonore de ce titre atypique, et son atmosphère quelque peu déconcertante laisse la porte grande ouverte à l’interprétation – les deux musiciennes ayant précisé qu’il s’agit là d’explorer les dits et non-dits des sentiments que l’on peut ressentir.

Le voyage se poursuit sur des terres plus calmes par la suite. Le (trop) court Girl évolue sous des influences dignes de Grimes ou de FKA Twigs ; Craig revient sur une techno soft, mid-tempo, dont l’arrière-plan mélodique se fait presque ambient, et Sure est une ballade minimaliste d’une beauté déconcertante.

Les deux jeunes femmes, si discrètes semblent-elles être, tracent lentement les contours d’une carrière qui promet d’être longue. D’ores et déjà présentes sur plusieurs festivals, dont l’Avant-Garde de l’édition parisienne du Pitchfork l’année dernière, leur popularité grandit, et l’on s’attend à rapidement entendre parler d’elles à nouveau.

Crédits Photos : Lin Agnholt